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[interview] Tsutomu HIRAO grand maître de la peinture Rimpa Kawaii

[interview] Tsutomu HIRAO grand maître de la peinture Rimpa Kawaii

11 September 2016 | PAR Sandra Bernard

A l’occasion de la Japan Expo 2016, la ville de Kyoto, très active sur le Salon depuis plusieurs années, a fait venir Tsutomu Hirao, maître de la peinture sur soie selon la technique du Ringa, qui a su renouveler son art en y incorporant des éléments de la pop culture, dont des personnages d’animés ou encore la Diva virtuelle Hatsune Miku. Pour l’occasion, monsieur Hirao a fait de nombreuses démonstrations de peinture sur soie pour le public de la Japan Expo. Malgré un emploi du temps chargé, il a pris le temps de répondre à nos question et nous l’en remercions.  

Toute La Culture (TLC) : Bonjour, pouvez-vous vous présenter en quelques mots pour nos lecteurs ?

Tsutomu HIRAO (TH) : Je m’appelle Tsutomu HIRAO, né en octobre 1951. Je suis peintre de TOYOWADO, l’atelier de Kimono à Kyoto.

TLC : Comment devient on peintre de kimono ?

TH : J’ai décidé de devenir peintre grâce à l’œuvre “Fujin Raijin” (Les dieux du tonnerre et du vent) de Sotatsu TAWARAYA qui m’a causé un choc énorme quand j’étais petit. Et je suis parti à Kyoto pour apprendre la peinture japonaise chez un peintre quand j’avais 14 ans.

TLC : Y a-t- il des codes particuliers à respecter ?

TH : Il n’y a pas de codes, pourtant il y a “Kinjiki”, les couleurs qui ne sont autorisées qu’à la famille royale du Japon. Parmi ces couleurs “Kinjiki”, quelques couleurs sont autorisées à être utilisées pour tout le monde, mais il y a encore des couleurs interdites.

TLC : Les peintures et couleurs des kimonos varient en fonction des saisons, comment parvenez vous à vous renouveler dans vos motifs ?

TH : Il y a les couleurs et les motifs pour chaque saison. Donc en les utilisant, j’exprime la saison. Il y a les motifs et les couleurs qui s’adaptent à n’importe quelle saison aussi. En revanche il y a quelques motifs qui ne s’adaptent qu’à une période très limitée.

TLC : Les différents modes de tissage ont ils une incidence sur les motifs que vous créez ?

TH : Oui bien sur. Pour le brocart de meilleure qualité, en soie, les motifs spéciaux s’appliquent.

TLC : Le kimono ainsi que les vêtements traditionnels ont connu une période de désintérêt de la part des jeunes générations de japonais. Mouvement qui commence à s’inverser pour revenir à la mode. Quel regard portez vous sur ce phénomène ?

TH : C’est très bien. Il est très important que nous les Japonais nous intéressions à notre propre culture.

TLC : Les kimono et les yukata sont très présents dans la pop culture japonaise, en particulier dans les animes et mangas, mais ils sont portés de manière parfois peu orthodoxe, qu’est ce que cela vous inspire?

TH : Je trouve que le design est un peu à la chinoise ou à la coréenne, pourtant ces dessinateurs ont fait une bonne recherche car il y a des arrangements à la base de costumes à l’ancienne. Bravo!

TLC : Qu’est ce qui est le plus important dans la réalisation d’un motif de kimono et de son emplacement ?

TH : C’est de mettre le motif le plus important en bonne place pour que la personne qui porte ce kimono soit la plus belle (ou le plus beau).

TLC : Comment concevoir un motif sachant qu’il sera alternativement porté ou exposé ?

TH : Je fais un design en ayant les images stéréoscopiques en imaginant comment cela donne en kimono. En fait, le placement de motif peut se régler lors de la couture d’un kimono, donc le motif important se placera au bon endroit.

TLC : Comment vous est venue l’idée de mélanger motifs traditionnels et manga?

TH : Il y a des jeunes et aussi des adultes qui s’intéressent à la peinture japonaise mais ils pensent aussi qu’elle est peu accessible. Si le mélange de la peinture traditionnelle et le manga-anime devient pour eux un premier pas vers la peinture japonaise, cela me fait un grand plaisir.

TLC : Quelles ont été les premières réactions face à vos nouvelles propositions concernant ce mélange ?

TH : J’ai eu des réactions comme : la peinture de fond est à la façon Rimpa qui existe depuis 400 ans, mais le résultat de ce mélange est admirable. / Quand on voit les œuvres en vrai, elles ne sont pas du tout différentes de ce que l’on voit en photo ; et aussi, beaucoup de gens ont adoré voir la peinture à la main, en vrai.

TLC : Comment, selon vous, expliquer que le japon, souvent perçu comme un pays conservateur d’un point de vue de ses traditions, soit parvenu à mixer pop culture et traditions ? 

TH : Nous les Japonais aimons beaucoup créer de nouvelles choses en mélangeant notre culture et la culture étrangère en y ajoutant notre propre interprétation. Je pense que vous le voyez souvent dans la culture pop.

TLC : Vous êtes un artiste reconnu et exposé dans des lieux prestigieux, quelle est la prochaine étape ?

TH : Nos œuvres seront exposées à “Kai Forum 2016 in Tottori” le 11 septembre, et aussi à “Takarazuka Anime Festa 2016” du 26 octobre au 3 novembre.

TLC : Quel regard portez vous sur la France ?

TH : La France est un beau pays. J’ai l’impression que vous, les Français, gardez les choses historiques et aussi que vous adoptez la nouvelle culture. C’est formidable. Je trouve que vous avez du bon goût en regardant les gens et la ville de Paris. Si les peintres japonais de l’époque d’Edo (NB : de 1603 à 1868) faisaient un “time slip”; à ce siècle, il viendraient en France pour apprendre la peinture, j’en suis sur. Je suis vraiment ravi d’avoir visité ce beau pays. Et aussi j’espère que notre pays, le Japon, vous intéresse. Si ce que vous avez vu à Japan Expo vous plaît, venez au Japon pour voir ce qui s’y passe.

Visuels : “Atom et le mont Fuji” : ©TEZUKA PRODUCTIONS, “Fûjin et Raijin” Wikipedia

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Sandra Bernard
A étudié à l'Université Paris Ouest Nanterre la Défense l'Histoire et l'Histoire de l'Art. Après deux licences dans ces deux disciplines et un master recherche d'histoire médiévale spécialité histoire de l'Art dont le sujet s'intitulait "La représentation du costume dans la peinture française ayant pour sujet le haut Moyen Âge" Sandra a intégré un master professionnel d'histoire de l'Art : Médiation culturelle, Patrimoine et Numérique et terminé un mémoire sur "Les politiques culturelles communales actuelles en Île-de-France pour la mise en valeur du patrimoine bâti historique : le cas des communes de Sucy-en-Brie et de Saint-Denis". Ses centres d'intérêts sont multiples : culture asiatique (sous presque toutes ses formes), Histoire, Histoire de l'Art, l'art en général, les nouveaux médias, l'art des jardins et aussi la mode et la beauté. Contact : sandra[at]toutelaculture.com

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