Arts

Georges Rouault à Beaubourg

26 June 2008 | PAR Yaël Hirsch

Sous titrée « L’effervescence des débuts », l’exposition consacrée à Georges Rouault à Beaubourg rend hommage aux premières années du siècle où le colocataire d’Albert Marquet gravitait à l’orée du groupe « fauve » et peignait « les filles » de Paris.

Une vingtaine d’œuvres de jeunesse (1905-1914) de Georges Rouault sont exposées au 5e étage du centre Pompidou, cet été. La plupart viennent des collections du musée ou du Musée d’art moderne de Lille.

Classés par thème les tableaux sont bien souvent des esquisses à la gouache sur papier marouflées sur toile. On y voit de manière intéressante le passage d’un style qui oscille entre Marquet et Lautrec vers les traits simplifiés et pâteux qui caractérisent le Rouault que l’on connaît. Le moment charnière semble se situer autour de 1907. Proche des ses amis « fauves », Albert Marquet et Henri Matisse, Georges Rouault ne s’est jamais considéré comme l’un d’entre eux. Au salon d’automne de 1905, les pièces de Rouault n’étaient d’ailleurs pas dans la fameuse « cage aux fauves » dont a parlé le critique Louis de Vauxcelles, mais plutôt parmi les toiles des élèves de Gustave Moreau. Des fauves, il a cependant appris un certain usage de la couleur, même si lui utilise très tôt les verts, les bleus et les noirs mystiques qui font la particularité de son œuvre. De Moreau, il a gardé et transformé le goût pour la foi et le sacré, thème qu’on ne trouve pas dans ces œuvres de jeunesse.

Parmi les portrait des « filles », on note une charnelle « Fille au miroir » (1906) dont la position et l’érotisme font penser à Lautrec. Mais le regard triste renvoie vers un monde plus sombre, proche de l’expressionnisme. Parmi les clowns, si chers à Rouault, l’ « Acrobate » de 1913 est aussi nu et triste que la « Fille au miroir ». Enfin, les esquisse faites à Versailles permettent de voir combien certains peintres du XVIII e siècle comme Watteau ont pu marquer le style de Rouault.

Notez que Rouault est très tendance en ce cinquantième anniversaire de sa mort. La pinacothèque de Paris nous prépare une très belle exposition pour la rentrée. Et qu’en ce moment même, la galerie Schmit (396, rue Saint-Honoré, Paris 1er, M° Franklin Roosevelt) expose 70 oeuvres de Rouault dont 10 sont à vendre.

5e étage, jusqu’au 15 octobre, Centre Pompidou, 4 e étage, place Georges Pompidou, Paris 4 è, tljs sauf mardi 11h-22h, 10 euros l’entrée et 44 euros le laisser passer pour un an (ou 22 euros le pass étudiants/-26).

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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