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La jeune garde du YIA Art Fair #4 ne parvient pas à sortir du rang

La jeune garde du YIA Art Fair #4 ne parvient pas à sortir du rang

24 October 2014 | PAR Hugo Saadi

Le YIA Art Fair était la dernière foire à ouvrir ses portes après (OFF)ICIELLE, Slick, la FIAC ou encore Art Élysées. Pour la 4ème édition, ce Off a délaissé les galeries des 3ème et 4ème arrondissements de Paris pour se retrouver sous les arcades métalliques du Carreau du Temple. La magie de la promenade artistique et des grandes installations possibles dans les galeries et lofts parisiens de la précédente édition a disparu au profit d’une concentration plus sérieuse perdant de fait la petite touche folle qui séduisait au Young International Artists.

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IMG_7052Il est toujours délicat d’effectuer un classement quand celui-ci fait écho à l’art contemporain, mais si l’on devait retenir trois artistes parmi les 100 présentés dans les 65 galeries différentes, l’espagnol Andrés Galeano, l’allemand Simon Schubert et le français Ghyslain Bertholon formeraient le trio gagnant. Galeano travaille la photo avec passion en déstructurant celle-ci grâce à des découpages / montages bluffant qui donnent vie à une seconde photo, une seconde histoire. L’assemblage de 33 ciels différents (le violet voilé du matin, le bleu éclatant du midi, l’orange chatoyant du soir) mélangeant les compositions des nuages permet d’obtenir après une mise bout à bout, un nuancier pantone surprenant (photo ci-contre). La nature est également son terrain de jeu lorsqu’il offre une boucle arc-en-ciel (pas de trésor possible au pied de celui-ci …) constituée à partir de multiples photographies toutes dotées de cette réaction épatante du soleil et de la pluie (photo 2 de la galerie ci-dessus).

IMG_7057Trêve de poésie, Galeano manie tout aussi bien le corps humain (trois parties d’un bras sont soudées ensemble – photo 3), s’amuse avec lui (un feu d’artifice vient exploser au visage d’un jeune homme – photo ci-contre) et bricole des situations plutôt plaisantes avec tout et n’importe quoi (deux jeunes amoureux sont pour moitié composés d’un parterre de fleurs tandis que les pyramides d’Égypte forment désormais des losanges flottants – photos 1 et 4 -). De très belles constructions photographiques où l’œil part à la recherche de chaque élément de réponse afin de découvrir le nouveau contenu présenté.

IMG_7059Pour contempler le travail de Simon Schubert, il est nécessaire de pénétrer dans une salle aux murs noircis par une sorte de fusain tel de la cendre. Schubert s’attarde au feu et aux habitations qui brûlent (photo ci-contre et 5). Ici, pas de rouge et d’orange, le noir domine le blanc qui ressort alors avec une puissance éclatante. Dans cet endroit confiné, les flammes consommant les habitations s’imposent et captent l’attention d’un visiteur malmené par la beauté de ces représentations brutes. En sortant de la pièce, c’est la flamme d’une bougie perdue dans un grand tableau qu’il ne faudra pas oublier de contempler.

IMG_7040Enfin, Ghyslain Bertholon s’en prend à l’art animalier. Terminés les traditionnels trophées de chasse où les bustes de biches, sangliers et autres animaux sont fièrement étalés. Le français se positionne littéralement à contre-courant en affichant le cul des animaux (photo 6). Il est donc très plaisant (ou pas, tout dépend de l’angle d’approche) de se retrouver nez à nez ou plutôt nez à cul, avec un écureuil ou un renard … Pas très loin, une photo présente une jeune fille arborant une biche autour de son cou tandis qu’un écureuil tente une percée d’un coffre-fort (photo 7 et ci-contre). Les clés de réponse nous échappant, on vous laisse vous faire votre propre histoire.

IMG_7047Dans les autres galeries du Carreau du Temple on pourra également mentionner les étranges fabrications de Tilt. Des toilettes à moitié graphées à la reconstitution des drapeaux américains et chinois à l’aide de billets nationaux également tagués (on pensera notamment au travail de Gianni Colosimo concernant le détournement d’argent), il s’en donne à cœur joie pour détourner des objets de quotidien et fournir des installations sortant de l’ordinaire (photos 7 et 8). Il en va de même pour le britannique Luke Newton qui reprend le symbole du cœur et du hashtag. Pour le premier, un chevalier servant est prêt à vous l’offrir (photo 9) alors que le # s’imprègne de la robe Mondrian d’Yves Saint Laurent (photo ci-contre).

Déjà présents l’année passée, Léa le Bricomte n’innove pas avec les mêmes obus sur roulettes tandis que None Futbol Club (qui avait fait sensation avec leur cage à oiseau et leurs tableaux où la fiente venait remplacer la peinture) se diversifie dans de la photo et les lampadaires … En somme c’est une 4ème édition avec du classique, un peu de renouveau, quelques bonnes surprises, mais tout de même beaucoup de déjà-vu et d’incompréhension artistique.

Toutes les infos pratiques sur le site officiel.

 Visuels © Hugo Saadi

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