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We dream under the same sky, rencontre avec Marine Van Schoonbeek, co-fondatrice de l’événement

We dream under the same sky, rencontre avec Marine Van Schoonbeek, co-fondatrice de l’événement

15 September 2017 | PAR La Rédaction

We dream under the same sky ou Nous rêvons sous le même ciel, est un bien joli nom pour une idée qui ne l’est pas moins : créer un événement artistique en deux temps au profit des réfugiés. A l’origine du projet, Julie Boukobza, Chantal Crousel, Niklas Svennung et le fonds de dotations Thanks for Nothing s’associent à différents acteurs du monde de l’art et du milieu associatif pour organiser une semaine de programmation culturelle et citoyenne au Palais de Tokyo (16 – 21 septembre) composée d’une exposition et d’une série de conférences. Pour clôturer le tout en beauté la galerie Azzedine Alaïa accueillera le 27 septembre une vente aux enchères des œuvres exposées dont les bénéfices seront entièrement reversés aux associations soutenues.

Afin d’en savoir plus sur la première manifestation artistique et collective de cette ampleur sur la question des réfugiés, Toute la culture a rencontré Marine Van Schoonbeek, directrice de la galerie Chantal Crousel qui nous a dévoilé les coulisses de l’événement.

Vous êtes présidente de Thanks for Nothing et co-fondatrice de We dream under the same sky, pouvez-vous nous expliquer quel en a été le déclencheur ?

Depuis un moment Blanche de Lestrange – directrice de la programmation de la Fiac – et moi souhaitions trouver un moyen de connecter l’art et son réseau à des causes caritatives, politiquement engagées. Nous voulions lier notre domaine d’action à des sujets sociaux comme celui des réfugiés qui nous heurte au quotidien dans les rues de Paris et dans les médias. A notre sens les efforts consentis par les pouvoirs publics sont loin d’être suffisants, lorsque l’on sait notamment que la politique du gouvernement en matière d’intégration des réfugiés est largement inférieure à celle de l’Allemagne qui a accueilli quasiment un million de personnes l’année dernière contre trente mille personnes en France. Face à cette crise Européenne que l’on ne peut ignorer, nous nous sommes demandées : Que peut-on faire en tant qu’individu ? Quelle est notre responsabilité citoyenne et quel peut être notre positionnement collectif dans le monde de l’art ? Puis nous avons tenté d’apporter une réponse à notre échelle.

Par la suite comment le projet a-t’il vu le jour concrètement ?

Toutes deux spécialistes du mécénat nous avons misé sur la capacité de l’art à mobiliser des fonds. Nous savions que qu’il fallait pour cela un véhicule administratif, fiscal et juridique, aussi nous avons créé le fonds de dotations Thanks for Nothing qui porterait notre premier projet We dream under the same sky. C’est à ce moment là que notre amie Charlotte Von Stotzingen – co-fondatrice de Learning Lions gUG et Lions GmbH – a rejoint l’aventure. Avec Julie Boukobza, Chantal Crousel et Niklas Svennung nous avons convenu qu’une vente aux enchères serait la solution qui nous permettrait de mobiliser des artistes pour soutenir des associations. Nous avons contacté François Pinault qui a répondu avec enthousiasme et a accepté de l’organiser avec la maison de ventes Christies. Il restait encore à attirer l’attention du grand public en transformant l’accrochage de la maison de ventes en exposition accessible à tous qui apporterait également de la visibilité aux associations soutenues. Jean de Loisy – directeur du Palais de Tokyo – s’est montré favorable à cette idée en proposant de libérer un espace de 1200 mètres carrés au sein de son établissement qui accueillera gratuitement les visiteurs.

On constate en effet que beaucoup de personnalités ont répondu à l’appel, que ce soit parmi les artistes exposés ou parmi le comité de soutien, comment s’est opérée la sélection ? Selon quels critères ?

Pour commencer nous avons établi une liste d’artistes qui soit cohérente – afin qu’un certaine harmonie se dégage des 25 oeuvres choisies – et internationale, puisque dans ce contexte un ensemble exclusivement français n’aurait pas eu de sens. Des artistes de tous les pays ont été pré-sélectionnés pour la pertinence de leur travail et pour leur implication. Nous avons discuté avec ceux dont nous savions qu’ils s’étaient déjà individuellement engagés sur la question des réfugiés, Adel Abdessemed, Annette Messager, Gabriel Orozco ou encore Cindy Sherman se sont portés volontaires. Certains ont donné une oeuvre déjà produite, d’autres en ont réalisé une nouvelle tel Rirkrit Tiravanija qui a créé spécifiquement pour la vente l’oeuvre éponyme We dream under the same sky. Elle complète la série intitulée Do we dream under the same sky ? en y apportant une possible réponse qui nous a semblé être le message le plus poétique et intelligent pour nommer notre projet. Dans le même temps nous nous sommes entourées de spécialistes de la question des réfugiés en France qui nous ont conseillé de travailler avec cinq associations : Migreurop, l’Anafé, la Cimade, le Centre Primo Levi et Thot. Chacune d’entre elles s’occupant d’une étape du parcours des réfugiés de leur arrivé à la frontière à leur réintégration dans la société.
Nous avons été les premières surprises de l’ampleur de la mobilisation qui a suivi. Nous sommes ravies et honorées que le comité d’honneur réunisse Ariane Mnouchkine, Edgar Morin et tant d’autres. Nous pensons qu’il y a avait une forme d’attente qu’un tel projet voit le jour. Individuellement les gens ne savent pas forcément comment agir tandis que collectivement la force de frappe est beaucoup plus conséquente.

Quels sont vos objectifs avec Thanks for Nothing, comment imaginez-vous l’avenir ?

Le fonds de dotations a pour vocation de porter des projets dans la durée et tout au long de l’année. Nous aimerions notamment soutenir un programme de performances ou une résidence d’artistes dans les camps de réfugiés. D’autres thématiques nous interpellent également comme celles de l’environnement, de la souffrance animale, du réchauffement climatique… Ce sont des questions que nous envisageons d’aborder avec des projets futurs. Le Social Objet est l’un d’entre eux : l’idée étant de s’associer chaque année avec un artiste ayant développé un objet en édition illimitée accessible financièrement par le grand public pour contribuer à sa diffusion et faire en sorte qu’un euros récolté soit reversé à une association sur le terrain. Enfin, pourquoi ne pas imaginer une deuxième édition pour We dream under the same sky ? Si nous ne savons pas encore sous quelle forme ni où, nous réfléchissons à différentes options et plusieurs collectionneurs et fondations nous ont déjà offert leur soutien.

Pour finir que diriez-vous à nos lecteurs pour leur donner envie de venir au Palais de Tokyo dès samedi ?

Nous définissons We dream under the same sky comme un événement généreux au sein duquel chacun peut trouver sa place, qui vise à mettre en valeur les associations afin que leurs actions soient visibles et soutenues. Au delà de voir une exposition et de rencontrer les bénévoles qui seront présents, il sera possible d’assister tous les soirs à une conférence sur la situation des réfugiés en France. We dream under the same sky est un bon moyen de comprendre la réalité des associations accompagnant ces personnes qui ont abandonné à peu près tout de leur vie précédente et qui doivent se reconstruire dans une société qu’elles ne connaissent pas. Ces questions très dures peuvent être abordées avec poésie puisque l’art a cette capacité à parler des aspects sociaux et politiques de façon symbolique. Enfin, il ne s’agira pas d’une vente aux enchères classique, à la hauteur de ses moyens, tout un chacun est le bienvenu.

Propos recueillis par Claire Priou

http://thanksfornothing.fr/
http://wedreamunderthesamesky.com/

Visuels :

Rirkrit Tiravanija, untitled 2017 (we dream under the same sky, new york times, january 26, 2017), 2017

Ugo Rondinone, Ersterseptemberzweitausendundelf, 2011

Adel Abdessemed, Chicos, 2015 – © photo : Marc Domage

Mona Hatoum, Afghan (red and orange), 2008 – © photo : Florian Kleinefenn

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La Rédaction

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