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“Un art pauvre” : le Centre Pompidou s’allie au Festival Manifeste pour réenchanter la simplicité en art

“Un art pauvre” : le Centre Pompidou s’allie au Festival Manifeste pour réenchanter la simplicité en art

08 June 2016 | PAR Yaël Hirsch

Alors que l’édition 2016 du festival Manifeste (2 juin -2 juillet 2016) entend réenchanter la création musicale et chorégraphique en creusant le concept de pauvreté, le Centre Pompidou s’allie à l’Ircam et expose ses plus belles pièces d‘arte povera. Une exposition paradoxalement très riche, sur deux étages et trois salles où l’art plastique le dispute à l’architecture et au design et où l’on découvre une certaine idée minimaliste de la transcendance.

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Tout commence par une grande fresque de Penone à la galerie 4 (entresol à gauche) du Centre Pompidou et continue dans deux salles des collections du 5e étage. Si l’exposition Un art pauvre semble avoir été montée rapidement là où il y avait encore de la place pour exposer depuis les fonds puissants des collections permanentes du musée, le travail du commissaire, Frédéric Paul, n’en est pas moins original et plein de résonances avec les sons et les chorégraphies créatifs mis en avant par le festival Manifeste.

Né dans les années 1960 en Italie, l’arte povera proteste contre le matérialisme pop et expressionniste d’un monde occidental qui regarde vers le pôle américain, sans cependant trop regarder vers les lueurs de l’est, tant le besoin de magie et de transcendance se fait sentir. La matière pauvre dans les cicatrices de Fontana, les bois de Penone, les éclairages de Merz, les mousses de Kounellis ou  les miroirs de Pistoletto n’est pas un matérialisme, loin de là. En exposant les 16 noms du manifeste de Boetti et des œuvres moins connues mais néanmoins époustouflantes de l’arte povera (Piero Gilardi, Giulio Peolini, Pino Pascali, Mario Ceroli), la première parte de Un art pauvre fait un magnifique travail de rétrospective et montre le principal – le monumental et le conceptuel mêlés- en deux salles à peine. Une petite troisième salle vidéo permet de faire le lien avec aujourd’hui et le travail de création de Manifeste, notamment à travers trois films “pauvres” qui mêlent mouvement et paysages italiens pour une demande de réenchantement du monde à travers le corps et la matière : on y retrouve le travail de Raphaël Zarka (2005), de Petra Noordkamp (2015) et aussi de Thierry de Mey (2007) qui ouvrait le festival Manifeste avec le magnifique Simplexity (voir notre article).

Au 5e étage du musée, l’on quitte à la fois le musée de l’arte povera et les enjeux d’aujourd’hui pour basculer dans l’univers de l’architecture et du design et revenir sur les expérimentations de l’école de “Global Tools” dans les années 1970, tentatives d’autant plus plus “riches” qu’elle étaient volontairement “pauvres” : la spirituelle série de Design Metaphors pyrénéennes  de Ettore Sottsass aussi bien que les projets architecturaux néo-métaphysiques de néanmoins géométriquement simples de Michele De Lucchi sont autant de tentatives un peu magiques de donner du sens à l’espace. Quant aux surréalistes vêtements-chaises de Gianni Pettena, ils tentent d’habiller de bois pauvres, malandrins et gens du communs.  Les deux parties très distinctes de l’exposition forment un tout cohérent et passionnant où “less is more” à condition que la matière se purifie pour mener à une transcendance. A voir.

visuels: affiche : Piero Gilardi, Totem domestico, 1965, structure en bois, polystrène, mousse de polyréthane, 200 x 200 x 300 cm © Centre Pompidou / Dist. RMN-GP © Piero Gilardi
autres : YH

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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