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Roy Lichtenstein au Centre Pompidou : du common art au pop art

Roy Lichtenstein au Centre Pompidou : du common art au pop art

02 July 2013 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Le Centre Pompidou consacre dès demain une rétrospective à la figure majeure du Pop Art, Roy Lichtenstein. Une exposition au parcours pertinent qui nous invite à entrer dans l’œuvre d’un artiste célèbre et mal-connu : Roy Lichtenstein

Il faudra oublier ce que vous pensez savoir de lui. On en connait les “girls” pixelisées pleurant à chaudes larmes le départ de l’être aimé. On découvre vite que cet aspect-là représente une infime partie de son œuvre.

Au commencement, il y a Look Mickey, un tableau, huile sur canevas de 1961, le premier du genre. Cela nous semble évident, à cette époque-là, ce choix est révolutionnaire. Pour la première fois, un objet du quotidien, une star de  comic’s devient objet d’art.

Roy Lichtenstein  vient de créer “l’expressionnisme abstrait”. Lui est un peintre cultivé, amoureux de Matisse et de Picasso. Le new-yorkais né à Manhattan en 1923 va grandir au milieu des tours reproduisant l’art nouveau et des publicités grand format, il va être mobilisé en Europe pendant la Guerre. C’est cette fusion de toutes ces influences qu’il va traduire en sculptant, gravant et peignant.

La peinture se porte sur des sujets tirés de magazine, comme une publicité pour un cahier d’écolier, Composition I ou un pneu. Ici l’objet est lavé de son aspect commercial pour devenir art faussement simple. C’est cela le trouble Lichtenstein : une sensation enfantine qui se complexifie. On le découvre créateur de vaisselle en 1965 et sculpteur toute sa vie. Il s’intéresse à la bande-dessinée et aux techniques industrielles, c’est ainsi que les explosions figurées par des étoiles sont en porcelaine ou que la fumée d’une tasse de café est en émail (Cup and saucer II, 1977). La force du pop, c’est l’impact visuel. Il s’agit d’adopter les techniques de masse pour en faire de l’art.  C’est en cela qu’il est précurseur du Pop-art, se nommant à l’origine Common-art car les matériaux ne sont pas ceux des peintres conventionnels. Il utilise des points qui à l’ œil nu font apparaître la couleur, cette convention graphique empruntée aux imprimeurs est moins chère.

L’exposition joue la carte d’une parodie de musée, encastrant les sculptures dans des fenêtres sans vitre, souvent visibles d’un autre point de vue. Elles semblent accessibles. Cette idée de scénographie de musée dans le musée sied parfaitement à Roy Lichtenstein qui s’est souvent amusé à reproduire ses toiles dans d’autres toiles ou bien à créer des compositions à venir dans d’autres tableaux (Artist’s studio “foot Medication”, 1974). Lui, et c’est surement le point d’orgue de cette rétrospective a, dès 66 et jusqu’à la fin de sa vie en 1997 reproduit et repensé ses maîtres avec une attention portée à Matisse. Nous entrons dans une galerie toute droite sortie d’un mariage entre Orsay et Beaubourg où Monnet croise Picasso faisant face à Brancusi. Tous ici sont réinterprétés dans un endroit qui ferait volontiers résonner le Comic Strip de Gainsbourg.
Les couleurs fusent, le jaune surtout des mèches des filles, devenant, l’occasion d’une salle, un de ses”coups de pinceau” stylisé.  C’est un Roy Lichtenstein à la recherche du geste et de la forme qui est ici présenté, portant une attention folle à la création de ses tableaux dans une frénésie de supports : plexiglas, feutre, porcelaine, rowlux… Tout est bon ici pour figer l’éphémère, du son à la fumée dans un vocabulaire partagé par tous. C’est dans son souci de représenter l’irreprésentable (la transparence des verres ici symbolisée par des hachures)  qu’il touche, nous confrontant à ces miroirs de pacotilles qui ne reflètent rien.

Beaubourg arrive à faire bouger les lignes, Roy Lichtenstein ne sera jamais plus un peintre de bande-dessinée.

Visuels :
Crying Girl [Jeune femme en pleurs), 1964
porcelaine émaillée sur acier,
édition 3/5, 116,8 x 116,8 cm,
collection particulière
© Estate of Roy Lichtenstein New York / ADAGP, Paris, 2013

Brushstrokes [Coups de pinceau], 1965
Huile et Magna sur toile
122,5 x 122,5 cm
Collection particulière
© Estate of Roy Lichtenstein New York / ADAGP, Paris, 2013

Artist’s Studio “The Dance” [Atelier d’artiste « La Danse »], 1974
Huile et Magna sur toile
244,3 x 325,5 cm
The Museum of Modern Art, New York
Gift of Mr. and Mrs. S. I. Newhouse, Jr., 1990
© Estate of Roy Lichtenstein New York / ADAGP, Paris, 2013

Before the Mirror [Devant le miroir], 1975
Du portfolio Mirrors of the Mind [Miroirs de l’esprit]
Lithographie et sérigraphie avec gaufrage
sur rouleau de papier BFK Rives
108,6 x 81,2 cm
Édition 63/100
Collection particulière
© Estate of Roy Lichtenstein New York / ADAGP, Paris, 2013

Sleeping Muse [Muse endormie], 1983
Bronze patiné
64,8 x 87 x 10,2 cm
Édition 3/6
Collection particulière
© Estate of Roy Lichtenstein New York / ADAGP, Paris, 2013

Infos pratiques

Les Cygnes
Théâtre du Palais Royal
centrepompidou

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