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Que voir à Bruxelles cet hiver ?

Que voir à Bruxelles cet hiver ?

15 February 2017 | PAR Maïlys Celeux-Lanval

Avec les mois d’hiver arrivent les envies de Nord, et c’est bien souvent à Bruxelles que l’on passe un week-end glacial mais illuminé par la sympathie des rues et l’animation culturelle unique qui y règne. Les expositions ne manquent pas : nous en avons sélectionné cinq, à voir entre une balade autour de la Grand Place et un chocolat chaud dégusté dans la sublime Galerie de la Reine.

Commençons par un projet typiquement bruxellois : en plein centre de la ville se trouve la Centrale for Contemporary Art, à deux pas de l’église Sainte-Catherine et de la célèbre poissonnerie Mer du Nord, où l’on se réchauffe debout autour d’une petite table et d’une douzaine d’huîtres. Après ce petit encas incontournable, entrez donc dans cette ancienne centrale électrique transformée il y a dix ans tout pile en centre d’art contemporain, qui présente actuellement une charmante rétrospective anniversaire intitulée BXL Universel (à voir du 20 octobre 2016 au 26 mars 2017). Amoureuse de la capitale belge, cette expo amusante et carrément bordélique fait se côtoyer artistes du coin, farfelus et personnalités célèbres, qui dressent un portrait de la ville extrêmement savoureux. On y découvre notamment les Manneken-Pis détournés de Thomas Leroy, la passion du fantasque Kurt Ryslavy pour le vin et les happenings bizarres, et le sublime projet de partage de plantes de Lise Duclaux, qui collectionne les bons mots et distribue les bons plans végétaux. Chacun donne une image généreuse de la ville, et c’est presque en riant que l’on quitte cette réunion d’artistes d’une rare tendresse.

Brouillard

Mais passons cette fois aux choses sérieuses, avec la très belle sélection de tableaux abstraits issus de la collection des Guggenheim présentés au sein de l’ING Art Center : situé dans le quartier du Mont des Arts, le musée a mis les petits plats dans les grands pour préparer cette splendide exposition (à voir du 19 octobre 2016 au 12 février 2017). Elle a le chic de présenter les œuvres de Jackson Pollock, Sam Francis ou encore Mark Rothko sur des rideaux colorés qui ondulent et donnent à chaque salle l’apparence d’un boudoir. On se plonge avec une délectation rare dans les gestes vivants et amples de ces peintures et sculptures élancées vers le ciel, quasiment religieuses (comme ce Brouillard d’Adolph Gottlied, gigantesque toile verticale habitée de deux spectres, l’un noir, l’autre blanchâtre, qui hypnotisent jusqu’à la folie). Certaines salles ressemblent très justement à des chapelles, où le spectateur, tenu au plus près des œuvres, ne peut que se laisser emporter dans une spiritualité faite de flous colorés et d’éclats de modernité.

Pol Bury

Vous sortirez donc certainement étourdis de cette exposition, alors accordez-vous une petite pause en dégustant une gaufre brûlante dans le parc de Bruxelles, situé non loin de là, avant de pénétrer dans le très actif Bozar, dont la programmation éclectique et l’excellente Brasserie Bozar menée par David Martin (délices en vue !) vous donneront envie de rester jusqu’au soir. Vous pourrez y découvrir Picasso. Sculptures (du 26 octobre 2016 au 5 mars 2017), déjà vue au musée Picasso de Paris, qui ici s’est débarrassé du faste de l’Hôtel Salé pour se déployer et s’infuser entre des murs plus longs, plus modestes, où la visite se fait davantage balade silencieuse. Entre les morceaux de fers, les guidons réinventés et les bronzes brillants, l’incroyable richesse de l’univers en volume de Picasso est décortiqué comme une collection d’influences, de bouts de quotidien réinventés, ode à la sensualité des objets trouvés et retrouvés. Puis, courrez voir le belge Pol Bury (du 23 février au 4 juin 2017) et ses formes rondes, cinétiques et joueuses, dont chaque sculpture semble s’être interrompue pour quelques secondes dans son mouvement mécanique.

WIELS

Après tout cela, une grande balade s’impose : on quittera avec plaisir le paysage fastueux de Bozar pour s’aventurer jusqu’au quartier Saint-Gilles, coin populaire et formidablement sympathique de la ville. Cafés branchés et brocantes poussiéreuses y côtoient des boulangeries défraîchies et des rades crados, dans un mélange joyeux de gentrification non-agressive et d’esprit bruxellois. C’est d’ailleurs dans une ancienne brasserie (celle de Wielemans-Ceuppens) que l’on terminera notre expédition artistique : au WIELS, on ne fabrique plus de bière mais on profite de l’immense espace pour papoter au café, farfouiller dans la petite mais excellente librairie (revues féministes, anarchistes et rêveries poétiques repérées !), ou encore découvrir une exposition dans les étages. En ce moment, courrez voir Duncan Campbell (du 26 janvier au 26 mars 2017) et ses films documentaires lauréats du Prix Turner en 2014. L’artiste d’origine irlandaise conclura à merveille votre séjour belge, lui qui, comme nos amis bruxellois, questionne la vérité et retourne dans tous les sens l’information et l’archive, pour en tirer une comique version semi-fictionnelle semi-réelle.

Car dans cette ville cosmopolite où tout est prétexte à la bonne humeur et où les murs se laissent envahir de sexes géants et de personnages de bandes-dessinées, l’environnement vous pousse à aller au-delà des apparences, au-delà du trivial, pour élever le point de vue. C’est donc en hauteur que nous terminerons ce mini-guide, car le WIELS offre la possibilité de monter sur son toit, avec une large vue sur la ville dès la sortie de l’ascenseur. Bruxelles, vertigineuse et joyeuse ! On la quitte les larmes aux yeux.

visuels :  MCL

Infos pratiques

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Maïlys Celeux-Lanval

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