“Photographisme”, la nouvelle exposition du Centre Pompidou, Paris

Le musée national d’art moderne – Centre Pompidou (galerie de photographies, forum -1) présente l’exposition « Photographisme – Klein, Ifert, Zamecznik » du 8 novembre 2017 au 29 janvier 2018.

Le photographisme, néologisme de la seconde moitié du XXe siècle qui associe la photographie au graphisme, est présenté à partir de travaux de trois artistes : Gérard Ifert, Wojciedch Zamecznik et William Klein. Didactique, sobre et efficace, l’exposition met en lumière ce courant méconnu.

Si les trois artistes que cette exposition présente utilisent des médiums et des techniques distinctes, tous interrogent l’interaction entre la lumière et le mouvement. Ils s’intéressent, en effet, au pouvoir structurant de l’ombre et la lumière. Alors que Klein obtient ses photogrammes en déplaçant des cartons perforés sur une surface photosensible, Zamecznik manipule une torche électrique pour réaliser des dessins lumineux. Ces créateurs ne sont pas isolés ; ils s’inscrivent dans un courant plus large qui réinvente et dépasse l’iconographie classique du graphisme. C’est donc bien un échantillon de cette tendance qui est ici prélevée et exposée.

En Suisse, en Hollande et dans d’autres pays européens ainsi qu’aux Etats-Unis, des artistes s’inspirent des préceptes du Bauhaus (Lazlo Moholy-Nagy part aux Etats-Unis durant la Seconde Guerre mondiale) tandis que l’art cinétique et l’abstraction gestuelle se développent. D’ailleurs, nombre d’artistes apparentés à ces mouvements artistiques emploient des sources lumineuses, tel que le néon, dans leurs œuvres cinétiques. Certaines œuvres sont montrées aux côtés de publicités pour lesquelles ils ont été utilisés. Par exemple, une première de couverture de la revue GoodYear illustrée par Zamecznik. D’autres sont mises en relation avec des exemplaires de la revue Domus et des pochettes de disque du Club français du disque. Un rapprochement plus étonnant mais tout aussi pertinent est effectué avec la musique, le jazz et la musique classique. Outre le fait que certaines œuvres ont illustré des pochettes, elles partagent également un lien formel sinon sensoriel avec la musique exprimé par le mouvement et des lignes ondulatoires.

A l’époque, ces artistes ont exposé dans des lieux prestigieux, notamment Ifert à l’exposition « The Sense of Abstraction » au MOMA en 1960. Pourtant, à l’instar des œuvres d’art présentées, innovantes dans les années 1950, l’exposition « Photographisme » inaugure les premières recherches sur ce sujet. En effet, aucun ouvrage n’était encore paru sur la question. Peut-être, cette exposition représente-t-elle une première étape de l’engouement pour ce courant artistique.

Visuels :

Gérard Ifert, Effets optiques (Recherches sur le mouvement – sujet mobile) 1952, Épreuve gélatino-argentique, Collection Gérard Ifert © Gérard Ifert

Gérard Ifert, Photographie préparatoire pour la réalisation d’une publicité pour GoodYeard, 1961, Épreuve gélatino-argentique, 20 x 24,5cm, Collection Gérard Ifert © Gérard Ifert

William Klein, Sans titre, 1952-1961, Épreuve gélatino-argentique, 30,1 x 23, 1 cm, Arches William Klein, © William Klein

William Klein, Sans titre, 1952-1961, Épreuve gélatino-argentique, 30,5 x 24 cm, Arches William Klein, © William Klein

William Klein, Couverture du magazine Domus, n°311, octobre 1955, Photographie de William Klein, courtesy Editoriale Domus S.p.A, Rozzano (Milan), Italie, © William Klein

Wojciech Zamecznik, Étude pour l’affiche « Musique polinaise » 1963, Épreuve gélatino-argentique, 24,2 x 18,2 cm, Collection Centre Pompidou, Paris, © J. & S. Zamecznik . Archeology of photography Foundation