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Paysages japonais au musée Guimet

Paysages japonais au musée Guimet

23 July 2017 | PAR Laetitia Larralde

Cet été le musée Guimet a sélectionné pour nous une centaine d’estampes et photographies dans ses collections sur le thème du paysage. Un parcours à la fois chronologique et thématique.

Traitant de sujets prosaïques, de la relation divine à la nature ou encore illustrant la poésie de l’errance des voyages, les œuvres présentées dans l’exposition offrent un beau panorama de l’estampe japonaise du 17ème au 20ème siècle, avec pour pivot central le paysage. Les grands maîtres (Katsushika Hokusai, Utagawa Hiroshige, Kawase Hasui) s’exposent à côté d’artistes moins connus qu’on découvre avec plaisir.

Si le paysage est la source d’inspiration principale avec l’Ukiyo-e (images du monde flottant) des artistes japonais dans les années 1820, cela n’a pas toujours été le cas. Au 17ème siècle le paysage n’était qu’un élément secondaire des estampes. Il servait de cadre pour des scènes de genre, y apportant des éléments géographiques et contextuels. Rejoignant ainsi l’étymologie initiale du mot fukei (paysage en japonais), qui signifie «vues de coutumes», le paysage était un support aux scènes de vie, cérémonies religieuses, festivals, bref, aux scènes urbaines divertissantes.

L’évolution de la représentation du paysage s’appuie sur le concept pictural du Sansuiga qui suit les préceptes chinois lettrés mettant en relation des éléments naturels divinisés comme la montagne (san) et l’eau (sui), pour une image idéalisée de la nature. Cette idée se retrouve appliquée littéralement dans la série des 36 vues du mont Fuji de Hokusai, pour culminer ensuite avec sa grande vague, Sous la vague au large de Kanagawa, exceptionnellement exposée ici.
La tradition de constitution de répertoire de textes et d’images, datant du 12ème siècle, associée au thème poétique du cheminement, errance et voyage ont donné naissance aux nombreuses productions sérielles d’estampes de paysages. Hiroshige a décliné le principe dans plusieurs recueils de vues les plus remarquables: Lieux célèbres de la capitale de l’Est, Lieux célèbres de Kyoto, 53 relais du Tôkaidô, Vues des lieux célèbres des 60 autres provinces… Des collections d’images invitant au voyage, tout en retraçant le quotidien, les saisons ou le climat. Hiroshige a ensuite continué en donnant à ses estampes une valeur narrative, en évoquant des figures iconiques de la culture japonaise.

Au début du 19ème siècle, l’évolution de la représentation du paysage a mis en évidence le besoin de trouver de nouvelles conventions graphiques. Les artistes ont commencé à repenser la notion de perspective, d’échelle et de plans successifs en allant chercher l’inspiration à Nagasaki, seule ville où la présence des étrangers était tolérée dans le Japon isolationniste. Les estampes prennent une structure occidentalisante et se rapprochent d’une représentation réaliste.
À la fin du 19ème siècle, l’estampe est en concurrence avec la photographie, bien que la technique soit encore limitée et que le photographe doive beaucoup intervenir sur l’image. Les photographies présentées ici paraissent à la fois très réelles et fantasmatiques, soulignant le lien avec l’estampe, qui elle semble saisir l’essence même de ses sujets tout en gardant une distance artistique avec la réalité. Malgré tout, l’estampe s’épuise.
Mais au début du 20e siècle la xylogravure (hanga) connait un renouveau sous les appellations Shin-hanga et Sosaku-hanga, deux courants artistiques avec des approches de production différentes. Le musée Guimet présente ici pour la première fois ses nouvelles acquisitions de Kawase Hasui, œuvres magnifiques au ton résolument moderne.

Paysages japonais nous offre une visite qui s’apparente à la lecture un très beau guide touristique nous promenant à travers le temps et l’espace japonais en même temps qu’une leçon limpide d’histoire de l’estampe.

Paysages Japonais, de Hokusai à Hasui
Musée national des arts asiatiques – Guimet
Du 21 juin au 2 octobre 2017

visuels © RMN-Grand Palais (musée Guimet, Paris)

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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