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LES MAINS SANS SOMMEIL AU PALAIS DE TOKYO :  Les résidences d’artistes de la Fondation d’entreprise Hermès

LES MAINS SANS SOMMEIL AU PALAIS DE TOKYO : Les résidences d’artistes de la Fondation d’entreprise Hermès

27 November 2017 | PAR La Rédaction

Jusqu’au 7 janvier, Le Palais de Tokyo et la Fondation d’entreprise Hermès invitent 9 artistes en résidence au sein des manufactures de la maison Hermès à bine plus qu’une exposition : les mains sans sommeil

LES ARTISTES EN RÉSIDENCE DANS LES MANUFACTURES HERMÈS
Depuis 2010, la Fondation d’entreprise Hermès invite de jeunes artistes, parrainés par des artistes confirmés, à explorer des savoir-faire d’exception dans le cadre de résidences au sein des manufactures de la maison Hermès. Les plasticiens y sont invités à explorer les matériaux travaillés par les manufactures (soie, cuir, argent, cristal…) et de réaliser des œuvres en interaction avec les artisans. Condition à la fois surprenante et logique du programme : l’artiste ne doit pas avoir préparé de projet puisque le changement de contexte et l’interaction avec les artisans doivent lui permettre de déplacer sa pratique et d’entamer une aventure artistique exclusive et atypique. Chaque artiste en résidence produit deux exemplaires de son œuvre : l’un demeure son entière propriété, tandis que l’autre est conservé par la Fondation afin d’être présenté dans les manufactures ou dans le cadre d’expositions.
Les œuvres issues du deuxième cycle du programme (2014-2017) seront exposées du 24 novembre 2017 au 7 janvier 2018 au Palais de Tokyo dans le cadre de l’exposition « Les mains sans sommeil ».
Le commissaire invité de l’exposition, Gaël Charbau, a pu observer ces « mains sans sommeil » : « Au fil de nos divers échanges avec les artistes et les artisans qui participent au programme des résidences au sein des manufactures Hermès, j’ai pu remarquer à quel point la communication “non verbale”, c’est-à-dire les gestes et les postures, était essentielle à la transmission des savoirs et des émotions. L’exemple le plus immédiat, le plus frappant, est certainement celui de la cristallerie Saint-Louis où – en raison du bruit – les maîtres verriers ne peuvent pas utiliser la parole pour communiquer dans la halle des fours. Tout visiteur est aussitôt saisi par la précision des attitudes et des regards que les artisans échangent, dans une forme de chorégraphie suspendue au temps de façonnage du cristal ardent. » Dans cette liberté, cette autonomie laissées aux gestes eux-mêmes, réside un mouvement créatif, jamais au repos.
Cette thématique est d’ailleurs très proche de la maxime choisie par la Fondation Hermès pour l’ensemble de ses programmes : nos gestes nous créent.

L’EXPOSITION AU PALAIS DE TOKYO
On retrouve cette liberté dans nombre d’œuvres présentées au Palais de Tokyo, qu’il s’agisse d’étirer une cuillère pour en faire un long fil d’argent (Clarissa Baumann), de déployer des figures abstraites sur près de quarante mètres de soie (Célia Gondol), de décliner les formes et les couleurs d’un motif (Bianca Argimon), d’emprisonner un motif cinétique dans un bloc de cristal (DH McNabb), de laisser couler du ciment dans une fine enveloppe de cristal (Lucia Bru), de prendre l’empreinte de machines perçues comme des créatures (Anastasia Douka), ou encore, sous forme métaphorique, de créer des outils dont il nous faut inventer les usages (Io Burgard), d’assembler librement des chutes de textiles pour confectionner un bestiaire fabuleux (Jennifer Vinegar Avery), ou de figurer, à partir de vastes surfaces de cuir, un symbole de l’infini et de la régénérescence de l’âme (Lucie Picandet).
Les œuvres réalisées dans le cadre du programme de résidences sont accompagnées d’autres œuvres des mêmes artistes afin de montrer le contexte dans lequel elles s’inscrivent.

L’ART ET LE LUXE
Les coopérations entre le luxe et l’art se multiplient ses dernières années et peuvent prendre différentes formes, allant du mécénat à travers des fondations plus ou moins discrètes (Hermès, LVMH, Cartier) à des collaborations entre artistes et marques pour des produits ou la décoration de vitrines (création de la collection Masters par Jeff Koons pour Louis Vuitton par exemple).
Si un tel rapprochement est possible, c’est parce que l’art et le luxe partagent des valeurs communes telles la beauté, l’excellence et la rareté. D’ailleurs, sous l’Antiquité on ne distinguait pas l’artiste et l’artisan. Ce n’est qu’au 17e siècle que l’artiste réclame le caractère conceptuel de son œuvre (une production de l’esprit) qui s’opposerait au travail manuel de l’artisan.
A ce partage de valeur s’ajoute que les deux parties bénéficient de cette relation. La médiatisation du luxe permet à l’art de s’ouvrir sur le monde et aux artistes d’asseoir leur notoriété et de s’assurer un financement. Devenu un moyen de communication (l’ « art-keting »), l’art apporte une dimension supplémentaire au luxe, faisant (peut-être) passer l’objet de luxe à l’objet d’art.
Faut-il s’en inquiéter ? Non, puisque « la culture a toujours eu besoin des riches et des puissants. Les marques de luxe sont les Médicis, les Borgia des temps modernes », analyse Jean-Noël Kapferer, professeur à HEC Paris et coauteur de Luxe oblige (éd. Eyrolles). Permettons donc aux générations futures de découvrir de nouvelles Chapelles Sixtines et d’autres Jocondes, à condition cependant de garantir à l’artiste cette liberté nécessaire à l’innovation et à la création.
Visuels : visuels libres de droits pour la presse, autorisation Fondation d’entreprise Hermès

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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