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L’ombre et la lumière d’Helmar Lerski au Mahj

L’ombre et la lumière d’Helmar Lerski au Mahj

12 April 2018 | PAR Yaël Hirsch

Dans le cadre des célébrations des 20 ans du Musée d’art et d’histoire du judaïsme (MAHJ), l’exposition Helmar Lerski maître de la lumière met l’accent sur les donations faites au musée. En parallèle de l’exposition August Sander au Mémorial, cette exposition Lerski au Mahj permet de découvrir tout un art du portrait du début du 20e siècle. 

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Un peu oublié et redécouvert, Helmar Lerski passe du théâtre allemand au cinéma où il a fait chef opérateur avant de trouver sa voie dans le travail photographique sur la lumière. Né à Strasbourg, immigré aux Etats-Unis à 22 ans il vit à Milwaukee, passe par Berlin et en 1932, il émigre en Palestine où il reste jusqu’en 1948 et marque la photographie israélienne. Le MAHJ est après le musée d’Essen, le deuxième détenteur d’œuvres de Lerski à la suite de son acquisition de 435 épreuves anciennes de Lerski restées en Palestine, il y a trois ans.

La première salle se concentre sur les portraits américains (1910-15) faits à Milwaukee. Déjà très esthétisantes, ses photos jouent avec la lumière de manière à faire ressortir les courbes et les traits. Sa tête de Jean-Baptiste y est un parangon d’expressionnisme.

Les années Berlinoises sont d’abord celles du Cinéma pour la Deutsche Bioscop Film. Il est directeur de la photographie. A partir de 1927, il entame des séries très diverses. Dans Têtes de tous les jours (1931), le photographe dresse une galerie de visages de gens du peuple, dans une démarche assez proche de celle d’August Sander. La couturière ou les chauffeurs y sont sublimés par la lumière. Il photographie aussi des artistes et l’intelligentsia de la République de Weimar : Eleonora Von Mendelssohn ou réalisateur du Juif Suss, Veit Harlan.

A partir de 1931, il débute sa série de Visages juifs en Palestine. En réponse mais aussi en miroir à la raciologie nazie, celui dont les photos ne peuvent pas ne pas faire penser à Leni Riefenstahl lance avec un éditeur parisien, Visage juifs, qui se donne pour objectif de monter une physionomie juive « originelle ». Il fait son premier film sur le travail des pionniers juifs en Israël et ouvre l’atelier de cinéma du plus grand syndicat des travailleurs juifs, Histadrout. Avec des portraits saisissants de bédouins, Arabes et Juifs met en lumière des visages d’habitants de Palestine, avec une fascination pour les yéménites. En 1936, Lerski atteint son grand œuvre et un pic de recherche avec Métamorphoses de la lumière, 137 portraits d’un même homme sous plusieurs angles et expositions. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, il fait des portraits de soldats juifs.

Exposées au rez-de-chaussée du musée, les dernières séries sont très émouvantes: après avoir passé sa vie à photographier des visages, Lerski les décompose dans Paysages du Visage (1941) et se concentre sur les Mains humaines (1935-1944).

À découvrir d’urgence au MAHJ, Helmar Lerski est un photographe trop peu connu, qui travaille la lumière et le portrait avec une esthétique de la perfection à la fois impressionnante et un peu dérangeante.

Visuel : Pionnier, Guivat-Haïm, vers 1940 © mahJ © Succession Helmar Lerski, Museum Folkwang

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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