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[Londres] Les divers angles de Malevitch à la Tate Modern

[Londres] Les divers angles de Malevitch à la Tate Modern

17 October 2014 | PAR Yaël Hirsch

Après un triomphe au Stedelijk Museum tout juste rénové, la grande rétrospective dédiée au chantre russe de l’avant-garde du 20ème siècle, Kasimir Malevitch, est à l’affiche de la Tate Modern jusqu’au 26 octobre. Une riche plongée dans une recherche formelle ébranlée par les événements politiques.
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Les premières salles donnent à voir des toiles rares de Malevitch et permettent de comprendre combien il a été influencé pat les grands peintres européens de son temps. Matisse et les fauves d’abord (plus que les expressionnistes allemands) puis les cubo-futuristes italiens dans leur obsession géométrique de représenter l’événement et la vitesse. Homme de son temps, Malevitch peint aussi pour d’autres artistes y compris des décors de théâtre, mais – et l’expo met très bien ce fait en avant-, le peintre est avant tout conscient d’avoir un rôle à jouer dans la révolution de son propre art. Antidatant pour les recueils de l’Histoire l’existence de son mythique carré noir (il dit 1913 et non 1915, date de la réalisation effective de la toile), il en refait une copie témoin en 1923 quand la première s’est abîmée. Dès lors, la Tate donne à voir divers formats de toile et papier joliment scénographiés, et nécessairement graphiques et abstraits, pour montrer jusqu’où Malevitch est allé dans le refus de représenter de la réelle. Alors qu’on l’imagine déçu et malmené (il est brièvement mis en prison) par les autorités soviétiques dans l’Entre-deux-guerres, le cœur se serre dans le bouquet final de l’exposition à voir ses derniers tableaux, terriblement figuratifs, réalistes et mettant en scène ouvriers et paysans… Les couleurs et les formes géographiques sont encore là, mais la ferme volonté de faire avancer la peinture sans revenir en arrière s’est dissipée sous les coups du matérialisme historiques.

Si le biais parfaitement chronologique que propose l’exposition empêche une réflexion assez poussée sur le lien entre trajectoire de l’artiste, histoire et histoire de l’art, les œuvres rassemblées pour cette rétrospective sont assez phénoménales pour faire de l’expo Malevitch un des tous grands événements culturels qui ponctuent le moment de la Frieze à Londres.

Visuel : affiche de l’exposition.

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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