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Le Monde selon Topor à la Bibliothèque François Mitterrand

Le Monde selon Topor à la Bibliothèque François Mitterrand

18 April 2017 | PAR La Rédaction

L’exposition « Le monde selon Topor » propose une promenade dans l’univers foisonnant, satirique et unique du dessinateur Roland Topor du 28 mars au 16 juillet 2017 à la bibliothèque François Mitterrand (BnF), Galerie 1.
A noter qu’il existe un billet coupe-file permettant de visiter à la fois cette exposition et celle de La maison rouge « L’esprit français – Contre-cultures 1969-1989 », ouverte jusqu’au 21 mai 2017 et qui présente, elle aussi, des œuvres de Roland Topor.

Par Diane Royer

A l’occasion du vingtième anniversaire de la disparition de Roland Topor (1938 – 1997), la BnF rend hommage à ce touche-à-tout, créateur inclassable.

L’événement rassemble un ensemble exceptionnel et significatif d’environ trois cents œuvres : des dessins originaux provenant de fonds privés, mais également du fonds de la BnF constitué par le dépôt légal, récemment enrichi d’une donation de Nicolas Topor, le fils de l’illustrateur.
Le parcours thématique et dépouillé de l’exposition fait découvrir, dans sa diversité, le travail du dessinateur depuis ses débuts, avec sa première couverture pour le numéro IX de la revue Bizarre en juillet 1958 jusqu’à sa pièce de théâtre L’Hiver sous la table (1996).

Simple mais efficace : des œuvres, des textes de salles et des vidéos. Le temps de l’exposition, nous plongeons dans le monde débridé d’un créateur reconnu comme l’un des plus grands dessinateurs du XXe siècle, peut-être quelque peu oublié de nos jours. Qui est donc Roland Topor ? Le parcours débute par une biographie qui revient sur ses principales réalisations, donne les clés au spectateur pour appréhender au mieux le contenu de la suite de l’exposition.

L’exposition se découpe en quatre sections, chacune revenant sur un aspect de la création de Roland Topor : dessinateur de presse, illustrateur, homme du spectacle, artiste. Topor pluriel, Topor multiple.
Son nom est avant tout associé au dessin de presse et d’illustration. Son coup de crayon caractéristique et son humour noir se retrouvent dans les pages des journaux tels que L’observateur, Hara-Kiri ou encore Le fou parle. Certains dessins originaux sont présentés en parallèle d’illustrations parues dans ces journaux.
Un focus est proposé sur le coup de marteau, dessin offert à Amnesty International, alors engagé dans une campagne de presse dénonçant la torture. La création de Roland Topor déborde d’humour, certes, mais c’est pour mieux dénoncer, et se mettre au service d’engagements sociaux et politiques.

Cette activité ne l’empêche pas de se frotter à l’illustration d’ouvrages. Sans doute, est-ce une partie plus intime du travail de Roland Topor : il illustre par de touchants dessins des ouvrages qu’il aime, des écrits de ses amis. Parmi les œuvres présentées, le spectateur peut découvrir les planches admirables que l’artiste a réalisé pour illustrer un ouvrage de son ami Marcel Aymé.

La troisième partie est consacrée au monde du spectacle, selon Topor. Là encore, sa création s’avère prolifique, variée, multiple : auteur, costumier, réalisateur, dessinateur… son champ d’investigation semble illimité. Le spectateur découvre des émissions télévisées dont il a participé à la réalisation, telles que Téléchat avec Henri Xhonneux, qui a marqué les jeunes générations des années 1980 par sa verve, son humour absurde et ses propos incongrus.
Tantôt d’une émouvante poésie, tantôt d’une satire acérée, l’œuvre de Roland Topor adopte différents tons et se décline en de multiples nuances. Il se lance, par exemple, dans l’aventure du film d’animation ; l’exposition propose ainsi des extraits La Planète sauvage de René Laloux de 1973 et de Marquis réalisé par Xhonneux, en 1989.

Dans une dernière section, l’exposition revient sur la carrière artistique de Roland Topor, ses prises de parti, ses amitiés. Il collabore, en 1962, à la fondation du groupe Panique, mouvement créé en réaction au groupe du surréalisme d’André Breton, périclitant. Il fréquente Daniel Spoerri, Jean Tinguely, Pol Bury, Ben…
Quand il ne met pas en image le texte d’auteurs qu’il apprécie, il se livre lui-même à l’écriture. Le visiteur pourra notamment découvrir une vitrine composée d’ouvrages de Topor.

Il est plaisant de (re)découvrir un créateur si inventif et curieux, capable de s’approprier tant de médiums et libre de créer suivant une imagination sans borne, dans une période où les maîtres-mots sont « rentabilité», « pro-activité », « optimisation ».
Le monde, selon Topor, est à la fois une source d’inspiration inépuisable, maintes occasions de l’exprimer, tant de manières de le dire.
C’est un fait, cette exposition s’est donnée pour dessein de rendre compte de cet univers aussi riche que diversifié, le pari est réussi avec brio.

Visuel : Roland Topor, À gorge déployée, 1975. Encre de Chine et crayon de couleurs. Collection Stedelijk Museum Amsterdam.
Copyright ADAGP, Paris, 2017

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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