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Le contemporain dessiné au musée des Arts décoratifs

Le contemporain dessiné au musée des Arts décoratifs

09 May 2016 | PAR Christophe Dard

Jusqu’au 26 juin 2016, le Musée des Arts décoratifs de Paris propose de prendre un itinéraire autour du dessin, fruit d’une sélection opérée auprès des galeries présentées cette année lors de la 10ème édition de Drawing Now… Un choix judicieux qui permet de découvrir la grande richesse du dessin depuis 70 ans…

 

Au milieu: Hans Schimansky, Sans titre, 2009, encre de Chine sur papier, 49,9 x 64,8 cm, courtesy Galerie Jeanne Bucher Jaeger. Photo Bernd Kühnert
Au milieu: Hans Schimansky, Sans titre, 2009, encre de Chine sur papier, 49,9 x 64,8 cm, courtesy Galerie Jeanne Bucher Jaeger. Photo Bernd Kühnert

 

C’est un chemin semé d’aventures couchées sur différents supports. Tel un avion en pleine conversation avec les nuages, Le Contemporain dessiné prend de la hauteur dans les étages du Musée des Arts décoratifs, s’installe aux côtés du mobilier contemporain sans lui faire de l’ombre, et laisse comme écho des oeuvres réalisées à l’encre, au fusain, au crayon, à la gouache ou à l’aquarelle mais aussi des collages et des pièces conçues avec du fil de couture ou même une ampoule. La seule « limite » posée sur ce parcours créatif est d’associer certains dessins à un type de mobilier ou à une musique, scènes théâtrales porteuses d’un univers parfaitement réfléchi et défini par Agnès Callu, la commissaire de l’exposition, et l’artiste Christophe Cuzin.

 

Stéfane Perraud, Lettre à Gilgamesh, fragment 1bis, 2013, marbre de Tinos, paladium, led, 35 x 70 x 4 cm, courtesy Galerie de Roussan et Stéfane Perraud
Stéfane Perraud, Lettre à Gilgamesh, fragment 1bis, 2013, marbre de Tinos, paladium, led, 35 x 70 x 4 cm, courtesy Galerie de Roussan et Stéfane Perraud

 

La plupart des œuvres réunies et créées par une trentaine d’artistes, viennent d’une sélection issue des galeries présentes à l’édition 2016 de Drawing Now.
Y figurent les piliers tels Viallat et Alechinsky, les avant-gardistes français et américains mais aussi une nouvelle génération.
Les représentations témoignent également de la pluralité de cette exposition et montrent que le dessin est également le lieu de rencontre des contraires.

 

Clément Bagot, Sans titre, 2014, encre blanche sur papier noir, 20 x 30 cm © Collection particulière
Clément Bagot, Sans titre, 2014, encre blanche sur papier noir, 20 x 30 cm © Collection particulière

 

Abstraction et figuration ne s’affrontent pas en duel mais se complètent. Autour d’elles gravitent les lignes géométriques comme chez Hans Schimansky, leurs corollaires fantaisistes à l’image de Nicolas Aiello ou de Sepand Danesh, et, à l’instar de Thomas Broomé (on croit revoir Les Calligrammes d’Apollinaire), le dessin devient l’avatar rêvé de l’écriture.
Dans Le Contemporain dessiné, l’expressionnisme et le minimalisme de Geneviève Asse ou de Sylvain Dubuisson n’entrent pas non plus en concurrence car ils viennent tous les deux du plus profond de l’inspiration.
Parmi ses nombreux visages, le dessin est aussi le souvenir du voyage effectué ou imaginé. De leurs escales, Alexander Gorlizki, Zarina Hashmi et Rui Moreira rapportent de la feuille d’or, de la mosaïque, des motifs circulaires et orientaux.

 

Jean Bedez, De Ordine, 2015, dessin à la mine de graphite, papier 224 g/m2 , 150 x 100 cm, courtesy Galerie Suzanne Tarasieve, Paris & Galerie Albert Baronian, Bruxelles, Photo Rebecca Fanuele
Jean Bedez, De Ordine, 2015, dessin à la mine de graphite, papier 224 g/m2 , 150 x 100 cm, courtesy Galerie Suzanne Tarasieve, Paris & Galerie Albert Baronian, Bruxelles, Photo Rebecca Fanuele

 

Dans certains cas, une œuvre convie elle-même les opposés. Jean Bedez réussit la synthèse du confort de deux fauteuils ou d’un intérieur bourgeois avec des antipodes récalcitrants, un intérieur désaffecté ou des mammifères sauvages.
Elmar Trenkwalder place, quant à lui, son expression à la mine de plomb dans un cadre de terre cuite émaillée, sorte de garde du corps de la matière.

 

Evi Keller, Matière-Lumière (ML-V-15-0403)
Evi Keller, Matière-Lumière (ML-V-15-0403)

 

Les dessins de l’exposition Le Contemporain dessiné sont des papillons dans le ventre de la création, des papillons échappés dans le ciel du Musée des Arts décoratifs dont le dernier niveau est notamment occupé par une œuvre de la série Matière-Lumière d’Evi Keller. Elle hisse fièrement ses voiles aux côtés d’une autre réalisation toute aussi grandiose, Deep Liquid de Yang Jiechang.

Christophe Dard.

 

INFORMATIONS PRATIQUES :
Le Contemporain dessiné, Parcours aux arts décoratifs
Jusqu’au 26 juin 2016
Musée des Arts décoratifs
107 rue de Rivoli 75001 Paris
Du mardi au dimanche de 11h à 18h et nocturne le jeudi jusqu’à 21h
01 44 55 57 50
www.lesartsdecoratifs.fr

 

A VOS AGENDAS:
Le jeudi 12 mai à 18h30
: conférence aux Arts décoratifs autour de Jean Bedez (au 111, rue de Rivoli)
Le jeudi 16 juin à 18h30: conférence aux Arts décoratifs Jean Dubuffet/ Evi Keller (au 111, rue de Rivoli)

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Christophe Dard
Titulaire d’un Master 2 d’histoire contemporaine à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Christophe Dard présente les journaux, les flashs et la chronique "L'histoire des Juifs de France" dans la matinale (6h-9h) sur Radio J. Il est par ailleurs auteur pour l'émission de Franck Ferrand sur Radio Classique, auteur de podcasts pour Majelan et attaché de production à France Info. Christophe Dard collabore pour Toute la Culture depuis 2013.

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