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La Cité de la Tapisserie d’Aubusson fait peau neuve

La Cité de la Tapisserie d’Aubusson fait peau neuve

27 June 2016 | PAR Maïlys Celeux-Lanval

C’est une petite ville de la Creuse, perdue entre une rivière, des collines et un château en ruines. Aubusson passerait presque inaperçue si elle ne possédait pas un immense musée dédié à son plus important patrimoine, la tapisserie. La nouvelle Cité Internationale de la Tapisserie d’Aubusson, qui ouvre ses portes le 8 juillet, surplombe le paysage comme une forteresse contemporaine, toute striée de couleurs et de lattes de bois. Dans cette ville qui a compté, pendant longtemps, une très large majorité de lissiers de haut niveau, le renouveau de cette cité ambitieuse rappelle aux habitants de la ville, et de la région, la fierté de leur savoir-faire. Nous l’avons visitée en avant-première et vous racontons ici comment, avec quelques idées lumineuses, un musée patrimonial s’est transformé en boule à facettes de création et d’histoire.

L’idée est simple et belle : pour les habitants d’Aubusson, la tapisserie est essentielle et fait partie du patrimoine identitaire. Descendants de lissiers, imprégnés de l’histoire de la ville ou tout simplement amateurs, chacun entretient un rapport intime à la tapisserie, qui a été à Aubusson l’une des plus fines du monde. Mais aujourd’hui, rares sont ceux qui continuent à en faire leur métier. Alors, pour repenser un musée de la tapisserie qui soit cohérent avec cette communion des histoires familiales, il fallait un bâtiment vivant, qui soit au centre du quotidien des Aubussonnais tout en relevant le défi international d’une cité de la tapisserie.

Un premier musée avait vu le jour en 1981, selon l’idée du ministre des affaires étrangères André Chandernagor. Doté d’un théâtre et d’une bibliothèque, il s’est petit à petit trouvé à l’étroit et l’envie de nouveaux espaces est née dès le début des années 90. C’est désormais un projet fini : la Cité s’est installée entre les murs de l’ancienne École Nationale d’Art Décoratif conçue par Robert Danis en 1969, aujourd’hui entièrement repensée par l’agence Terreneuve, qui a augmenté la capacité d’accueil du bâtiment. Surtout, la façade est valorisée par l’immense tenture de la graphiste Margaret Gray, qui a utilisé le motif étiré de différentes tapisseries pour concevoir les bandes de couleurs verticales qui recouvrent le bâtiment. Lumineuse et colorée, cette façade redouble d’astuce puisqu’elle est, vue de l’intérieur, transparente, et permet aux visiteurs de profiter de lumière naturelle et de vues sur la ville en se baladant dans la Cité.

Côté équipements, le dialogue entre contemporain et patrimoine est parfait. Ainsi, tout en haut du bâtiment, une dizaine d’élèves sélectionnés sur le volet apprendront la tapisserie, qu’ils sortent du bac ou aient envie de se reconvertir, tandis qu’au deuxième étage s’agitent les petites mains habiles de la Restauration du Mobilier National – majoritairement des femmes venues du coin qui ont profité de la délocalisation du Mobilier National de Paris à Aubusson pour se faire embaucher ; elles travaillent actuellement sur une grande tapisserie représentant Louis XIV pour une exposition en avril prochain aux Gobelins –, de véritables fées. Aussi, les visiteurs peuvent voir les lissiers à l’œuvre au premier étage, où deux travaillent sous les yeux de tous ; le spectacle de la minutie et de l’application complète ainsi la visite de la sublime Nef des Tentures, espace d’exposition merveilleusement pensé où l’on se balade entre les tapisseries comme entre des décors de théâtre, du haut Moyen Âge à Calder et Vasarely. C’est là le clou du spectacle, avec les Tapisseries du Monde, qui présentent des objets venus de civilisations diverses utilisant la tapisserie selon des logiques toutes différentes. S’ajoute à cela une bibliothèque, des ateliers où des artistes seront appelés à venir en résidence, une plateforme de création contemporaine où la tapisserie devient délirante, et un amphithéâtre multifonctions, qui pourra aussi bien diffuser des films qu’accueillir des conférences ou exposer de très grandes pièces de tapisserie.

La nouvelle Cité est donc particulièrement vivante, artistique et fourmille d’idées nouvelles. La tapisserie s’y découvre humaine, ancienne ou flambant neuve, restaurée ou abîmée, inachevée ou parfaitement maîtrisée. À l’époque où de plus en plus de plasticiens se frottent aux pratiques artisanales (et vice versa), cela fait le plus grand sens !

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Maïlys Celeux-Lanval

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