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“La Chine à Versailles art et diplomatie au XVIIIe siècle”

“La Chine à Versailles art et diplomatie au XVIIIe siècle”

30 May 2014 | PAR Sandra Bernard

En ce cinquantenaire de l’établissement de l’amitié franco-chinoise, le musée de Versailles s’inscrit dans les célébrations en proposant une petite, mais très dense, exposition mettant en lumière les relations et les influences de l’une à l’autre, des cours de France et de Chine, par l’envoi d’émissaires et surtout de cadeaux précieux, dont une partie est de nouveau réunie pour la première fois depuis plusieurs siècles.

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L’exposition de type chronologique s’étend des règnes de Louis XIV à Louis XVI, évoquant l’évolution des relations, des goûts et des productions liés à la découverte de l’Empire du Milieu au travers de plus de 150 œuvres chinoises ou de goût chinois.

Elle débute par l’établissement des relations diplomatiques sous le règne de Louis XIV par le biais de frères jésuites, excellents en mathématiques. La présence des jésuites en Chine s’est perpétuée tout au long de la période, devenant des interlocuteurs et des passeurs de savoir entre les différentes cours.

Outre la famille royale, les grands acteurs des relations franco-chinoises sont mis à l’honneur, à l’image d’Henri-Léonard Bertin (1720-1792) contrôleur des finances puis secrétaire d’Etat. Grand collectionneur, sinophille averti, mais également fin stratège, il est parvenu à faire confier aux artistes français des commandes émanant de l’Empereur de Chine, telle une série de gravures sur cuivre à l’eau forte et au burin.

Grands protecteurs des artistes et des manufactures, les rois de France et leur famille conservaient leurs collections exotiques de porcelaines, papiers peints, laques, dans leurs appartements privés. Cependant, le goût des chinoiseries se développe et inspire nombre de créations allant de l’architecture à la peinture, en passant par le textile, la porcelaine ou encore l’art des jardins, avec l’émergence des jardins dit anglo-chinois au XVIIIe siècle. L’on voit ainsi à quel point ces échanges ont nourri la créativité des artistes, que ce soit en détournant des porcelaines ou des laques avec de nouveaux montages, mais également l’intégration de motifs chinois à l’image de la pagode de Nankin ou de personnages exotiques dans des scènes de genres.

Les œuvres présentées sont recontextualisées non seulement en fonction de leur possesseur voire commanditaire, mais également par leur contexte de création et d’arrivée en France (commande spéciale via la compagnie française des Indes Orientales, présents diplomatiques, achats, etc.

La scénographie, parlante, propose une distinction des règnes par couleur. La circulation en cas d’affluence pourra s’avérer difficile, car les espaces sont relativement petits et reliés par des corridors étroits.

Il est intéressant de voir mis en parallèle des productions chinoises et françaises s’inspirant les unes des autres. Mais c’est la réunion d’objets d’une grande rareté, dont certains issus de collections étrangères, qui est une grande première. Cette exposition met en lumière un aspect peu connu des relations franco-chinoises sous l’Ancien Régime et démontre que, sous le vernis exotique des “chinoiseries”, il y avait un réel intérêt pour la culture et la civilisation chinoise.

Informations pratiques :

La Chine à Versailles : art et diplomatie au XVIIIe siècle. Dans l’appartement de Madame de Maintenon. Du 27 mai au 26 octobre 2014. Tous les jours, sauf le lundi, de 9h à 18h30. Entrée comprise dans les billets. Le commissariat de cette exposition est assuré par Marie-Laure de Rochebrune, conservateur au château de Versailles.

Visuels : affiches de l’exposition + photographies © Sandra BERNARD +SC

Infos pratiques

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Sandra Bernard
A étudié à l'Université Paris Ouest Nanterre la Défense l'Histoire et l'Histoire de l'Art. Après deux licences dans ces deux disciplines et un master recherche d'histoire médiévale spécialité histoire de l'Art dont le sujet s'intitulait "La représentation du costume dans la peinture française ayant pour sujet le haut Moyen Âge" Sandra a intégré un master professionnel d'histoire de l'Art : Médiation culturelle, Patrimoine et Numérique et terminé un mémoire sur "Les politiques culturelles communales actuelles en Île-de-France pour la mise en valeur du patrimoine bâti historique : le cas des communes de Sucy-en-Brie et de Saint-Denis". Ses centres d'intérêts sont multiples : culture asiatique (sous presque toutes ses formes), Histoire, Histoire de l'Art, l'art en général, les nouveaux médias, l'art des jardins et aussi la mode et la beauté. Contact : sandra[at]toutelaculture.com

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