Expos
[Interview] Daria Tikhomirova: « je veux donner le sourire et refléter la beauté de la vie »

[Interview] Daria Tikhomirova: « je veux donner le sourire et refléter la beauté de la vie »

22 November 2015 | PAR Christophe Dard

Jusqu’au 7 décembre 2015 à Paris, l’Uniq Lounge propose de découvrir quelques tableaux de Daria Tikhomirova, une jeune peintre russe déjà exposée à plusieurs reprises dans son pays natal mais aussi en Chine et en Turquie. Artiste talentueuse, aussi à l’aise dans la peinture sur soie, foulards et robes, que sur des toiles, Daria Tikhomirova n’a que 24 ans mais les portes d’un bel avenir ne vont pas tarder à s’ouvrir. Toute la culture l’a rencontré. Elle évoque ses origines, dans une Russie aussi romanesque que lointaine, son parcours et ses thèmes de prédilection.

 

Serie « Saisons russes à Paris », 47x44; 2015. Peinture sur soie. Photo par Christopher Powell
Série « Saisons russes à Paris », 47×44 cm; 2015. Peinture sur soie. Photo par Christopher Powell

 

Des danseuses dont les mouvements semblent dédiés à des arabesques végétales tourbillonnantes, des paysages où les papillons, les fleurs, les champs et les grappes de raisin sont les musiciens enchanteurs d’un hymne à la beauté et à l’optimisme…
Dans ses peintures sur soie comme dans ses tableaux, Daria Tikhomirova versifie les délices du monde, la nature, le spectacle, la vie. Cette artiste russe de 24 ans, qui vit et travaille en France depuis plus de deux ans (les plus attentifs remarqueront la présence de la Tour Eiffel sur un tableau), a certes hérité du savoir-faire de son père et de son grand-père, eux-mêmes peintres, mais dans une époque où il est plus simple de se résigner à la déprime qu’à l’espoir, les oeuvres de Daria Tikhomirova sont des écumes d’allégresse. Elles nous donnent toutes les raisons de garder la foi en la sérénité et la joie mais aussi des odes à la paresse, à admirer la grâce d’une ballerine ou à se délecter, allongé au soleil, de grains de raisin.
Jusqu’au 7 décembre 2015, Daria Tikhomirova présente certaines de ses réalisations à l’Uniq Lounge, un endroit idéal pour boire un verre et bruncher, situé tout près du Centre Beaubourg, en plein coeur de ce Paris culturel qui s’intéresse aux jeunes talents.

C’est dans ce quartier que Toute la Culture a rencontré Daria Tikhomirova, artiste élégante et toujours souriante, comme si elle déclarait à chaque instant sa flamme au bonheur.

 

« Eternité », 38x57 cm; 2015. Peinture sur soie. Photo par Christopher Powell
« Eternité », 38×57 cm; 2015. Peinture sur soie. Photo par Christopher Powell

 

Daria, vous exposez actuellement à Paris, à l’Uniq Lounge, jusqu’au 7 décembre. Quand avez-vous commencé à peindre et quel est votre parcours artistique?
Daria Tikhomirova: Je viens d’une famille d’artistes. Mon grand-père et mon père sont peintres. Lorsque j’étais petite, j’étais à côté de mon père et je le regardais travailler. Parfois je contribuais et je participais à ses œuvres. Mon père m’a toujours encouragé pour améliorer mes techniques, notamment dans la peinture acrylique que j’ai commencé à dix ans. Puis il m’a proposé de faire mes études à l’école des Arts, au collège. J’y suis resté quatre ans et durant cette période j’ai appris l’histoire de l’art, la composition, le dessin… Je me suis très vite passionnée pour la peinture sur soie après avoir vu le travail d’une artiste de ma région, Inga Titova. Son enseignante à elle, Valentina Stegantseva, était professeur dans cette école. J’ai donc étudié la peinture sur soie vers la fin de ma formation, en quatrième année, car ce sont des techniques compliquées qui exigent un investissement important. J’ai adoré cette formation.
Mais à ce moment je voulais me tourner vers l’apprentissage des langues étrangères et travailler dans les relations internationales. Mon père n’était pas déçu. Il ne m’a jamais imposé l’obligation de devenir artiste. Il était simplement fier que je reprenne la tradition familiale même si ce ne devait pas devenir mon métier principal. Ainsi j’ai continué à travailler en parallèle à mes études, réaliser des foulards pour mes amis et des tableaux.
En 2010/ 2011, j’ai été au Canada, à Toronto. J’ai rencontré une artiste peintre russe, Olga Beskoff, qui n’était autre que ma voisine, mais avec laquelle je suis devenue très proche grâce à la générosité de son âme. Elle avait émigré au Canada dans les années 70. Auprès d’elle j’ai appris la peinture à l’huile.

J’ai commencé à participer régulièrement à des expositions en Russie, dans ma ville de naissance, Blagovechtchensk, dans la région Amour, et à Moscou. J’ai aussi dévoilé mon travail à l’étranger, surtout en Chine, puisque le pays est à la frontière de ma ville de naissance, mais également pour une exposition internationale à Istanbul en Turquie, Dialogue des peintres, en 2013, où mes tableaux ont été achetés.
Actuellement, je suis membre de deux organisations professionnelles de peintres en Russie, l’Union Créative des peintres de Russie et L’Académie des Beaux-Arts du Monde « Nouvelle Epoque ». Les deux sont internationales. Tout cela m’a permis de me faire connaître dans les cercles d’artistes.

 

Série « Saisons russes à Paris », 47x47 cm; 2015. Peinture sur soie. Photo par Daria Tikhomirova
Série « Saisons russes à Paris », 47×47 cm; 2015. Peinture sur soie. Photo par Daria Tikhomirova

 

Parlez-nous de votre ville d’origine, Blagovechtchensk…
Daria Tikhomirova: Blagovechtchensk, 220 000 habitants, est très éloignée de la partie européenne de la Russie puisqu’elle est située à l’Extrême-Orient du pays. Mais c’est une ville très riche culturellement. Blagovechtchensk accueille de nombreux événements comme le Festival international de cinéma et de théâtre « Automne de l’Amour ». La ville l’organise depuis 13 ans. Des artistes venus de Moscou et de Saint-Pétersbourg y présentent leurs spectacles et leurs films. Dans le cadre de cette manifestation, l’association de peintres dont je fais partie montre des expositions regroupant des artistes de la région Amour. Ce festival est devenu une plateforme pour les artistes renommés de l’Académie des beaux-arts de Russie. C’est donc un événement pluriculturel avec du théâtre, du cinéma et des arts visuels. En prenant part à ce Festival, cela a été une occasion formidable de démontrer ce que je fais à d’autres artistes, de Moscou et de Chine, et donc de garder à la fois un lien avec la capitale et avec le continent asiatique.

 

Série « Saisons russes à Paris », 36x24; 2015. Peinture sur soie. Photo par Christopher Powell
Série « Saisons russes à Paris », 36×24; 2015. Peinture sur soie. Photo par Christopher Powell

 

Vous êtes arrivée en France en 2013, d’abord à Toulouse. Est-ce que cela a changé quelque chose dans votre manière de travailler?
Daria Tikhomirova: Je suis venue à Toulouse en tant qu’assistante de russe, au lycée Saint-Sernin et au collège Les Chalets, grâce à Olga Kukharenko, une professeur de français de ma région et une personne qui s’investit avec toute son âme et son coeur au développement des relations amicales entre la Russie et la France. A Toulouse je n’avais pas l’intention d’exposer des tableaux. Mais au lycée Saint-Sernin, j’ai travaillé auprès d’un professeur, Jean-Marie Pieri, passionné par la culture russe et plus précisément par l’art et la peinture. Or, le lycée Saint-Sernin possède un très bel hôtel particulier, l’Hôtel du Barry, dévolu aux concerts et aux expositions. Ce professeur et la proviseure du lycée, Michèle Pointet, m’ont proposé de présenter mes oeuvres. Mr. Pieri m’a même donné une dizaine de toiles inutilisées et laissées il y a quelques années par un artiste soviétique qu’il connaissait. J’ai donc réalisé des peintures à l’huile, des paysages représentant le Pont-Neuf ou la Basilique Saint-Sernin… L’exposition s’appelait “La vie en rose”. Mes élèves ont ainsi découvert la culture de ma région grâce à mes activités artistiques. C’était ma première exposition en France, à l’hiver 2014.

Puis j’ai passé plusieurs mois à Dijon où je n’ai pas exposé mais j’ai continué à travailler. J’ai participé à l’élaboration d’un projet attrayant, insérer l’art contemporain dans les vignobles bourguignons. J’ai visité de nombreux châteaux et de ces rencontres avec les viticulteurs j’ai élaboré une série de paysages sur la Bourgogne. Les variations de couleurs automnales de la Côte-d’Or étaient parfaites et s’intégraient parfaitement aux cadres dorés que j’affectionne. Actuellement j’ai un autre projet sur la Bourgogne, en espérant que cela va se concrétiser.

 

Série « Dans les vignobles Bourguignons », 38x57 cm; 2015. Peinture sur soie. Photo par Christopher Powell
Série « Dans les vignobles Bourguignons », 38×57 cm; 2015. Peinture sur soie. Photo par Christopher Powell

 

Puis vous êtes arrivée à Paris cette année…
Daria Tikhomirova: Dans la capitale, je devais écrire mon mémoire et j’étais en stage. De fait je n’ai pas beaucoup eu le temps de peindre bien que j’ai visité de nombreux musées, Orsay, Marmottan Monet, l’Orangerie et le musée Rodin dont la réouverture est toute récente.
Mais à Paris j’ai rencontré Jean Couturier, un homme passionné par la culture, l’art, la danse et le théâtre. Je lui ai montré mes tableaux représentant des ballerines, il a adoré et il m’a parlé d’une excellente idée, celle d’exposer mes tableaux représentant des danseuses aux côtés de ses photographies d’intérieurs du théâtre Bolchoï. Finalement, nous avons exposé dans un salon de thé très cosy, le Queen Ann. Puis un jour, en sortant de ce salon de thé, je suis passé devant l’Uniq Lounge, juste à côté du Queen Ann, un restaurant plus grand et qui propose également des expositions, tous les mois. Des vernissages s’y déroulent, Les lundis artistiques. Je n’ai pas hésité à m’y inscrire. L’endroit est parfait : les murs de pierre de l’Uniq Lounge se conjuguent aux couleurs chatoyantes de mes peintures sur soie. J’y expose des tableaux de mes cycles sur la Bourgogne et sur les danseuses. La moitié des peintures ont été conçues spécialement pour cette exposition. Je me plais à Paris et j’espère avoir la chance de montrer mon travail dans d’autres endroits.

 

« Début d'été », 44,5x43,5 cm; 2015. Peinture sur soie avec l'effet 3D. Photo par Christopher Powell
« Début d’été », 44,5×43,5 cm; 2015. Peinture sur soie avec l’effet 3D. Photo par Christopher Powell

 

Vos oeuvres sont optimistes, des paysages riches de couleurs avec beaucoup de fleurs. D’où vient votre inspiration?
Daria Tikhomirova: Mon père, Alexandre Tikhomirov, et ses oeuvres sont évidemment ma première source d’inspiration. Ayant inventé et breveté un nouveau courant d’art, « Okonopis », il est novateur dans son domaine et ses conseils en tant que père et professionnel sont précieux pour moi. C’est lui qui m’a donné envie de me tourner vers l’art et la peinture. Puis j’apprécie de nombreux créateurs, Klimt, dont j’essaye d’imiter et de reprendre les éléments décoratifs.
J’aime également Alfons Mucha. J’adore sa façon de dessiner les femmes slaves et ses ornements telles les fleurs.
J’admire également les impressionnistes, Monet, Berthe Morisot, et les arts antiques, grecs et égyptiens.
Comme je suis danseuse, la musique m’inspire beaucoup, sans oublier les voyages. J’ai eu l’opportunité d’aller au Canada, en Chine, en Corée du Sud, en Turquie, au Chili mais aussi aux Pays-Bas (j’ai découvert Van Gogh), en Espagne, en Italie, en Autriche et en Pologne.
En ce qui concerne le message de mes œuvres, il est simple. Je veux donner le sourire et refléter la beauté de la vie.

Propos recueillis par Christophe Dard.

 

LIENS:
STARTER Gallery : http://www.startergallery.com/183/daria-tikhomirova
Nouvelle Epoque : http://www.artnewera.com/Daria-1.html
Facebook : https://www.facebook.com/Daria-Tikhomirova-1535639293389443/?fref=ts
Twitter : https://twitter.com/dashkodove
Instagram : artist_tikhomirova_daria

 

INFORMATIONS PRATIQUES:
Daria Tikhomirova
Jusqu’au 7 décembre 2015
Uniq Lounge
7 rue Simon le Franc 75004 Paris
www.uniqlounge.com/

[Live Report] Dans le fantastique son de David Lynch à la Philarmonie
[Live Report] Arras Film Festival 2015 : Jour 2
Avatar photo
Christophe Dard
Titulaire d’un Master 2 d’histoire contemporaine à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Christophe Dard présente les journaux, les flashs et la chronique "L'histoire des Juifs de France" dans la matinale (6h-9h) sur Radio J. Il est par ailleurs auteur pour l'émission de Franck Ferrand sur Radio Classique, auteur de podcasts pour Majelan et attaché de production à France Info. Christophe Dard collabore pour Toute la Culture depuis 2013.

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration