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« Golden Age » : des trésors flamands à découvrir au Fort de Bard

« Golden Age » : des trésors flamands à découvrir au Fort de Bard

02 February 2016 | PAR Yaël Hirsch

C’est au cœur de la plus grande forteresse des alpes, le Fort de Bard, que l’on peut découvrir des trésors de l’âge d’or flamand signés Breughel, Jordaens, Ruben ou encore Ruysdael. Issues des collections privées du duc de Lichtenstein et de la collection Hohenbuchau , ces 114 trésors nichés dans les salles des anciens canonniers du fort représentent les différents types de peintures flamandes au 17e siècles. A voir avant le 2 juin 2016.

Monter au fort de Bard est une aventure où l’on sent, très proche, le souffle de l’Histoire. ce n’est pas un hasard si une partie du film Avengers, L’ère de l’Ultron y a été tourné (lire notre critique)! Au-dessus du village médiéval de Bard, on prend de la hauteur le long des puissantes murailles avec des ascenseurs panoramiques qui ouvre sur une vue à couper le souffle. Reconstruit au 19e siècle par la famille de Savoie pour protéger le Val d’Aoste après que Napoléon a assiégé et rasé sa dernière mouture, cette forteresse – la plus grade des alpes- s’est transformée depuis 2006 en lieu de vie et de culture.

En plus d’un parcours d’art contemporain le long des trois grandes « œuvres » (ou bâtiments) du château, de l’œil anthropologique du Musée des Alpes (qui a sa mouture interactive drôlement bien faite pour les enfants) et du tout nouveau Musée des Frontières qui réfléchit à partir des Alpes à cette notion géopolitique et humaine clé, le Fort accueille plusieurs expositions temporaires : Question photo, chaque année, on y expose les lauréats du Wildlife Photographer of the Year et en ce moment la jeunes plasticienne Marzia Migliora est en résidence dans les écuries.

L’exposition reine de ce foisonnement culturel à l’intérieur des murailles du Fort de Barde est « Golden Age ». Deux ans après avoir exposé « Les Trésors du Prince », 80 chefs d’œuvre tirés de la collection du prince Hanz Adam II de Liechtenstein, le Fort expose à nouveau des trésors venus du Musée du Lichtenstein, à travers 118 toiles issues des réserves du Prince et de la collection du Hohenbuchau, réunie par Otto Christian et Renate Fassbender.

Organisée en 7 salles dans un cocon jaune doré arrangé dans l’espace laissé par les anciens canons du fort, l’exposition donne à voir chefs d’œuvre sur chef d’œuvre. Elle est structurée de manière à interroger tous les genres de l’art flamand de l’âge d’or : portrait, paysage, natures mortes et pronks, scènes d’intérieur, scène historiques… Le Persée et Andromède de Rubens côtoie le Sacrifice d’Isaac de Cranach. Du côté du portrait, on se plonge dans les visages peints par van Dyck et l’on croit reconnaître Jordaens lui-même dans l’évocation très vivante qu’il fait d’un musicien. Apaisants et éternels, les paysages de Ruysdael côtoient les peintures de sous-bois plus maniérées et pleines de papillons de Van Schrieck.

Du côté de l’intime, les scènes d’intérieur ultra-précieuses de Gérard Dou et les visages fin de David Teniers sont aussi mystérieux que doux, tandis que du côté de l’Histoire, l’artiste allemand Johann Heiss évoque la vie d’un autre grand conquérant passé par les Alpes : Hannibal. L’exposition permet également de se rendre compte de l’importance des collaborations artistiques à l’âge d’or, avec dès l’entrée le travail conjoint de Seghers et De Vos, l’un enguirlandant magnifiquement les portraits de l’autre, ou bien un peu plus loin à travers le travail conjoint paysages/portraits de Jan Tilens et Hendrick van Balen. Enfin, si « L’Âge d’or » concerne avant tout l’art flamand, l’Italie est très présente dans cette exposition, notamment à travers la lumière qu’en rapportent les peintres flamands partis faire leur voyage initiatique à Rome, et une magnifique toile du Tintoret, portrait d’un aristocrate avec son fils qui perme de comparer l’art flamand et la manière italienne de peindre à la même époque.

Une exposition vraiment et parfaitement faire « d’or » à découvrir dans un lieu européen exceptionnel où tout est organisé, hôtel compris, pour que vous puissiez un week-end hors du monde, pour mieux en repenser les contours, inspirés par la présence puissante des Alpes.

Visuels : affiche et photo officielles du Fort de bard / photos YH

Infos pratiques

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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