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Fragonard Amoureux : galant et libertin

Fragonard Amoureux : galant et libertin

16 September 2015 | PAR Sandra Bernard

Du 15 septembre 2015 au 24 janvier 2016, le Musée du Luxembourg propose une exposition monographique sur Fragonard. L’illustre artiste, maître de la sensualité, est ici abordé sous le thème de l’amour mythique, charnel et moral.

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Comme le rappelle le commissaire d’exposition Guillaume Faroult, conservateur en chef, en charge des peintures françaises du XVIIIe siècle et des peintures britanniques et américaines du musée du Louvre, l’on ne sait que très peu de choses sur la vie intime de Fragonard. Sa correspondance et ses contemporains évoquent un mari aimant et un bon père de famille, bien loin de l’image sulfureuse d’homme à femmes que lui ont forgé ses biographes au XIXe siècle.

Si cette image sulfureuse colle si bien à la peau du divin “Frago”, c’est bien parce que celui-ci, à nul autre pareil, a su dépeindre avec autant de vérité et de gourmandise les plaisirs sensuels de la chair. Dans la moindre de ses productions, même licencieuse, il insuffle du sentiment là où d’autres se contenteraient d’une facile débauche de grivoiserie, basculant facilement dans la pornographie.

Élève de Chardin puis de Boucher, il dévoile très tôt un talent hors norme dû à sa forte sensibilité.

Fragonard peint comme certains font l’amour : avec vigueur, emportement, il étale la matière picturale comme d’autres empoignent les chairs roses et lumineuses des belles alanguies. La touche Fragonard est là, emportée, floue, empâtée, que ses détracteurs n’hésitent pas à nommer “tartouilli”. D’autres oeuvres, plus léchées, ne cachent pas leurs influences rambranesques où encore, l’apport de la peinture anglaise introduite par l’anglophilie forcenée des Lumières.

Pourtant, tout n’est pas rose dans l’art de Fragonard. Au détour d’une étable, c’est une bien sinistre scène qui se déroule, ou encore, jaillissant d’un édredon, c’est un maître arrogant qui s’applique à abuser de sa jeune chambrière …

Malgré ses nombreux succès, Fragonard subit également les coups du destin comme la mort précoce de son ami et complice Baudouin, emporté dans la fleur de l’âge ; ses tableaux refusés par la favorite de Louis XV ou encore, l’impossibilité d’illustrer des romans et autres fables.

Traversant près d’un demi siècle de création, l’oeuvre de Fragonard est protéiforme. Il débute avec de charmantes “bergeries galantes” avant de triompher avec ses peintures libertines dont l’iconique “Les Hasards heureux de l’escarpolette”. Quand la période libertine s’essouffle, il revient aux scènes plus galantes, préfigurant sa production tardive plus moralisatrice. C’est toute la variété autour de son pinceau et des nombreuses manières dont il a évoqué le sentiment amoureux qui sont présentés dans la présente exposition. Les oeuvres de Fragonard illustrent les aspirations sentimentales de la seconde moitié du XVIIIe siècle. L’on regrette toutefois l’absence des portraits de famille de Fragonard où l’on aurait pu admirer son sentiment amoureux à l’égard de ses proches.

Cependant, la qualité exceptionnelle des oeuvres présentées, parfois pour la première fois depuis le XVIIIe siècle, ainsi que l’évocation d’aspects moins connus du travail de Fragonard comme les illustrations et les peintures plus morales de la fin de sa vie, justifient grandement le déplacement.

Informations pratiques :

Fragonard amoureux : galant et libertin, Musée du Luxembourg, du 16 septembre 2015 au 24 janvier 2016.

Visuels : (c) Sandra BERNARD

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