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Exposition Euro-punk:  Entre crise identitaire et dictature graphique

Exposition Euro-punk: Entre crise identitaire et dictature graphique

08 November 2013 | PAR Mélanie Taverny

Après Rome, Charleroi et Genève, l’exposition «Euro-punk» à la Cité de la Musique revient jusqu’au 19 janvier et remet en route de manière graphique et ludique la révolution artistique Punk entre deux périodes: 1976 à 1980. Retraçant des idéaux politiques et économiques mal connus de tous, on découvre l’Europe sous un angle «punk» dans un contexte de crise où les folies et les écarts sont de mise.

A tant vouloir chercher et définir le mouvement Punk, c’est derrière la vitre d’un studio de musique spécialement conçu pour l’exposition que l’on peut apercevoir sur un poster: «Ils sont tous Punk: Pour la forme : maquillage outrancier, cheveux ras, épingles de nourrices toutes dimensions. Pour le fond : goût de la violence, rejet de toutes les valeurs établies. Nostalgie du nazisme. C’est ça les «punks». Un nouveau produit d’exportation dont les Britanniques ne sont pas fiers du tout». Bien plus qu’une rétrospective, entre œil écarquillé et bouche grande ouverte, nous voilà plongés dans l’univers Punk. La musique et tout ce qui s’en rapporte sont explicités, allant des affiches de concerts, des tracts, des maquettes et des vidéos. Le 1er tableau qui frappe à l’entrée est certainement l’un des plus connus du mouvement punk, l’illustrant à merveille.  C’est celui de Jamie Reid; montrant la reine d’Angleterre, les yeux barrés d’un «God Save the Queen» pour la sortie du 45 tours des Sex Pistols (1977). Bien menée, l’exposition part du plus hard au plus soft! On commence en 1976, par les Sex Pistols qu’on entend en boucle lors d’un concert pour finir par le groupe Joy Division qui nous chante «Transmission» en 1980. Ces deux sonores qui cloisonnent chronologiquement l’exposition laissent tout de même un temps de pause visuel entre plusieurs télévisions agglutinées les unes aux autres au milieu de la salle autour d’une timeline dense et informative.

Purement graphique, le mouvement punk s’illustre à travers des pochettes d’albums, des tracts de concerts et des vêtements. On y est, on se retrouve presque dans la frénésie de l’époque à vouloir donner des tracts dans la rue. Entre la célèbre affiche jaune poussin et rose fuchsia de tournée des Sex Pistols et une chemise exposée «no future democracy» de Malcom McLauren et Vivienne Westwood de 1977, tout y est! La démarche contestatrice est en marche là où on peut la montrer. Le mouvement punk revendique une déstructuration autour d’un esthétisme à contre courant prononcé avec des collages bruts et éparpillés aux couleurs flashis. On passe un message par un slogan, une affiche. L’affiche d’un concert de 1979 «Rock against religion» et celle d’un collage de Jamie Reid avec une Marianne brandissant une banderole «I Hate French cooking» en sont la preuve. L’idée est de montrer visuellement leurs contestations, leurs envies par l’attitude punk. Participative, cette exposition suscite également tous nos sens, entre la vue, l’ouïe et le toucher. La mise à disposition de Jukebox par exemple permet d’écouter de la musique punk de tous les pays, espagnole comme yougoslave en ouvrant notre horizon musical de la musique punk.

Cette exposition dense et explicative ne fait pas des Punks, des gens «pommés» ou «ratés» comme on pourrait le traduire littéralement. Mais plutôt des individus s’ancrant dans des mouvements contestataires en période de crise à travers une époque politique et musicale retracée par différents mouvements. Notamment le DIY ( Do it yourself) proposant une approche révolutionnaire des images suivant le principe de l’urgence, ou encore le WTF (What the fuck) qui se base sur la régression, une des stratégies essentielles d’un nihilisme punk détournant des signes forts comme les croix gammées naziies La révolution artistique de ce mouvement est à découvrir ou à redécouvrir le temps d’une exposition datée autour de l’effervescence créative d’une contre-culture.

Visuel : © Exposition Euro-punk.

Infos pratiques

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Mélanie Taverny

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