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[EXPO] Villette 100%: pourquoi il faut s’y précipiter

[EXPO] Villette 100%: pourquoi il faut s’y précipiter

30 March 2016 | PAR Araso

Une exposition inclassable sort complètement du cadre: il s’agit de 100% à la Villette. Sur fond de haute technologie, de réalité virtuelle et d’ondes magnétiques, dans la lignée d’une tendance amorcée fin 2015 (“Cosa Mentale” toujours à Pompidou Metz, “Persona” en ce moment au Quai Branly), l’exposition sous-titrée “21 artistes hors-cadre” fera le bonheur des geeks, des enfants, et d’un public à la rétine saturée. Un must-see absolu. 

[rating=5]

Il est difficile de décrire ce que l’on trouve à 100%, une exposition pensée comme un laboratoire géant d’art aux accents technologiques, occultes, entre memento mori moderne et jeu video. Le centre névralgique se trouve sous la grande halle, se poursuit à la Folie L5 et au WIP. De nombreux artistes et oeuvres sont issues de la Rijksakademie d’Amsterdam et du Fresnoy, le studio national des arts contemporains de Tourcoing, sorte de Villa Medicis High Tech.

Danser avec les ombres

Un fil conducteur semble guider les artistes connus et moins connus, jeunes et moins jeunes. L’entrée se fait par la grande halle avec un préambule sous occulus rift imaginé par l’artiste videaste Geoffrey Lillemon qui joue avec les codes du macabre dans une esthétique psychédélique. Son travail parle de cette époque, de cette génération de digital natives et de la façon qu’ont nos sociétés d’aborder la finitude et la mort. Sa promenade jouissive extatique comme un parcours en laboratoire sous acide se déguste au double casque (visuel et audio) et les novices de la réalité virtuelle toucheront (enfin!) du doigt ce nouveau monde auquel seule la technologie donne accès. On recommande d’ailleurs vivement aux non-initiés de ne pas s’immerger plus d’un quart d’heure, et de faire l’exercice si possible à la fin de l’expo: le conflit entre environnement en mouvement et corps assis immobile vient taquiner l’oreille interne.

A l’intérieur, c’est le chorégraphe Christian Rizzo que l’on retrouve avec “Fom1“, qui fait danser un spectre tout en projection lumineuse et fond musical mystique, une merveille de poésie et de sublimation. Xavier Veilhan réfléchit à l’occulte à grand renfort d’ampoules pour un tableau mouvant tout en lumière dans “Light Machine (Music)“. Dans la lignée de leur travail sur l’univers et la perception des ondes, Cécile Beau et Nicolas Montgermont proposent “Radiographie”, une installation sonore et video qui transcrit les fréquences perçues en dessins lumineux sur écran panoramique. Enfin, le troublant jeu d’ombres de la lettone Kate Krolle, issue du Fresnoy, est à la fois une cérémonie à la vie et une ode à la mort qui fait apparaître et disparaître des corps dans une étreinte.

Jouer avec le vivant

D’autres installations s’inscrivant dans le même questionnement autour de la vie et de notre façon d’aborder la mort s’inscrivent dans une dynamique plus ludique. Ainsi, l’artiste polonaise Karina Smiglia-Bobinsky qui vit et travaille à Berlin et Munich a imaginé une bulle géante pourvue de tétons en carbone que l’on promène dans l’espace pour écrire des messages subliminaux du sol au plafond en passant par les murs: aucune histoire ne s’écrit sans se salir les mains. Le metteur en scène et plasticien belge Kris Verdonck imagine avec sa compagnie A Two Dogs Company deux installations dont “Isos” qui met en scène des personnages virtuels, en 3D, animés, à observer par la lorgnette au sommet d’une boîte. Ces petits rats de laboratoires humanoïdes qui gigotent dans leur cellule ont un regard qui n’a pas fini d’interpeler. Même ce sac en plastique suspendu aux caprices d’un ventilateur semble vouloir dire quelque chose. Entre autres exemples de ce parcours qui traite des sujets les plus graves avec une bonne dose d’auto-dérision et d’humour, l’installation de Neïl Beloufa à qui le Palais de Tokyo a consacré une exposition solo en 2012, est un théâtre dans le théâtre où des adolescents se confrontent à l’amour.

L’exposition est ouverte tous les jours jusqu’à minuit, sauf le dimanche jusqu’à 20h (fermée le lundi). Le staff sur place est absolument adorable et très bien informé. Les billets sont à 8 euros en plein tarif, 5 euros en réduit et gratuits pour les détenteurs d’un billet spectacle du festival 100% ou d’une carte Villette. On aurait bien tort de s’en priver.

Visuels © Araso

 

 

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