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“Eugène Boudin. L’atelier de la lumière” au MuMa du Havre

“Eugène Boudin. L’atelier de la lumière” au MuMa du Havre

03 May 2016 | PAR Sandra Bernard

Le musée d’art contemporain André Malraux du Havre propose, dans le cadre du festival Normandie impressionniste, une grande exposition rétrospective consacrée au peintre Eugène Boudin (1824-1898), proche de Monet et infatigable explorateur de la lumière.

Fils de matelot, né à Honfleur, Eugène Boudin est particulièrement connu pour ses marines du Havre et d’autres grandes villes portuaires en Europe. S’il est indéniable que les marines sont un de ses sujets de prédilection, il est maintenant certain que ces sujets étaient surtout des prétextes pour ses études de la lumière. D’autre part, les marines étaient assez prisées par la bourgeoisie, assurant à Boudin un revenu décent.

Depuis ses débuts, Boudin est fasciné par la lumière et ses effets sur les personnes et les objets. Observateur attentif, il reproduit moult effets de lumière suivant les saisons, les heures, la météo. Peu à peu, au fil de ses séries, sa palette évolue, les formes se transforment, se simplifient avec moins de détails, moins d’effets. Peintre de la lumière, il travaille généralement sur le motif, avant de terminer sa toile en atelier. Ses recherches le poussent à expérimenter et répéter inlassablement des motifs d’apparences similaires.

Ainsi, il est l’un des premiers à traiter un motif de manière sérielle, influençant les impressionnistes, notamment Monet dont il était très proche. A son sujet, Monet dira à sont biographe qu’il doit tout à Boudin, que l’on tend à qualifier de “père de l’impressionnisme”. Ses expériences le conduisent à délaisser progressivement le sujet pour la couleur pure, incarnation de la lumière. Perplexe, il s’arrête au seuil de l’abstraction pour retourner vers une peinture oscillant entre nabi et symbolisme.

De temps à autre, il s’ essaie à des sujets plus mondains, espérant trouver ainsi des débouchés commerciaux, c’est le cas de ses toiles représentant des élégantes en crinolines, ondulant à Deauville à la fin du Second Empire. Mais la facture de ses toiles ne correspond pas aux goûts de cette riche clientèle. Il se rabat sur des sujets plus personnels évoquant la vie des pêcheurs. Il fait également des envois réguliers pour le Salon de Paris ainsi que pour des expositions dans d’autres villes : Rouen, Bordeaux, etc. Il rencontre un franc succès pour ses marines, mais la critique lui reproche de se répéter dans ses motifs. Critiques qu’il balaie d’un revers de main affirmant qu’il n’a déjà pas assez de temps pour ses études, alors il ne va pas en perdre à recopier ce qu’il a déjà fait. Son chromatisme évolue avec le temps, passant de forts contrastes à des nuances plus grises puis argentées. Vers la fin de sa vie, il découvre Venise et le sud de la France avec cette lumière chaude. Une fois encore, sa palette se modifie, dévient plus éclatante. Il admire les couleurs de Monet mais ne s’y risque que rarement. A la fin de sa carrière, de moins en moins soucieux de sa réputation, il se lance à corps perdu dans la création et ses recherches.

Première exposition rétrospective de grande ampleur depuis 1906, le MuMa possède plus de 300 œuvres de Boudin, dont son fonds d’atelier, cette exposition thématique permet de dévoiler en 200 œuvres une face moins connue de cet artiste de la lumière, précurseur en bien des domaines mais qui s’est toujours refusé à se définir comme impressionniste. Loin du “simple peintre de marines” la présentation des travaux préparatoires, des crayonnés, pastels, aquarelles à côté des tableaux terminés permet de mieux appréhender sa démarche artistique et de plonger dans son monde chromatique.

A l’occasion de l’exposition, le MuMa à mis en place plusieurs outils numériques disponibles sur le site du musée.

Informations pratiques :

EUGÈNE BOUDIN, L’ATELIER DE LA LUMIÈRE, DU 16 AVRIL AU 26 SEPTEMBRE 2016

Musée d’art moderne André Malraux – MuMa
2 boulevard Clemenceau
76600 Le Havre
Tél. : 0033 (0)2 35 19 62 62

Infos pratiques

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Sandra Bernard
A étudié à l'Université Paris Ouest Nanterre la Défense l'Histoire et l'Histoire de l'Art. Après deux licences dans ces deux disciplines et un master recherche d'histoire médiévale spécialité histoire de l'Art dont le sujet s'intitulait "La représentation du costume dans la peinture française ayant pour sujet le haut Moyen Âge" Sandra a intégré un master professionnel d'histoire de l'Art : Médiation culturelle, Patrimoine et Numérique et terminé un mémoire sur "Les politiques culturelles communales actuelles en Île-de-France pour la mise en valeur du patrimoine bâti historique : le cas des communes de Sucy-en-Brie et de Saint-Denis". Ses centres d'intérêts sont multiples : culture asiatique (sous presque toutes ses formes), Histoire, Histoire de l'Art, l'art en général, les nouveaux médias, l'art des jardins et aussi la mode et la beauté. Contact : sandra[at]toutelaculture.com

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