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Derniers Jours : Sur la mauvaise pente, dans le cadre de la saison Nouvelles Vagues au Palais de Tokyo – Galerie de Roussan

Derniers Jours : Sur la mauvaise pente, dans le cadre de la saison Nouvelles Vagues au Palais de Tokyo – Galerie de Roussan

23 July 2013 | PAR La Rédaction

Sur l’invitation du Palais de Tokyo à « repenser le format de l’Exposition » la galerie de Roussan a fait appel à la curatrice Nabila Mokrani, et propose aux artistes et visiteurs de venir mettre un (ou plusieurs) pieds sur la mauvaise pente jusqu’au 27 juillet.

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Nouvelles vagues, mauvaise pente… Neuf artistes ont été choisis pour leur audace et leur vivacité, et dont les œuvres présentées à cette occasion viennent composer une exposition rythmée… aussi harmonieuse – de par ses différences, les œuvre trouvent une correspondance – que dissonante – de par ses mêmes divergences, de formes, de médiums, et scénographie.

Car la scénographie, en plus de simplement donner à voir les œuvres d’une façon « différente » s’attaque aussi à l’architecture … de la galerie : en activant un lien vivant -et donc mobile – entre les œuvres (en donnant naissance à l’exposition, donc) une action se produit aussi sur la forme qui, ne les accueille plus simplement, mais s’hybride avec les œuvres mêmes. Bref, une transformation de la galerie s’opère par l’accrochage des œuvres en son sein. Des œuvres coeur et membres de ce qu’elles génèrent. Tout se meut, car c’est une exposition vivante. Un système qui s’agite, comme un corps.

Dès l’entrée on aperçoit la peinture « enroulée » de Laurence Papouin, comme traversée d’une flèche. On pénètre dans une dynamique. Sens dessus, sens dessous. Elle dérange – la peinture à l’huile de Claire Chesnier, forme géométrique presque parfaite, a ce quelque chose de déstabilisant – elle renverse, la chaise retournée avec la télévision, trouvaille de la curatrice pour montrer la vidéo de Isabelle Wenzel. Les mondes en miroirs de Pablo Delgado.. À l’envers ? Que révèlent-t-ils?

L’exposition est aussi drôle – “La chute sans fin” d’Isabelle Wenzel, l’installation d’Esther Ferer « L’art en marche » dans laquelle on voit… l’invisible? Un mouvement vers.. mais quoi? Quelque chose d’insaisissable, qui perturbe les sens et les repères. L’installation de Joël Andrianomearisoa, comme un labyrinthe de draps noirs, vient redéfinir l’architecture même de la galerie. Où se trouve-t-on ? Dans des coulisses? Un jeu ?  Ou plutôt un mur de tissus, déstabilisant et glissant.

L’exposition est instable, donc, et met le regard au centre : il est stimulé de façon multidirectionnelle, jusqu’à traverser les murs. Le projecteur de Michel Verjux du sol au plafond, perce le rez-de-chaussée de la galerie. Dans ce sous-sol, métamorphosé, on sent ce jeu pré-existant à l’étage, un jeu autour de l’excitation. Comme celle qui arrive lorsque l’on pressent une catastrophe (climatique) – ou précédant un événement exceptionnel. Un événement qui nous dépasse. « Kintsugi », l’œuvre de Stéphane Perraud, en évoquant l’orage, ajoute à ce (pres)sentiment électrique.

Être sur la mauvaise pente, c’est bien être là, juste avant cet événement, pris dans un mouvement, vers lequel on est amené, irrémédiablement. La fin de la pente pour l’instant n’existe pas, et c’est bien pour cela que le moment dans lequel se trouve l’exposition est une expérience intense, et qui décuple sa charge. On est sur la pente, profitons-en.

On pourrait y voir aussi un mouvement négatif : aller irrémédiablement à sa propre perte. Y courir même. On est bien dans une idée de renversement de valeurs, une altération des repères. Générés par les œuvres même. L’œuvre d’art en général.

Peintures, sculptures, installations, vidéo… Sur la mauvaise pente est un éclatement des formes.

Une éclate.

Caroline Boudehen.

Visuels : courtesy galerie de Roussan

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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