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De la caricature à l’affiche politique et sociale, trois expositions au coeur de l’actualité à voir en ce moment à la Cité internationale de la bande-dessinée d’Angoulême !

De la caricature à l’affiche politique et sociale, trois expositions au coeur de l’actualité à voir en ce moment à la Cité internationale de la bande-dessinée d’Angoulême !

28 October 2016 | PAR Magali Sautreuil

En pleine période électorale française et américaine, la politique est au cœur de toutes les pensées, y compris de celles de la Cité internationale de bande dessinée et de l’image d’Angoulême. Pour ne pas être en reste, cette dernière propose en ce moment au public trois expositions, qui explorent les mondes de la caricature, de la communication politique et de la mémoire.

Inaugurées le 25 octobre dernier, ces expositions sont toutes les trois étroitement liées. Deux ont un lien particulièrement fort : « Suivre Charlie : dessin, citoyenneté et liberté d’expression » et « Un siècle d’affiches politiques et sociales en bande dessinée ».

La première a investi la rotonde du vaisseau Moebius, dont elle a épousé la forme. Vingt panneaux didactiques richement illustrés, imprimés sur kakemonos, invitent le public à un tour d’horizon de l’histoire de la caricature, arme privilégié de la contestation politique et de dénonciation sociale. Fruit de la collaboration entre la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image, la DRAC Poitou-Charentes et le réseau Canopé Charentes 16, cette exposition à destination des scolaires fait suite à l’attentat du 7 janvier 2015 perpétré contre le journal satirique Charlie Hebdo. Cet attentat, qui a marqué les esprits, remettait en cause notre droit fondamental à la liberté d’expression. ¼ des panneaux est d’ailleurs consacré à Charlie Hebdo et à « son grand-frère bête et méchant » Hara-kiri. Mais l’exposition va au-delà de l’histoire de la caricature en abordant les thèmes de la liberté d’expression, de la censure, du blasphème et de la laïcité, des notions aussi complexes que polémiques. Elle constitue de ce fait une bonne entrée en matière à l’exposition sur les affiches politiques et sociales. C’est d’ailleurs sa raison d’être.

« Un siècle d’affiches politiques et sociales en bande dessinée » est la grande exposition du moment de la Cité. Elle est présentée au sein même du musée de la bande-dessinée et nous invite à découvrir cet aspect méconnu du neuvième art à travers une sélection de 90 affiches issues de la collection personnelle de Michel Dixmier. Retraité de l’Éducation nationale et passionné par la presse, l’affiche et la caricature, ce dernier collectionne depuis une cinquantaine d’années revues satiriques et documents politiques, une passion dévorante et envahissante, qu’il partage aujourd’hui avec le public du musée de la bande-dessinée. La présentation sobre et efficace met bien en valeur les affiches, réparties en quatre sections différentes. Toutefois, ne vous laissez pas tromper par cette apparente sobriété, la compréhension de ces affiches n’est pas toujours des plus aisées. Afin de déchiffrer le message qu’elles véhiculent, n’hésitez pas à suivre une visite guidée de l’exposition si cela est possible. La première partie est plutôt traditionnelle, puisqu’elle suit  un parcours chronologique. Sont exposées presque toutes les affiches de propagande de 1890 à 1945. Ce sont majoritairement des affiches de Droite, conçues à la manière d’images d’Épinal. Celles-ci étaient à l’époque considérées comme des images populaires de bon aloi et seyait donc parfaitement à la communication d’une Droite catholique bien pensante. En revanche, les trois sections suivantes présentent une infime partie des affiches produites post 1968. À l’inverse des premières, celles-ci émanent plutôt de la Gauche. Elles sont réparties selon un découpage thématique, ce qui donne quelque chose d’un peu bancal. Deux sections sont présentées en miroir : l’une traite du détournement de personnages de bande-dessinée à des fins militantes, tandis que l’autre présente des affiches anonymes utilisant les codes de la bande-dessinée afin de véhiculer un message. La bande-dessinée est alors perçue comme un art, intelligible par tous, une sorte de langage universel. L’exposition se termine sur des dessins de presse. Certains ont été réalisés par des dessinateurs de Charlie Hebdo aujourd’hui disparus comme Cabu et font ainsi écho à l’exposition du vaisseau Moebius « Suivre Charlie ». Tous les thèmes sont abordés : le chômage, l’écologie, la femme… mais aussi et avant tout la politique. Droite et Gauche sont logées à la même enseigne car toutes deux dénoncées.

Enfin, perdue dans un coin du musée, une troisième exposition est consacrée aux « Portraits debout »  du lillois Frédéric Logez, sorte de « carte blanche » donnée à l’artiste. Ces impressionnants portraits occupent quasiment toute la hauteur des murs et sont d’ailleurs pensés à cet effet. Ce sont des tranches de vie de gens méconnus que nous livre le dessinateur, des fragments d’histoire qui rejoignent la grande Histoire et qui lient cette « carte blanche » aux deux autres expositions. Ces portraits suivent tous le même schéma : l’identité de la personne représenté en pied, debout, est inscrite en haut à gauche, tandis que sur la droite sont repris des éléments biographiques sur le mode de la bande-dessinée. Sont ainsi représentés neuf personnes disparues ayant réellement existé, répartis en quatre groupes distincts constitués de deux diptyques et de deux triptyques. Les deux diptyques relèvent de la mémoire familiale. L’un est consacré à la tante et à la grand-mère de l’artiste, Olympe Caron et Andrée Valdiguié, et renvoie à l’émancipation de la femme. L’autre représente un couple d’immigrés italiens de Douai, Iva et Vincent Sabatelli. Ce sont les deux premiers portraits d’une série sur l’immigration qui est en cours de réalisation. Quant aux deux triptyques, l’un est composé de Douglas Grant, Henry Louis Norwest et de Simon Fraser, trois soldats américains morts à la bataille d’Arras le 9 avril 1917, tandis que l’autre est dédié à trois peintres médiumniques du Nord de la France : Fleury Joseph Crépin, Augustin Lesage et Victor Simon. Ces neuf portraits ne sont qu’un avant-goût de la série des « Portraits debout ». L’artiste entend poursuivre son travail de recherche en réalisant également des portraits de personnes encore en vie. Attendons encore un peu pour voir exposer une véritable forêt de portraits ! Vous pouvez également soutenir le projet du dessinateur en lui achetant un de ces portraits.

Ce sont donc non pas une, mais trois expositions complémentaires que vous pourrez aller voir jusqu’au 31 décembre 2016 à la Cité internationale de la bande-dessinée et de l’image d’Angoulême, trois expositions politiques qui nourriront vos réflexions non seulement en vue de votre vote aux prochaines élections, mais aussi sur notre société.

Souhaitons que les prochaines expositions de Cité soient également conçues de manière à créer un dialogue entre elles.

Informations pratiques :

Les trois expositions mentionnées sont présentées du 25 octobre au 31 décembre 2016, à la Cité internationale de la bande-dessinée et de l’image d’Angoulême.

« Suivre Charlie : dessin, citoyenneté et liberté d’expression », exposition située dans la rotonde du vaisseau Moebius, disponible à l’itinérance pour les établissements scolaires et les bibliothèques, réalisée par Jean-Philippe Martin, Thierry Groensteen et Jean-Pierre Mercier, avec le soutien de la DRAC Poitou-Charentes et du réseau Canopé Charentes 16.

« Un siècle d’affiches politiques et sociales en bande-dessinée », exposition située à l’entrée du musée de la bande-dessinée, réalisée par Thierry Groensteen et Michel Dixmier, grâce au prêt exceptionnel de la collection personnelle de ce dernier.

« Portraits debout », « carte blanche » donnée au lillois Frédéric Logez, située à l’intérieur du parcours d’exposition permanente du musée de la bande-dessinée.

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Magali Sautreuil
Formée à l'École du Louvre, j'éprouve un amour sans bornes pour le patrimoine culturel. Curieuse de nature et véritable "touche-à-tout", je suis une passionnée qui aimerait embrasser toutes les sphères de la connaissance et toutes les facettes de la Culture. Malgré mon hyperactivité, je n'aurais jamais assez d'une vie pour tout connaître, mais je souhaite néanmoins partager mes découvertes avec vous !

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