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Cézanne « Le chant de la terre », à la Fondation Gianadda

Cézanne « Le chant de la terre », à la Fondation Gianadda

31 July 2017 | PAR Yaël Hirsch

Sous le titre poétique et mahlerien du « Chant de la Terre », la Fondation Gianadda de Martigny dresse un portrait en 100 toiles d’un des plus grands maîtres de la peinture moderne : Paul Cézanne. Un parcours thématique dans une œuvre aussi riche qu’obsessionnelle.
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C’est principalement à partir de collections privées et de quelques toiles de musées mais ayant appartenu à des particuliers illustres (Picasso, par exemple pour l’un des groupes de baigneurs) que la Fondation Gianadda propose de mesurer l’impact de l’œuvre de Paul Cézanne sur la peinture. D’entrée de jeu, le propos n’est ni spécifiquement anglé, ni chronologique, mais c’est bien de manière thématique que le mythique musée suisse propose d’entrer dans cette œuvre qui semble former un tout. Si l’on commence par les œuvres de jeunesse et le travail de copie pour mettre en valeur un point récurrent dans l’exposition : le contraste entre une vie calme et posée et une œuvre obsessionnelle et foudroyante avec des citations pour témoigner de la difficulté du travail du peintre.

Le portait se décline vite à partir de cet art de la copie et l’on tombe sur deux tentations de Saint-Antoine par Cézanne à l’architecture commune mais à l’inspiration très diverse. Il y a aussi un des fameux autoportraits et puis l’on entre dans le vif du propos : le chant de la terre. L’Estaque, la montagne Sainte-Victoire, le Jas de Bouffan… les lieux mythiques du peintre sont tous là, avec leurs couleurs printanières ou automnale, la terre grasse et brune et les formes géométrique de la Nature. Il y a ensuite un second focus sur les baigneurs à travers une douzaine de toiles où les corps disparaissent derrière le paysage en une ronde qui annonce déjà la mort du sujet. Et l’on finit par les natures mortes et la fascinante géométrie des fruits de Cézanne.

Enfin, une longue citation de Gasquet vient réunir l’œuvre et la vie, à travers le portrait final du Jardinier à la casquette, dans lequel on reconnaît autant Cézanne annonçant sa mort que la figure du vieux monsieur qui n’avait pas toujours la force de poser pour lui. Un constat d’humanité que la Fondation Gianadda précise dans ses plus petites pièces avec une série d’esquisses de Cézanne et des photos du peintre vivant et très présent devant l’objectif.

Enfin si vous allez à Martigny avant le 19 novembre, ne manquez pas la « petite » exposition de la Fondation nichée près de sa cafétéria et avant d’arriver à sa collection d’automobile. Le « foyer » réunit 70 (!) photos de Henri Cartier-Bresson presque toutes dédicacées à Sam Szafran et qui faisaient partie de sa collection privée. Parmi les sujets représentés : beaucoup de photos de Matisse et d’autres portraits d’artistes célèbres (Bonnard, Mauriac, Picasso, Leonor Fini nue ou en pause espiègle…) et quelques clichés mythiques notamment celui des travailleurs de la gare Saint-Lazare.

La Fondation Gianadda est détour incontournable si vous passez par le Léman, cet été.

visuels :

affiche : Montagnes en Provence / Le Barrage de François Zola, vers 1879
Amgueddfa Cymru / National Museum of Wales, Cardiff Gwendoline Davies Bequest, 1952
© National Museum of Wales, Cardiff

vue d’ensemble (c) YH

Infos pratiques

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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