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[Bruxelles] L’avant-garde “douce” de Rik Wouters aux Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique

[Bruxelles] L’avant-garde “douce” de Rik Wouters aux Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique

28 March 2017 | PAR Yaël Hirsch

Jusqu’au 2 juillet, vous pouvez découvrir ou redécouvrir l’art moderne de Rik Wouters, un représentant de la “douce avant-garde” à la vie dure et à l’œuvre aussi courte en temps que pléthorique en expérimentations. Connu par les belges pour ses sculptures et notamment ses têtes d’enfants, Rik Wouters est le “petit chéri des belges”. L’exposition d’une sélection des œuvres de sa courte vie (1882-1916) imaginée par quatre commissaires aux Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique en partenariat avec les Musées Royaux des Beaux-Arts d’Anvers montre que ses peintures et ses dessins aussi sont un maillon clé de la chaîne de l’Art moderne.
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La rétrospective Rik Wouters commence par plusieurs salles qui expliquent le contexte. Venus des réserves des musées royaux de Bruxelles et d’Anvers, l’on découvre des contemporains et compatriotes comme Ferdinand Schirren, Emile Claus, Jean Brusselmans, William Paerels ou Auguste Oleffe (qui a lui-même fait le portrait de Wouters), avec une question en tête : Comment Rik Wouters aurait-il peint s’il avait survécu à la guerre et à la maladie qui l’a emporté à 33 ans? Wouters est le martyre d’un mouvement peu connu : il commence à avoir les moyens de s’adonner à son art en 1912, part au front en 1914 contre son gré et il est interné dans des camps en Hollande. Malade d’un cancer de la mâchoire, grâce à ses amis, il s’installe à Amsterdam où il a un réseau culturel et meurt en 1916.
L’exposition montre que c’est un grand moderniste d’une “avant-garde douce” qui a opéré une recherche formelle et plastique très importante, en le reliant au Fauvisme brabançon. Il s’agit d’un courant de l’histoire de l’art conçu a posteriori pour parler des artistes du début du 20 e siècle, se nourrissant des impressionnistes et du travail de James Ensor et qui constituent le chaînon manquant vers l’expressionnisme. Dans le panorama international mis en place pour préparer à la rétrospective Wouters on trouve d’ailleurs auprès de toiles de Paul Cézanne, Maurice de Vlaminck et Henri Matisse des toiles d’avant les masques, assez réalistes D’Ensor : une nature morte et La dame sombre, datant de 1881.

En bas des marches, on entre de plein pied par une section biographique dans l’œuvre d’un artiste qui a eu une double formation de peintre et sculpteur, qui n’a pas eu le temps de prendre la plume pour défendre ses idées, mais qui a pu beaucoup produire en peu de temps, notamment grâce à l’aide financière de son mentor et ami, Simon Levy. Cette section est articulée autour de sept portraits, avant que se déploie un déroulé chronologique qui va du portrait art nouveau et de profil de sa femme Nel (1904) à un portrait sombre de sa femme assise près d’une fenêtre et un autoportrait au bandeau on l’artiste fait planer sa propre mort (1915-1916)

Dans les débuts où les portraits et les natures mortes sont accrochés séparément, on retrouve le lien à l’impressionnisme avec des scènes de vie quotidienne comme La repasseuse (1907) et l’on sent l’influence de Matisse (Femme devant le rideau rouge, 1912) et de Cézanne (découvert sur reproductions par Wouters en 1911).
Le temps d’une alcôve, l’on quitte les scènes de vie quotidiennes pour entrer dans l’exultation du corps de la femmes avec des peintures de l’intimité et des nus accrochés autour de l’extraordinaire Vierge folle, sculpture dansante peut-être inspirée à Wouters par Isadora Duncan. Une autre alcôve est dédiée à l’œuvre sur papier où des femmes dénudées lisent ou se reposent sur des fauteuils en osier, leur mouvement saisi par le pinceau ou le crayon de Wouters.
La section suivante montre la galerie des portraits des amis et des mécènes avant qu’on suive Wouters dans son atelier de Boitsfort où il peint inlassablement les changements de couleurs et d’ombres des alentours selon les saisons dans une recherche plastique systématique marquante.

Dans les dernières années de maladie et d’exil à Amsterdam, les couleurs s’assombrissent, les formes se ferment. Et l’on termine cette exposition fleuve d’un artiste trop peu connu en France se termine sur le portrait de sa femme Nel sculptée face à la nuit, avec sa frange emblématique.

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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