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[Bruxelles] « La Route Bleue » : la Route de la Soie entre tradition et art contemporain à la Fondation Boghossian

[Bruxelles] « La Route Bleue » : la Route de la Soie entre tradition et art contemporain à la Fondation Boghossian

16 December 2013 | PAR Yaël Hirsch

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Jusqu’au 9 février 2014, l’espace art déco de la villa Empain invite à emprunter en pensée les sentiers de la Route de la Soie, autour de la thématique du bleu. Une expérience proche de celle du nouveau Mucem de Marseille, mais  qui dépasse les frontières de la Méditerranée pour mener vers l’Orient, notamment à travers les œuvres de nombreux artistes coréens, libanais, égyptiens et iraniens. Un voyage dans le temps et la couleur, en partenariat avec la Cité de la Céramique, Sèvres et Limoges.

Isabelle de Borchave
Isabelle de Borchave

Sur un chemin qui va du turquoise de la piscine à l’indigo qui a donné son nom au fleuve égyptien (Anil), du fin liseré des porcelaines de sèvres à la limite du vert d’une barque revue et corrigée par le jeune artiste français Andrey Zouari, en passant par les bleus IKB (Yves Klein) et ceux très méditerranéens de Joan Miro (Le Cheval de Cirque, 1927), l’exposition préparée avec soin par la Fondation Boghossian propose une balade à la fois esthétique, historique et politique le long des sentiers imaginaires de la Route de la Soie. Le troisième aspect est immédiatement présent dès la grande salle de réception du rez-de-chaussée, avec les vases de l’artiste libanais Raed Yassin. De loin, ces objets réalisés en Chine dans la plus pure tradition ont l’air bien décoratif, mais quand on se penche, on voit bien que c’est un Beyrouth du 20e siècle et sous les bombes qui y est représenté. De même, les sculptures détournant de la porcelaine ancestrale de l’artiste coréenne Yee Sookyoung offrent un point de vue incisif sur la tradition. Ce qui n’empêche pas certains bleus plus confortables de se faire voir : dans le petit bas art déco, Yves Klein côtoie une tapisserie chatoyante  de  l’artiste belge  Arlette Vermeiren. En sous-sol, l’ombre laisse la place à plus d’abstraction ; le cinétique de l’iranien Sahand Hesamiyan alterne avec l’épaisseur et la matière azurée du Grec Platon Alexis Hadjimichalis.

À l’étage, après avoir vu de haut la superbe ombrelle végétale d’Isabelle de Borchave, l’on trouve des “grands” noms de l’art contemporain : Alechinsky, Miro, Boetti ou encore Anish Kapoor. Et l’exposition de bijoux et de mosaïques ainsi que la minutie des œuvres très contemporaines d’Ann Talbot ou de Hale Tenger ne laisse pas oublier combien l’antique Route de la soie porte aussi les marques de conflits et la région natale de nombreux artistes exilés ou réfugiés. Ainsi, les grandes sculptures en ferraille de l’artiste palestinien Abdulrahman Katanani ou les photos de l’artiste koweitien Tarek Al-Ghoussein (qui fait l’affiche de l’exposition) évoquent camps, transits, grillages, toujours à la lumière hypnotique du bleu.

Une sublime exposition, élégante jusqu’au bout, puisque la villa Empain est éclairée en bleu la nuit ! Riche, cohérent, le propos de la Route Bleue permet de découvrir à la fois toute une tradition colorée et un grand nombre de jeunes artistes proche et extrême-orientaux.

Couverture : Tarek Al-Ghoussein © de l’artiste / Courtesy of The Third Line, Dubaï

Autres : Raed Yassin, Yves Klein, Arlette Vermeiren + Yee, Isabelle de Borchave, Sokyung, Abdulrahman Katanani  © Yael Hirsch

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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