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Bruxelles : Avec “Turbulences II” la fondation Boghossian et Louis Vuitton mêlent art déco et cinétique à la  Villa Empain

Bruxelles : Avec “Turbulences II” la fondation Boghossian et Louis Vuitton mêlent art déco et cinétique à la Villa Empain

09 June 2013 | PAR Yaël Hirsch

 

 

 

Reprenant et étendant l’exposition « Turbulences » imaginée en 2012 par David Rosenberg et Pierre Sterckx pour l’espace culturel Louis, « Turbulences II » à la Fondation Boghossian de Bruxelles expose les plus grands noms de l’art moderne et contemporain s’intéressant au mouvement jusqu’au 1ier septembre 2013. 

Avec pour objectif d’améliorer les conditions de vie en Arménie et au Liban la Fondation Bohossian a pris (après maintes péripéties) le relais de la télé RTL Belgique dans l’écrin art déco construit par le riche industriel Louis Empain au début des années 1930, sur les plans de l’architecte suisse Michel Polak. C’est dans les 3500 m² de cet espace de rêve en marbre et murs laqués d’époque et ouvrant sur un bassin féérique que la Fondation Boghossian accueille l’exposition « Turbulences II ». Aux artistes parisiens déjà présents (Pascal Haudressy, Ryoichi Kurokawa, Attila Csörgo, Zilvinas Kempinas, Petroc Sesti, Jorinde Voigt, Loris Cecchini, Sachiko Kodama, Élias Crespin, Miguel Chevalier et Angela Bulloch) s’ajoutent une vingtaine de noms prestigieux (Giuseppe Penone, Bill Viola, Lionel Estève, Pol Buri, Yaacov Agam, Michal Rovner, et Jean-Michel Othoniel).

Dans l’entrée majestueuse, de marbre baignée de lumière, on est accueilli par deux immenses sculptures que le doré met en mouvement et signées Wim Delvoye et Jean-Michel Othoniel. Avec vue sur le bassin formidable du jardin, la grande boule transparente de Petroc Sesti, « Literal Form » interroge de manière plus directe le question du mouvement. Dans une salle d’une blancheur immaculée, le « Plano Flexionante Circular » d’Elias Crespin s’inscrit résolument dans la vague du revival cinétique qui a déjà conquis le public parisien des expos Dynamo, Le Parc et Soto. En face, le métier à dessiner en mouvement de Angela Bulloch évoque également Tinguely mode « craft ». Sur le coté de la maison, la salle qui contient un sublime bar en bois art déco fait figure de cabinet de curiosités où l’on doit chercher les petites installations. Car tous les médias sont présents pour évoquer le mouvement, de la peinture la plus plate à l’art vidéo, qu’on retrouve notamment au grandiose sous-sol à travers les derviches tourneurs surplombés de Moatz Nasr, « Merge and emerge » (2011). Après un tour à la sympathique cafétéria on remonte deux étages d’un coup pour tomber sur distorsions de Basserode, sortes de clichés de vagues végétales sur fond blanc qui s’insèrent parfaitement dans les damiers marbrés du hall majestueux du premier étage.

estèveLà, l’Histoire de cette réflexion sur le mouvement et que les commissaires font remonter aux études de Léonard de Vinci, a toute sa place. Qu’il s’agisse des photos du début du 20ème siècle (1901) d’Etienne Jules Marey où l’air semble en mouvement, de celles, cinématiques de New-York par Paul Bury, ou de l’installation grandiose et mouchetée de couleurs de Lionel Estève (voir photo), on a bien l’impression d’entrer par la grande porte de la question générale du mouvement dans l’univers en mutation d’une cinétique qui se focalise souvent sur la lumière. Ainsi des e la fresque en forme de « flux » créée in situ par Abdelkader Benchamma, de la sculpture plus brute datée de 1953 de Yaacov Agam et des raffinements de mouvements électriques de Pe Lang (« Moving objects », 2012), platsiques pops de Pascal Haudessy (« Choice », 2012) ou liquides de Sachiko Kodama (« White morpho tower », 2006). Le mouvement nerveux des dessins de Cy Twombly et (« Untitles, 1961) et des vidéos de Bill Viola est également mis en résonance avec ces turbulences multimédias (« Acceptance », 2008), tandis que le « Rotor » de Bertrand Lamarche (que nous avions adoré à l’exposition « Paint it Black » du Plateau) fait echo aux fumées des photographes d’Adam Fuss (série « My ghost », 2001) et des dessins de Donato Piccolo (« Explosion of the story », 2001).

Interrogeant le bruit et la fureur du mouvement dans le cadre d’une villa somptueuse à l’histoire très heurtée et qui respire pourtant désormais le calme des sublimes fondations cachées de nos capitales européennes, « Turbulences II » est un incontournable de l’année (et de l’été) 2013 à Bruxelles.

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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