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Art / Afrique à la Fondation Louis Vuitton

Art / Afrique à la Fondation Louis Vuitton

26 April 2017 | PAR Melissa Chemam

Après la remarquée édition d’Art Paris Art Fair mettant l’Afrique à l’honneur et l’ouverture de l’exposition 100% Afrique à La Villette, c’est au tour de la Fondation Louis Vuitton d’inaugurer Art / Afrique. La Fondation insiste : pas de mouvement éphémère, Bernard Arnaud collectionne de l’art africain depuis plus de 20 ans… Et en effet, Art / Afrique séduit par un triple angle de programmation, à la fois pointue et diverse, réunissant des œuvres saisissantes.
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Ce mardi 25 avril, dans le superbe bâtiment créé par Frank Ghéry, l’espace d’accueil est rempli pour l’ouverture d’une exposition hors du commun, une audience à moitié anglophone pour une fois, où bruissent les discussions, murmures et rires de nombreux Sud-Africains. Car la troisième exposition de la Fondation créée par Bernard Arnaud, intitulée Art / Afrique, fait une part belle aux artistes venant d’Afrique du Sud.

Composée par une équipe qui a sillonnée le continent, l’exposition propose trois volets foisonnants :

– « Les Initiés » qui présente des œuvres choisies dans la collection de Jean Pigozzi par André Magnin, expert et « visionnaire inspiré » selon Jean-Paul Claverie, le conseiller de Bernard Arnaud pour la Fondation Louis Vuitton, qui a su choisir des « œuvres magnifiques, émouvantes et spirituelles, trop peu connues ». Quinze artistes de huit pays y sont représentés dont le sculpteur béninois Romuald Hazoumé, les photographes maliens Seydou Keïta et Malick Sidibé, le peintre congolais Chéri Samba et le conteur et artiste ivoirien Fréderic Bruly Bouabré.

– « Etre là », consacré donc à la scène contemporaine sud-africaine avec des œuvres filmées d’une puissance et d’une beauté sans égale, du grandiose William Kentridge, aux films d’animation d’une force et d’une poésie inimitable, à la militante Sue Williamson, dont le travail retrace et dépasse les blessures de l’apartheid, en passant par Jane Alexander, le photographe engagé David Goldblatt et le jeune artiste Athi-Patra Ruga dont les autoportraits sous forme de tapisseries questionnent les questions de genre.

– Enfin, au dernier étage, une série d’œuvres de la collection Vuitton, rassemblées depuis une dizaine d’années, est présentée dans un époustouflant dernier volet, comprenant des pièces immenses comme le Plateaus de l’Afro-Américain Rashid Johnson (forêt de végétaux et étagères d’acier cachant des livres de Richard Wright), une sublime toile de l’artiste franco-camerounais Barthélémy Toguo, mêlant formes squelettiques et végétales dans un bleu pastel virant au gris anthracite, intitulée Look At Me, ou encore l’étonnant film The End Of Carrying All du Kenyan Wangechi Mutu, représentant une femme africaine portant un panier de plus en plus lourd et de plus en plus « urbain » à travers une forêt sauvage jusqu’à son propre ensevelissement…

Selon Jean-Paul Claverie, « le projet Art / Afrique a été décidé il y a trois ans, avant même l’ouverture de la fondation », et avant, donc, toute mode 2017 pour l’art contemporain africain. Même s’il souligne que les autres événements qui se tiennent cette année à Paris et Berlin révèlent un attrait profond pour l’art du continent, et notamment d’Afrique subsaharienne. La Fondation a d’ailleurs mis en place une formule de billet couplé avec l’exposition de La Villette, 100% Afrique. Jean-Paul Claverie souhaite de plus que l’initiative de la Fondation contribue à « l’émergence d’un nouvel atelier pour l’art contemporain en Afrique ».

Suzanne Pagé, l’une des commissaires de la triple exposition, a souligné l’incroyable force artistique de ces artistes, tous singuliers mais très engagés, croyant en une beauté universelle, magique, capable de transcender la matière ou le vécu vers le sublime, tels les masques d’Hazoumé réalisés à partir de matériaux récupérés et de bidons de plastique… « L’actualité brûlante affirme ainsi souvent à travers ces artistes une conscience engagée, via une pensée complexe ». Un programme qui ne peut laisser indifférent !

Pas une seule œuvre ne démérite et l’espace, vaste et lumineux, facilite un parcours vers des mondes enchanteurs, riches et convulsifs. Un rendez-vous immanquable.

visuel : affiche et YH

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