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Bis 2018 : Saint Paul de Vence a sa biennale

Bis 2018 : Saint Paul de Vence a sa biennale

02 July 2018 | PAR Yaël Hirsch

Le village mythique des Alpes-Maritimes où est enterré Chagall et où Jacques Prévert réunissait les copains à la Colombe d’or expose sa première biennale jusqu’au 31 août. Des oeuvres de maîtres, quatre jeunes lauréats et un  parcours élégant à ciel ouvert dans les rues du village …

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L’Art au cœur du village

Ce dimanche premier juillet, une bonne partie de Saint-Paul est réuni dans la cour devant l’espace Verdet, QG de la biennale, aménagé dans une ancienne école. Dans les rayons du soleil encore insolent de 19 heures, le directeur de la Biennale et ancien directeur de la Fondation Maeght, Olivier Kaeppelin animait une conférence de fond sur la commande publique avec Jean Pierre-Raynaud à qui l’on doit le grand pot doré du Centre Pompidou, qui est exposé dans la chapelle Sainte-Claire à Saint-Paul et qui nous a raconté comment la ville de Quebec a pulvérisé une de ses oeuvres. Après qu’Olivier Kaeppelin ait rappelé les grandes étapes de la commande publique pour l’oeuvre à ciel ouvert, dans l’Ancien Régime et la République, dont les monuments aux morts de 1918 et ce qu’a permis la démultiplication du budget du Ministère de la Culture en 1981, Jean-Pierre Raynaud a explicité le point de vue de l’artiste : “La commande publique n’est pas réservé à tous les artistes. Il faut avoir envie d’y aller et de se retrouver dans le débat public”.

Partenaire de la biennale, Ora Ito a partagé son expérience de la commande du Tramway de Nice remportée avec Alstom pour la Machine et Decaux pour les stations : “Je n’arrivai pas à lire le chiffre, tellement il y avait de zéros”. Enfin, Pascal Pinaud a souligné l’importance de la mémoire du lieu pour répondre à une commande “à ciel ouvert”. Évoquant la commande publique du Tramway de Nice Côte d’Azur (2007) il a raconté comment il a trouvé le lieu où le maire stockait tous les réverbères venus des quartiers chics et comment, avec Stephane Mangin, ils les ont récupéré pour leur « Composition exubérante de réverbères hybrides”. En final, plusieurs des quatre jeunes Lauréats de cette édition 2018 de la Biennale ont partagé leur expérience de l’espace public, dont Quentin Spohn, exposé à la chapelle Saint-George et en résidence à Saint-Paul dans le cadre de la biennale, ainsi que Gabrielle Conilh de Beyssac qui propose une oeuvre à déplacer en acier corten sur la fameuse Place Charles de Gaulle où l’on joue à la pétanque.

Un tour inoubliable

Les deux autres jeunes lauréats, choisis par un jury présidé par Jean Nouvel qui habite un long temps de l’année dans le coin sont Isabelle Giovacchini qui expose sa méditerranée au cœur du village et Simon Bérard-Lecendrequi accueille le visiteur par une fresque sur ce que veut dire scier sa branche… C’est une autre membre du jury et partenaire primordial de la biennale, Catherine Issert, qui nous mène avec une énergie éblouissante sur le chemin (marqué au sol par des BIS18 fuschia) des 17 oeuvres de la biennale. Fille du maire qui a marqué la ville de 1945 à 1995, Marius Issert, la galeriste raconte ce que c’est que d’avoir grandi à Saint-Paul, petit village de 2500 habitants qui accueille désormais 2 millions de touristes par an, au temps où Prévert, Braque ou Chagall jouaient aux boules devant le café central ou faisaient la nouba à la Colombe d’or. Le livre d’or de ce café mythique montre à quel point tout le monde passait par Saint-Paul. Alors que sa galerie expose et propose au cœur de la ville des oeuvres de Vladimir Skoda, le tour commence par une sculpture de lavande signée Tania Mouraud qui joue avec la phrase de Einstein on the Beach de Glass. Une figure de Wang Keppingjoue les sentinelles, sur le chemin de Saint-Paul. Devant l’entrée du village, au dessus de cette colline inspirée, l’homme portant la croix de Jan Fabre fait le lien avec l’exposition que lui dédie la Fondation Maeght (lire notre article). Une sculpture miroir de Arik Levy reflète la vue et le passant, de même que, en contrebas du chemin de garde des lettres argentée de Agnès Thurnauer reflètent le ciel, une sculpture en fonte de Gormley semble postée comme un gardien et une sculpture en polystyrène de Vincent Mauger semble protéger les remparts mêmes. Tout est toujours très discret dans ce déploiement d’art contemporain qui va si bien à Saint-Paul et il faut vraiment suivre le plan ou les marques au sol pour être sûr de ne rien rater tant les oeuvres semblent toujours avoir été là. En ville, il faut donc  l’on se retourne pour découvrir le sublime ensemble de Vincent Barré devant la chapelle des pénitents blancs et dans l’enclos délicat de la cure Freinet le buste sensuel de David Nash.

Une première biennale montée en moins d’un an, avec l’aide entre autres de la ville, la DRAC, certains galeristes et le Groupe Galeries Lafayette, qui a son off, une belle programmation dont un concert de Vincent Segal en partenariat avec le festival de Musique de de Chambre le 24 juillet et une arty party avec Jeanne Added en partenariat avec Crossover le 2 août. On a hâte de voir ce que cela donne quand l’équipe de BIS18 aura deux ans pour faire briller l’art contemporain à Saint-Paul.

visuels : YH

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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