Architecture
José Maria Sert, Le Titan à l’oeuvre au Petit Palais

José Maria Sert, Le Titan à l’oeuvre au Petit Palais

Alors que le Musée d’Orsay expose, depuis le 7 février 2012, l’œuvre toute finlandaise d’Akseli Gallen-Kallela, le Petit Palais se met à la mode du nationalisme, depuis le 8 mars 2012, avec l’œuvre espagnole de José Maria Sert.

« Eh bien, c’est Michel-Ange » s’exclama Degas en 1906 au sujet de l’artiste espagnol du début du XXe siècle. Perpétuant les traditions en véritable académiste, José Maria Sert, s’il connut un immense succès en son temps, demeure aujourd’hui inconnu de bien des spécialistes. Si l’exposition ne prétend pas réhabiliter le corpus artistique de l’artiste, elle s’attache toutefois à en dégager toute l’ampleur créatrice. A la découverte de ses œuvres, on pense simultanément à Goya, Watteau, Fragonard, Piranèse… Pourtant, ce que l’exposition dévoile est un processus créatif chargé d’une étonnante modernité.

Le visiteur est invité à découvrir l’œuvre du maître depuis ses premiers succès parisiens aux dernières réalisations teintées de nationalisme. A cette occasion, le Petit Palais se transforme en théâtre où l’acteur-spectateur endosse une posture un temps passive, un temps active.  Dominé de toute sa hauteur, il chemine timidement du cycle gigantesque des Quatre Saisons au projet du « salon Sert » de l’hôtel Waldorf Astoria. Plus loin, il fait corps avec la cathédrale de Vix réduite à l’état de maquettes, ou encore est amené à s’avancer pour saisir les détails d’une esquisse. Mais il se fait aussi spectateur-acteur, voyageant au cœur d’une œuvre fantaisiste où rideaux, compositions théâtrales et tons colorés se mêlent, offrant un univers baroque empreint de démesures et d’agitations.

Dans ce parcours chronologique, la photographie, systématiquement associée aux œuvres peintes ou aux maquettes,  occupe une place primordiale, son usage imprégnant l’œuvre d’une modernité incomparable. José Maria Sert ne pratiquait pas la peinture à fresque et peignait ainsi dans son atelier avec pour seul repère quelques photographies des futurs lieux. Le potentiel artistique de la photographie était lui aussi sollicité. Celle-ci devenait une vitrine provisoire des œuvres inachevées ainsi accessible aux commanditaires ou lui permettait de composer ses futures mises en scène picturales. Par la capture de modèles vivants, de mannequins de bois ou de santons, José Maria Sert fixait ainsi sur le papier argentique, ce qui par la suite animait ses toiles.

Le Petit Palais nous dévoile ainsi l’œuvre d’un artiste, qui, de son temps, côtoyait les plus grands, de Picasso, ou encore Claudel à Chanel. D’une œuvre où se mêlent traditionalisme et modernité, se dégage l’âme d’un artiste profondément patriote. S’il réalisa des commandes étrangères, celles-ci n’étaient pourtant en rien dénuées de tout nationalisme. De même, s’il se plaça systématiquement aux côtés du régime politique en place, il témoignait en cela davantage d’un amour fervent pour son pays que d’une quelconque lâcheté. Cet amour patriote ne pouvait qu’émouvoir le spectateur, qui, invité à déambuler sur le ton de l’espagnolade, découvre tour à tour les festivités traditionnelles et les douleurs d’un même pays.

 

Crédits photo :

Scènes de cirque – paravent de 4 feuilles pour le boudoir de la reine d’Espagne, Patrimonio nacional – palacio de El Pardo, Madrid, 1920, huile sur étain sur bois, 275×400 ©Patrimonio nacional – palacio de El Pardo, Madrid

Evocations catalanes – décor pour la bibliothèque de Francesc Cambo – “Els Castellers de Valls”, 1927, huile sur bois, 51×56 © Sotheby’s

Les quatre saisons – salle à manger Arthur Capel – “Amérique ou l’hiver”, 1917-1919, huile et argent sur bois, 363×560, MNCARS, Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofia, Madrid © Archivo fotografico Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofia, Madrid

© Couple, étude photographique pour La Danse de l’Amour, “L’Amour et le Centaure”, 1910, épreuve argentique, 23.3×17.3 cm, musée d’Orsay, Paris.

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