Arts
«Les fleurs américaines», une approche conceptuelle de l’histoire de l’art moderne

«Les fleurs américaines», une approche conceptuelle de l’histoire de l’art moderne

07 January 2013 | PAR La Rédaction

La nouvelle exposition organisée au Plateau, Fonds régional d’art contemporain d’Île-de-France, «Les fleurs américaines», conçue en collaboration avec le Salon de Fleurus de New York et le Museum of American Art de Berlin, se penche sur ce que l’on pourrait appeler «l’histoire de l’histoire de l’art moderne».

Les commissaires de l’exposition, Elodie Royer et Yoann Gourmel, ont voulu, grâce à l’emploi de la reconstitution et de la copie, plonger le public au coeur des origines de l’art moderne, au début du XXème siècle jusqu’à sa reconnaissance dans les années 50, tout en s’interrogeant sur les notions d’authenticité et d’originalité inhérentes aux oeuvres d’art aujourd’hui.

Ainsi, l’exposition présente exclusivement des copies d’oeuvres réalisées par des anonymes ne reprenant parfois pas tous les détails ou même le format de la toile originelle. On comprend alors que le but n’est pas d’observer platement l’histoire mais bien de la questionner, et ce, d’une manière à la fois intelligente et surprenante.

«Les fleurs américaines» est divisée en trois parties, trois expositions majeures qui récapitulent les origines de l’histoire de l’art moderne.

La première, intitulée Autobiographie d’Alice B.Toklas, consiste en une reconstitution du Salon de Fleurus, abritant la célèbre collection d’art moderne des Stein, collectionneurs américains, où se côtoient à la fois des chefs-d’oeuvre postimpressionnistes, fauves et cubistes, ainsi que des meubles d’époque et des tapis colorés.

Grâce à cette reconstitution pleine de charme sur fond musical (C’est Vrai! interprété par Mistinguett), les commissaires évoquent que les bases et la création du premier musée d’art moderne se sont construites dans l’intimité.

Dans la deuxième partie, Musée d’Art Moderne, la plus importante de l’exposition, sont regroupées, presque à l’identique, les 46 copies d’oeuvres exclusivement européennes, selon le schéma d’Alfred Barr, reproduit en couverture du catalogue de l’exposition «Cubism and Abstract Art» présentées au MoMA en 1936.

Aujourd’hui, toutes ces oeuvres sont devenues des icônes de l’histoire de l’art que tout le monde a en tête comme Les demoiselles d’Avignon de Picasso, Fontaine de Duchamp ou encore La trahison des images de Magritte pour n’en citer que quelques-unes.

Réalisées volontairement de façon grossière et faussement datées, toutes ces copies permettent au visiteur de se défaire de l’importance de l’original pour se concentrer uniquement sur le discours intellectuel et scénographique de l’époque.

Cette intention est bien expliquée dans l’exposition «Ce n’est pas un musée d’art; c’est un musée sur l’art moderne. Dans ce musée, l’art est présenté ethnographiquement. (…) Ce que l’on voit ici, ce ne sont pas des oeuvres d’art individuelles, mais une série d’oeuvres organisées en histoire.»

Cela permet de comprendre les fondements de l’art américain ainsi que sa domination croissante sur la scène internationale après la Seconde Guerre mondiale.

La dernière partie de l’exposition, qui mélange copies d’archives et de tableaux, revient sur l’exposition itinérante «50 Ans d’Art aux États-Unis», présentée au musée d’Art Moderne de la Ville de Paris en 1955, par la commissaire américaine Dorothy Miller, qui permit à l’époque de légitimer définitivement l’art américain.

En jouant sur les concepts de la copie et de l’original, de la signature et de l’anonymat et en ne s’attachant pas à la datation, «Les fleurs américaines» peut dérouter au départ et paraître trop «conceptuelle» pour certains mais réussit le tour de force d’échapper à la monotonie didactique pour définir en partie et de façon originale la construction de l’histoire de l’art moderne.

 

Mathilde Bartier

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