Arts

« Upside down » : Voyage au Grand Nord

18 November 2008 | PAR marie

upsideUpside down, ou, en Français, sens dessus dessous. Soit l’effet que peut produire une arrivée au pôle Nord pour un habitant de nos douces latitudes : du blanc à perte de vue, des jours et des nuits continus… Le quai Branly propose une telle immersion, jusqu’au 11 janvier 2009.

Le terme « Esquimau » désigne les peuples contemporains de la région arctique soit les Yup’ik du littoral de Sibérie et d’Alaska, et les Inuits de l’Arctique canadien et du Groënland. Pour les Inuits, le terme est péjoratif, aussi ces derniers ne l’utilisent pas. Les Yup’ik ne sont pas de cet avis et utilisent cette appelation pour désigner toutes les cultures Yup’ik en opposition aux Inuits.

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Masque du Caribou-Morse, Crédit photo : Quai Branly.

Quoiqu’il en soit, l’exposition n’est pas simplement un voyage en « pays esquimau », puisqu’outre de magnifiques masques Yup’Ik, sont présentés des objets de peuples arctiques non contemporains, parmi lesquels les Dorsetiens (1000 av JC-140 -ap. JC). Amulettes, armes, ou bijoux, plusieurs de ces œuvres n’avaient jusque là jamais quitté leur région d’origine. Ces objets, à peine restaurés car très bien conservés dans la glace, sont dans leur majorité de petites tailles, parfois plus petits et bien plus menus qu’une phalange : ils devaient pouvoir être transportés par des peuples nomades et maniés dans les mains des chamanes qui invoquaient les esprits. Or, chez des peuples dont la préoccupation première est la survie, la chasse est au cœur de la religion chamanique et au cœur de l’art…

Car si les peuples arctiques sont divers, il est un mythe qui se raconte dans tous les igloos : le mythe de Sedna. Les versions du mythe sont divers, en voici une : Sedna était une jeune fille qui éconduisait tous ses soupirants, jusqu’à ce qu’elle rencontre un beau prince qu’elle décide de suivre. Mais arrivé chez lui, le beau jeune homme se révèle être celui qu’il est vraiment : un chien cruel qui va martyriser la jeune fille jusqu’à l’attacher à une corde. Les parents de Sedna qui, de leur côté s’inquiètent, décident de retrouver leur fille. Partis en kayak, ils finissent par retrouver la lointaine île sur laquelle vit la malheureuse fille. Mais pour l’occasion, le chien a repris sa forme  et détaché Sedna qui, rapide comme l’éclair, va profiter de l’occasion pour se jeter dans le kayak de ses parents. Le cruel prince va alors prendre la forme d’un oiseau, retrouver le bateau et menacer les géniteurs de son épouse de les tuer s’ils ne rendent pas Sedna. Pragmatique, le père jette alors sa fille par-dessus bord. Elle réussit à s’accrocher à la barque mais il lui coupe les premières phalanges. Elle se raccroche une deuxième fois, il lui coupe les deuxièmes phalanges, une troisième fois, et perd ses troisièmes phalanges. Opiniâtre, la jeune fille se pend par les coudes, mais cette fois son père lui crève l’œil avec sa pagaie. Elle coule alors au fond de la mer. Ses trois phalanges vont devenir le phoque, la baleine et le morse. Quant à Sedna, elle va, du fond des mers, régner sur les créatures aquatiques. Elle envoie certaines d’entre elles se faire tuer par les chasseurs respectant les risques adéquats.

Dans l’exposition, aucun panneau n’explique ce mythe, aucun signet ne présente les différents objets présentés. Le commissaire et chercheur Edmund Carpenter a préféré offrir aux visiteurs une « expérience sensorielle » plutôt qu’intellectuelle : point de références donc (si ce n’est le précieux guide d’accompagnement de l’exposition) mais un environnement froid et blanc, des bruits de pas dans la neige et des vitres comme de la glace. Ce parti pris se jusitifie notamment par le peu d’informations dont les scientifiques disposent sur les peuples arctiques (hormis nos contemporains Yup’ik). La plupart des explications fournies par les conférenciers sont en fait des hypothèses de chercheurs. Il n’empêche que la visite avec ces derniers devient passionnante : l’ours en ivoire couché et strié devient la représentation de l’esprit de l’ours (qui plane au dessus des hommes) utilisé par le chaman ; le papillon sculpté et troué est le bout d’une flèche, « objet ailé » qui permet non seulement de stabiliser le vol de l’arme mais aussi, par sa beauté, de rendre les hommages nécessaires à l’animal qui va être tué.

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Ours nageant, crédit photo : Musée du Quai Branly

Une exposition à voir donc, mais couvert et en s’assurant de la présence ou non d’un conférencier (gratuit sans réservations un samedi sur deux de 15h à 16h renseignements au 01 56 61 79 00).

Upside down-Les Arctiques, Musée du Quai Branly, galerie-jardin du Musée. Catalogue Quai Branly/RMN, 256 p., 45 €. Tél. : 01 56 61 70 00 jusqu’au 11 janvier 2009, métro Pont de l’Alma, ouvert de 11h à 19h sauf le lundi (fermé) et nocturnes les jeudi, vendredi et samedi jusqu’à 21h.

Marie Barral

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marie

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