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Starbucks ou l’art du caméléon

Starbucks ou l’art du caméléon

09 February 2016 | PAR Hannah Barron

Ouvrir une galerie d’art contemporain tout en interdisant l’accès aux femmes dans une de ses enseignes, Starbucks semble manier l’art du grand écart. Entre deux polémiques, la firme américaine s’essaye à l’art en ouvrant dans l’un de ses cafés newyorkais un espace de galerie. Pas certain que ce soudain pas vers la culture fasse oublier les dérives de l’entreprise.

Des avantages fiscaux aux « coutumes locales »

L’implantation du géant de la restauration rapide au quatre coins du monde ne se passe pas sans encombre. Sont en jeu des critiques sur les choix éthiques et économiques de la firme qui revendique son statut  « haut de gamme » et « responsable ».

Mis en faute et condamné par la Commission européenne à rembourser, à hauteur de 30 millions d’euros, les avantages fiscaux illégaux dont la firme a bénéficié depuis son implantation en Europe, Starbucks n’en est pas pour autant à son premier retour de bâton.

On apprend cette semaine, par une information diffusée sur  Emirates 24/7 citant le quotidien arabophone Al-Weaam, qu’une des enseignes de la firme en à Riyad, en Arabie Saoudite, a banni l’accès aux femmes pour cause d’absence de « mur de ségrégation » dans l’établissement.

Très largement relayée par les réseaux sociaux, l’information a mené à de nombreux appels au boycott. Starbucks s’est justifié auprès du magazine américain Cosmopolitan en arguant vouloir « adhérer aux coutumes locales en aménageant des entrées séparées ». Dans un article publié dans l’Obs, la Fédération nationale de ligue des droits de l’homme rappelle pour autant les principes qui s’appliquent aux entreprises et aux droits de l’homme. Publiés en 2011 par les Nations-Unies, ils appellent au « respect des droits des femmes comme une norme de conduite générale que l’on attend de toutes les entreprises où qu’elles soient ».

L’art sur place ou à emporter

Poursuivant sans doute sa politique d’adhérence aux « coutumes locales », Starbucks a ouvert dans son enseigne de Chelsea, soit un des quartier les plus arty de New-York, un espace dédié à l’art. Inauguré en novembre dernier autour d’une exposition du jeune peintre Robert Otto Epstein, le lieu à pour ambition de donner une visibilité aux de jeunes artistes de la ville. Lara Behnert, qui est à la tête de ce programme de subvention artistique assure que les ventes réalisées dans cet espace iront à une organisation artistique et éducative non-lucrative. Ce programme pilote ne préfigure pas encore de développement généralisé à toutes les enseignes. Pour autant, elle révèle la stratégie commerciale en « caméléon » de l’entreprise. Anecdote amusante, l’artiste belge Wim Delvoye avait surnommé le galeriste et marchand de l’art Larry Gargosian le « Starbucks de l’art ». Pas sûr que le galeriste multimilliardaire ait apprécié la comparaison, en tout cas, la chaîne semble avoir prit cette boutade au pied de la lettre.

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