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Le Robert et le Petit Larousse 2019 intègrent de nouveaux mots de la langue française

Le Robert et le Petit Larousse 2019 intègrent de nouveaux mots de la langue française

17 May 2018 | PAR Claudia Lebon

Une nouvelle qui ne fera sûrement pas l’unanimité : les dictionnaires Le Robert et le Petit Larousse ont décidé d’inclure dans leurs nouvelles éditions de nouveaux mots utilisés par les Français, créateurs d’un nouveau langage dans une société qui se transforme.

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Boboïsation, démocrature, sans-abrisme… Vous l’aurez remarqué, notre langage n’est plus tout à fait le même. Dans une société en perpétuelle évolution, l’être humain a bien besoin de verbaliser les nouveaux phénomènes qui l’entourent. Et c’est plutôt rassurant. Comment exprimer, se situer, éclairer, dénoncer, expliquer, analyser, sans les mots pour le faire ?  Ce nouveau vocabulaire, qui n’a plus rien de marginal, fait désormais partie des Petit Larousse illustré et Robert 2019.

Parmi ces 150 néologismes, de nombreux mots liés aux nouveaux phénomènes sociétaux : ubérisation, détox, geekette, sans-abrisme, anti-système, boboïsation ou encore “flexitarisme” qui désigne un “mode d’alimentation principalement végétarien, mais incluant occasionnellement de la viande ou du poisson”. Relevons également la très juste expression “génération boomerang”, révélatrice d’une société où de nombreux adultes précaires sont contraints de retourner au domicile parental.

Le “frotteur” du métro entre également dans les nouvelles éditions mais sa définition, très incomplète, a suscité de nombreuses indignations : “personne, souvent homme, qui recherche les contacts érotiques en profitant de la promiscuité dans les transports en commun“. Interrogée par BFM-TV, Isabelle Neltner, responsable du service communication des Éditions Le Robert a reconnu qu’il manquait “clairement la notion de non consentement ou d’agression sexuelle. La femme frottée n’est pas évoquée. On va l’ajouter dans la version en ligne rapidement. La version papier sera retravaillée l’année prochaine pour l’édition 2020.”

Les transformations politiques donnent aussi lieu à de nouveaux termes spécifiques. La démocratie serait-elle devenue moins démocratique ? Le mot “démocrature” n’arrive pas par hasard : “Régime politique qui, tout en ayant certains attributs de la démocratie, comme le pluripartisme, n’en est pas moins dirigé d’une façon autoritaire, voire dictatoriale.” La tendance des mouvements politiques et le scepticisme des Français face au système des partis fait naître des “transpartisans”. Notons également le  “droits-de-l’hommisme” qui dénonce l’ingérence humanitaire des grandes ONG.

Bien sûr, l’écologie, et c’est une bonne nouvelle. Le pollueur-payeur, l’écoforesterie, l’écotoxique, la permaculture, mais aussi l’épisode Cévenol, “phénomène caractérisé par de fortes pluies continues tombant en automne sur le massif des Cévennes”.

Nos régions ont aussi leur propre vocabulaire, reflet d’une belle diversité française. En Normandie, on ne s’embrasse pas sur les joues mais on se “boujoute”, tandis que dans le Midi, on préfère se “poutouner”. Aux Antilles, on ne se câline pas mais on se “doucine” et les petits garçons du Nord sont des “biloutes” ! La Réunion est à l’honneur cette année avec trois nouveaux mots intégrés : le fameux “boucané”, viande de porc ou de poulet fumée au feu de bois, le “barachois”, petite baie peu profonde séparée de l’océan par un banc de sable et le terme “barreauder” qui signifie “garnir de barreaux”.

Evidemment, l’art et la culture ne sont pas en reste lorsqu’il s’agit de créer de nouvelles pratiques…et de nouveaux mots ! Ce n’est pas nouveau, les acteurs peuvent être “césarisés” ou “oscarisés”. On connaît bien les “teaser” mais peut-être moins les “bêta-lecteurs” ces personnes non professionnelles qui proposent, via Internet, un avis ou des corrections sur la version provisoire d’un texte avant sa publication. Relevons également l’innovant “mapping vidéo” une “technique qui consiste à projeter à grande échelle des éléments visuels (images, vidéos, jeux de lumière, rayons laser, etc.) sur une surface en relief (un monument, par ex.)”.

Beaucoup, et on peut le comprendre, dénonceront les anglicismes. Certains mots, il est vrai, pourraient avoir leur version française, comme la “fashionista” ou le verbe “liker” que l’on utilise beaucoup à défaut de dire “modeuse” ou simplement “aimer”. Mais les emprunts aux langues étrangères ne datent pas d’hier et font surtout l’objet d’une réciprocité. Sachons que notre “bol” n’est qu’une francisation du mot anglais “bowl” et nos “paquebots” et “redingotes” étaient à l’origine des “packet boat” ou “riding coat”. Le bouledogue est un “bulldog” et le bifteck un “beef steak” ! Et n’oublions pas les baskets, chewing-gums, cocktails, dressing que l’on utilise aujourd’hui tout naturellement…

Visuels © Wikipedia commons CC-BY-SA-3.0

 

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