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Rapolitique:  Primaire USA, Le rap comme moyen de contestation politique (2/2)

Rapolitique: Primaire USA, Le rap comme moyen de contestation politique (2/2)

21 July 2016 | PAR Antoine Roynier

Si certains rappeurs ont affiché leur soutien à des hommes politiques durant les primaires américaines, d’autres préfèrent s’opposer à eux. Le rap, entretenant son image de courant musical séditieux, devient alors un véritable outil de contestation capable d’influer sur un vote.

Everlast, membre du groupe House of Pain, interdit à Donald Trump d’utiliser sa chanson Jump Around lors de ses meetings par l’intermédiaire d’un post sur Instagram le 5 avril. Cet éminent rappeur n’affiche pourtant aucune sympathie pour les adversaires politiques du milliardaire new-yorkais. Cette décision, il l’a prise pour montrer son opposition au candidat républicain. Plusieurs artistes de la scène Hip-Hop ont suivi le pas du musicien de New-York lors des primaires américaines du 1er février au 14 juin. A l’image de YG et Nipsey Hussle qui dans leur chanson, très G-Funk, Fuck Donald Trump, paru le 18 avril, se positionnent clairement contre le septuagénaire. Le titre évoque les icônes du mouvement des droits civiques : « I’m’bout to turn Black Panther » (Je vais devenir un membre du Black Panther) ou « Have a rally out in L.A, we gon’ fuck it up – Home of the Rodney King Riot, we don’t give à fuck » (Tu fais un meeting à Los Angeles, on va y foutre le bordel – C’est la ville des émeutes de Rodney King, on s’en fout). Ils inscrivent alors leur opposition à Donald Trump comme un prolongement du combat des noirs américains. Les paroles de cette chanson montre, par ailleurs, l’importance du vote communautaire aux Etats-Unis car la chanson est destinée aux minorités citoyennes de la patrie de l’Oncle Sam.

Certains adversaires du magnat de l’immobilier vont même plus loin. Les militants des Black Lives Matters, une association anti-raciste militant contre l’assassinat des jeunes noirs américains par la police, suite à l’annulation d’un de ses meetings à Chicago le 11 mars 2016 pour des raisons de sécurité, entonnent Alright de Kendrick Lamar en guise de célébration. Pourquoi ? Parce que cette chanson, extraite de l’album To Pimp A Butterfly, est désormais considérée comme l’hymne officielle de la communauté noire américaine. Chanter ce titre devient donc une affirmation de l’identité noire américaine et un outil contestataire face à l’homme dont les thèses sont quelquefois à la limite du racisme. Parfois, les idées controversés de Donald Trump inspirent certains rappeurs. A l’instar de T.I., figure importante du rap d’Atlanta, qui n’hésite pas à utiliser sa notoriété pour exprimer son machisme et ainsi s’opposer à Hilary Clinton.

La couverture médiatique dont bénéficie l’artiste originaire de l’état de Géorgie est sa principale arme pour affirmer sa misogynie. Il a ouvertement déclaré dans une interview à DJ Whoo Kid qu’il ne voyait pas une femme à la tête du pays: « I Just know that women make rash decisions emotionally » (Je sais juste que les femmes prennent des décisions irréfléchies sous le coup de l’émotion). Une argumentation, plus que fallacieuse, qui vient amener de l’eau au moulin des détracteurs du rap. Ces contempteurs affirment que ce mouvement artistique véhicule majoritairement des idées machistes, ce qui n’est, bien sûr, pas toujours le cas.

Visuel: © Torbakhopper – Flickr

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