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Que vaut l’égalité hommes-femmes en France ?

Que vaut l’égalité hommes-femmes en France ?

10 August 2014 | PAR Alexander Mora-Mir

Le projet de loi pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes porté par Najat Vallaud-Belkacem a été définitivement adopté le 23 juillet dernier par le Sénat et l’Assemblée nationale. Un texte inédit, mais où en est-on entre « l’égalité » femmes-hommes ?

La Ministre en charge des droits des femmes s’attaque aux inégalités femmes-hommes et c’est la première fois qu’une loi s’y attelle, concernant notamment le travail, le foyer, les séparations, les violences, les responsabilités… Le but de la loi : lever un à un les obstacles qui vont à l’encontre de cette égalité. Inégale répartition des tâches familiales (grâce au partage du congé parental), inéquitable représentation médiatique des compétences et rôles des hommes et des femmes (grâce au pouvoir du CSA pour la sanctionner), inégale présence de fait des hommes et des femmes au sommet des entreprises, de la fonction publique ou des responsabilités politiques (grâce à l’extension des règles de parité à tous les domaines) etc.

Cette loi permet à priori d’installer une égalité réelle entre les hommes et les femmes, et devrait être le levier pour changer les mœurs. Il existe de nombreuses inégalités entre deux sexes, notamment ce que le ministère du Travail appelle la « ségrégation professionnelle ». Trop de métiers sont encore exercés en immense majorité soit par des hommes, soit par des femmes. On peut retrouver cette mixité sexuelle très limitée en tant qu’infirmière (87,7% de femmes), aide à domicile ou assistante maternelle (97,7%), secrétaires ou encore agent d’entretien. A l’inverse, 90% d’hommes pour les conducteurs de véhicules, l’armée, la police ou les pompiers, ils sont environ 75%. Selon une étude du ministère du Travail, « il faudrait qu’au minimum 52% des femmes (ou des hommes) changent d’activité » pour qu’il y ait une répartition équitable des métiers entre les sexes. Toutefois, de plus en plus de femmes travaillent.

En 1983, la part des femmes dans la population en emploi était de 41,7%, en 2011, il est à 47,5%. femme soumise Toujours selon la même étude, cette ségrégation pourrait être à 60% dûe à une « ségrégation éducative ». Les femmes sont en effet, plus présentes dans les filières littéraires et tertiaires, les hommes plus souvent dans les filières scientifiques et techniques (plombier, électricien sont les exemples les plus notables). A mesure que le niveau de qualification augmente, les plus hauts diplômes conduisent à des métiers de plus en plus mixtes. A l’inverse, la mixité est bien rare chez les non diplômés ou titulaire d’un brevet des collèges. Hormis la ségrégation, voyons d’autres inégalités au travail, particulièrement chez les élus, donc au service de l’Etat.

La part des femmes élues aux conseils régionaux en 1986 est de 9%, en 2010 elles sont presque 50% d’élues. Au Sénat toutefois, elles sont minoritaires : les femmes représentaient en 1952, 2,5% d’élues au Sénat. En 2011, elles sont 21,8%. Et pour l’Assemblée nationale qu’en est-il ? En 1958, on a en France seulement 2,3% de candidates pour 1,3% d’élus. En 2012, elles sont 40% de candidates, pour 26,9% d’élus, donc relativement peu de femmes représentées à l’Assemblée nationale.

Les salaires maintenant, les hommes gagnent-ils réellement plus que les femmes ? L’Histoire va nous le prouver. En 2011, chez les cadres, le salaire net d’un homme avoisine les 4 302 euros. Une femme, pour le même job, gagnera presque ¼ de moins, soit 3 362 euros. Pour les autres catégories socioprofessionnelles (professions intermédiaires, employés, ouvriers), elles gagnent moins. Pour un ordre d’idée, en moyenne, lorsque un homme gagnera 2 312 euros, une femme elle, aura un salaire de 1 865 euros (près de 500 euros d’écart). Au fil des ans, on peut voir que lorsque le salaire des femmes augmente, celui des hommes aussi, donc l’écart ne se réduit jamais. De 2008 à 2010, le salaire net annuel dans la fonction publique d’une femme est passé de 26 123 à 27 689 euros. Celui d’un homme est passé sur la même période de 27 938 euros à 32 164 euros.

Même si les femmes sont plus diplômées que les hommes en France, et réussissent mieux tous baccalauréats confondus, 83% contre 80%, elles sont en moyenne moins payées et plus victimes de la précarité de l’emploi. Le sous-emploi des femmes représente aujourd’hui 7,9% des actives, contre 2,8% chez les hommes actifs, donc employés. Cette loi aura donc fort à faire, si elle se veut efficace, prônant l’égalité des sexes. Même si on peut s’attendre à un nouveau marronnier, des sujets dont on aime parler sans véritablement s’y atteler.

Les chiffres sont tirés de l’INSEE.

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Alexander Mora-Mir

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