Politique culturelle
Trump président : Quelles conséquences pour la culture occidentale ?

Trump président : Quelles conséquences pour la culture occidentale ?

09 November 2016 | PAR Joanna Wadel

C’est la déferlante, personne n’ose y croire : le magnat de l’immobilier Donald Trump est élu président des États-Unis avec une majorité de plus de 50%. Devant cet implacable fait qu’il nous faudra bien admettre, une question s’impose ; quelles seront les retombées culturelles ? La rédaction a souhaité faire le point sur les enjeux d’un tel résultat. 

C’est sans doute l’une des élections les plus dramatiques (au sens propre du terme) de l’histoire des États-Unis. L’affrontement surmédiatisé entre Donald Trump et Hillary Clinton a pris fin ce matin après une nuit de suspens insoutenable, où l’on espérait encore voir la candidate démocrate l’emporter sur son opposant. C’était sans compter sur l’écart se creusant, état après état, entre les deux partis. C’est finalement Trump qui l’emporte avec un pourcentage ahurissant : 290 grands électeurs contre 228 pour Hillary, soit vingt de plus que le nécessaire. La stupeur s’empare du monde, et l’idée qui émane de toutes les parodies réalisées durant la campagne du populiste, jalonnée de provocations pathétiques et outrancières, est reprise à l’unisson par la presse dans ses unes : c’est l'”Apocalypse Trump“. Implicitement ou non, c’est ce qu’on ressent sans se l’avouer, la culture américaine étant ancrée à nos modes de vie. Sur les réseaux sociaux, les messages Twitter et Facebook se multiplient, chacun s’affole du devenir de notre patrimoine et des conséquences sur la durée.

Pourtant, si les pouvoirs de Donald Trump une fois investi, ne seront pas illimités, la crainte qu’il inspire n’est pas totalement injustifiée ; le milliardaire pro-torture prévoit de supprimer l’Obamacare, de se retirer des Accords de Paris sur le climat, d’envoyer Hillary Clinton croupir en prison et de construire son fameux mur titanesque anti-immigration. Un programme régressif et surréaliste qui se limite a piétiner allègrement tout ce qu’a fait son prédécesseur tout en exerçant ses talents de bâtisseur, sans pallier les problèmes de fond du pays. Mais qu’en est-il de la culture ? On connait déjà son implication dans la télé réalité et l’on craint fort que son goût pour des programmes plus que discutables, ainsi qu’une certaine censure ne se répercute sur le paysage audiovisuel américain, déjà bien meurtri. Ce peut être une porte ouverte à tous les excès. Car Trump est le représentant d’une Amérique de lobbies et de piston qui ne rechigne pas à l’idée de dépenser l’argent public. A coups de milliards, le businessman pourrait bien mettre le pays sur la paille.

Que risque la culture ?

Les États-Unis ne possèdent pas de ministère dédié à la culture. Non pas que la constitution le prohibe, mais ils jugent qu’ils peuvent et doivent s’en passer. Tout ce fait donc en privé. Cependant, le gouvernement fédéral de chaque état, selon sa situation, peut investir dans des institutions et financer des projets culturels. Les State arts Agencies dégagent également des fonds pour la culture dans chaque état. Steve Krief, spécialiste de Lenny Bruce (inventeur du stand-up) a accepté de répondre à nos questions. Et en ce qui concerne la culture, il est catégorique : ce n’est pas la priorité de Trump. Il ajoute que malgré le financement de la culture par des structures indépendantes très influentes, le président n’interfère en rien dans le secteur du divertissement, et « Il y a peu de chances qu’il s’en occupe » nous dit-il. Effectivement, si Trump se met à l’œuvre, il risque d’être très occupé, pour le meilleur comme pour le pire.

Quoi qu’il en soit, la France possède de nombreuses lois pour protéger son patrimoine, dont celle de la chronologie des médias, privilégiant nos productions nationales, qui malgré son impopularité pourrait être d’un grand secours si jamais des perles de violences et autres fantaisies trumpiennes tentaient de passer la frontière. Ce qui est exclu mais pas impossible dorénavant. Ajoutons que si Donald Trump a remporté les élections, il est très loin de faire l’unanimité, y compris au sein de son propre parti. Quelque soit la couleur politique des patrons de studios, festivals, musées et universités, il a peu de chance d’être bien reçu s’il outrepassait ses fonctions.

L’Union Européenne limite également ses échanges avec l’extérieur. En particulier en ce qui concerne la culture et la protection des œuvres, un sujet particulièrement sensible où l’homme d’affaire aurait bien du mal à interférer.

Pour l’heure, espérons que le Sénat américain saura jouer son rôle et faire barrière à Donald Trump afin de l’empêcher de faire de l’Amérique son nouvel empire mégalomane. Restons positifs !

Visuel : DR

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