Politique culturelle
Le Théâtre Gérard-Philipe de Frouard: une scène conventionnée en sursis

Le Théâtre Gérard-Philipe de Frouard: une scène conventionnée en sursis

02 February 2018 | PAR Mathieu Dochtermann

Les mauvaises nouvelles s’accumulent pour le Théâtre Gérard-Philipe (TGP) de Frouard (54). Du fait du retrait du financement de la ville, il se retrouve sans aucune solution budgétaire passés les premiers mois de l’année 2018. Non seulement le projet artistique et les emplois sont menacés, mais c’est aussi le conventionnement de ce lieu qui disparaîtrait avec lui. Retour sur l’histoire d’une disparition que personne n’attendait, qui montre la fragilité des petites structures dans le paysage culturel français.

Le Théâtre Gérard-Philipe, c’était jusqu’à aujourd’hui l’histoire d’un succès. Avec une fréquentation de près de 16 000 spectateurs la saison dernière, il s’agit d’un lieu attractif, qui a su fidéliser un public nombreux, dans un secteur où le maillage de l’offre culturelle n’est pas le plus dense du territoire. Scène conventionnée pour les arts de la marionnette et les formes animées de Frouard, Bassin de Pompey, il offre aux publics jeunes et moins jeunes un accès au meilleur de la création contemporaine: ainsi cette saison peut-on y voir R.A.G.E., Dark Circus, Assoiffés, Whispers… C’est dire que la programmation est de qualité.

Ce lieu, c’est le succès d’une équipe, celle du TGP lui-même, dirigé par Philippe Sidre, et celle de l’association sur laquelle le lieu s’adosse, l’ACVL (Action culturelle du Val de Lorraine) dirigée par Daniel Soibinet. Ce lieu, devenu un des lieux de référence de la marionnette au niveau national, rayonne bien au-delà de la Lorraine, raison pour laquelle il se préparait à candidater pour le label de Centre National de la Marionnette actuellement en cours de finalisation au ministère (le dispositif pourrait être prêt à l’été).

Cependant, la viabilité du projet tient principalement au conventionnement multipartite entre la ville de Frouard, la communauté de communes du Bassin de Pompey, le conseil départemental de Meurthe-et-Moselle, le conseil régional de Lorraine (depuis Grand Est), et la direction régionale des affaires culturelles (DRAC). Or, ce conventionnement est parvenu à son terme fin décembre, dans des circonstances très alarmantes. Pour des raisons budgétaires, et possiblement politiques, la ville a en effet annoncé son intention de retirer 100 000 euros à sa participation financière. Un tour de table des tutelles devait se tenir le 15 décembre, mais n’a jamais eu lieu suite au désistement de la communauté de communes du Bassin de Pompey, et de la ville de Frouard.

Même si la ville maintient ses aides en nature (mise à disposition du bâtiment, prêt de personnel), l’ACVL a fait savoir que le théâtre ne pourrait pas continuer ses activités, en l’état actuel des choses, au-delà de la mi-mars environ. En effet, le théâtre ne fonctionne plus que grâce à ses quelques réserves propres, l’aide de la DRAC de 75 000 euros, perçue au titre de scène conventionnée, étant suspendue à la tenue du prochain tour de table.

Un communiqué intersyndical (signé du SYNDEAC, de Profedim, du SNSP et du Synavi) s’alarme de cette situation et appelle les partenaires publics “à la responsabilité” en vue de la réunion du 14 février. D’autres soutiens officiels se sont raliés, tel le Réseau des Compagnies de Théâtre Professionnelles des Vosges. Une pétition, qui circule actuellement en ligne, a recueilli presque 10 000 signatures. Dans les milieux de la marionnette, et au-delà, la nouvelle est accueillie avec un sentiment d’indignation, face à une menace grave infligée à un établissement culturel dont le travail exigeant ne méritait pas qu’on l’abandonne aussi brutalement.

Les résultats de la réunion du 14 février prochain seront donc attendus par de très nombreuses personnes, intéressées au sort de ce théâtre fondé en 1971.

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Mathieu Dochtermann
Passionné de spectacle vivant, sous toutes ses formes, des théâtres de marionnettes en particulier, du cirque et des arts de la rue également, et du théâtre de comédiens encore, malgré tout. Pratique le clown, un peu, le conte, encore plus, le théâtre, toujours, le rire, souvent. Critère central d'un bon spectacle: celui qui émeut, qui touche la chose sensible au fond de la poitrine. Le reste, c'est du bavardage. Facebook: https://www.facebook.com/matdochtermann

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