Politique culturelle
Quel écho sur le web de la  révolte intermittente à Avignon ?

Quel écho sur le web de la révolte intermittente à Avignon ?

27 July 2014 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Le festival d’Avignon fermera ce soir, mais depuis le 4 juillet, date à laquelle il n’a pas ouvert, la menace d’une annulation n’a cessée de planer. Comment le web a t-il relayé ces trois semaines de tumulte ?

Depuis le 4 juin, les intermittents du spectacle ont lancé un mouvement de grève contre la nouvelle convention d’assurance chômage. Cette dernière est d’ores et déjà entrée en application. Nous nous sommes donc retrouvés à Avignon face à des manifestations visant à annuler la loi.

Des actions parfois incomprises.

“Nous relaierons les décisions du Comité des intermittents d’Avignon, mais pas celles de ceux qui ne respectent pas leurs camarades et ne pensent pas au-delà de leur grande récréation irresponsable et d’une immaturité consternante.” La petite phrase de la journaliste Armelle Héliot publiée le 3 juillet sur son blog a provoqué une colère noire du côté de la Coordination des Intermittents et Précaires, qui via leur Facebook appelait à lister la journaliste, au même titre que les ministres en tant que personna non grata.

La liste noire a évidement choqué. Contre mistral et orage, Aurélie Filippetti a bravé la foudre qui s’est abattue sur le Palais des Papes en endommageant l’un de ses créneaux (véridique). La ministre est venue car personne ne peut interdire à personne d’accéder à une ville. La violence fut réelle. Dans les Inrocks , Fabienne Arvers et Patrick Sourd racontaient la scène : ““Une jeune femme s’approche vers moi pour me parler de la condition des comédiens. Je ne savais pas de qui il s’agissait, mais, il y avait des caméras et des micros autour de nous. Tout à coup, un groupe de personnes masquées nous a encerclés et c’est à ce moment-là, après un début de chahut, que j’ai compris qu’il s’agissait de la ministre au moment où rompant le face à face, son service d’ordre et des policiers en civil l’exfiltraient du Village du Off.”

Des symboles malheureux

Une supérette pillée, les noms des rues rebaptisée “rue du CDD” ou “Rue du Medef”. Des actes puérils qui ont choqué les festivaliers, très solidaires des intermittents. Ils ne comprennent pas pourquoi ils sont la cible de leurs actions. Si l’obstruction du nom des rues n’a suscité aucune réaction web, le vol a lui fait couler de l’encre. Le Huffigton post avait titré “Festival d’Avignon: des intermittents se servent dans un supermarché sans payer”, le 3 juillet.

Des actions dans les salles
“Le festival d’Avignon verra des actions”, un petit disque a souvent retenti au début des spectacles “Ce soir là, dans la cour du lycée Saint Joseph, l’habituel discours de soutien aux intermittents – ici, une courte variation autour de « Non Merci…» – a été balancée illico presto dans le brouhaha de l’installation du public, et personne ne l’a vraiment écouté” signe Fabienne Pascaud excédée dans Télérama.
Et là, force est de constater que les relais de diffusion de la lutte intermittente n’ont pas fonctionné. Rares sont les post, même sur twitter ou facebook.

Des comédiens militants

Le dernier mode d’action et aussi celui qui est totalement absent de la toile est le fait que les comédiens ont en costume, intégré à leur pièce un temps de manifestation. Il y a eu l’acte démesuré qui a vu les acteurs de Dire ce qu’on ne pense pas dans des langues qu’on ne parle pas lire un texte contre la convention de l’Unedic, visage cagoulé et armes à la main. Plus percutant, la Maria Braun de Ostermeier qui taxe les syndicats de maîtres chanteurs ou Olivier Py qui dans La jeune fille, le diable et le moulin voit la princesse se demander si les musiciens ont été payés pour jouer à son mariage.

Ainsi, la sensation est confirmée par la réalité de la toile. Elle est vide des actions qui dans le cas de Dire ce que l’on ne pense pas … a été vu par 60 personnes.

Dorénavant, les intermittents continuent leur lutte à Châlon dans la rue, mais ni la télévision, ni les festivals de musique ne sont inquiétés.

Visuel : ABN

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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