Politique culturelle
Note parlementaire sur les dépôts et réserves des musées : un coup pour rien

Note parlementaire sur les dépôts et réserves des musées : un coup pour rien

30 July 2014 | PAR Franck Jacquet

Georges Clemenceau disait que lorsqu’on doit repousser une décision, il faut créer des commissions parlementaires. Cela occupe… Nouveau cas d’école à propos de la politique de réserves et dépôts des musées français, à propos de laquelle un rapport est en cours de rédaction.

Une note d’étape

Un groupe de parlementaires a rendu en plein mois de juillet une note d’étape de la mission d’information sur la gestion des réserves et dépôts des musées. L’objectif de la mission est d’évaluer l’application des mesures sur la modernisation de la politique de conservation en France, mais aussi de proposer des pistes pour faire évoluer cette politique. Les institutions muséales françaises disposent souvent de très riches fonds dont le récolement, le recensement, la mise en valeur auprès des chercheurs et des publics sont à améliorer. Si les grandes institutions peuvent parfois mener leur propre action (Le Louvre avec l’antenne de Lens par exemple), beaucoup doit encore être fait.
Cette note d’étape doit précéder un rapport définitif en fin d‘année 2014. Mais d’ores et déjà, elle éveille les critiques. Elle est déjà précédée d’une pléthore de rapports, notes, commentaires et propositions sur le sujet depuis vingt ans. Mise à part l’évaluation de l’application de la législation des dernières années, elle semble enfermée dans la répétition de poncifs bien connus de tous.

Les antiennes de la politique des réserves et dépôts

Quels sont les points sur lesquels insiste la note ? Rien de nouveau sous le soleil. Le texte rappelle le retard de la France en matière de gestion des collections publiques et la nécessaire mise à jour de la politique. On apprend simplement que la politique de récolement des œuvres (loi du 4 janvier 2002) est mal appliquée. Vient ensuite la question des conditions de legs et de conservation, où les préconisations n’apportent rien de nouveau. Aucune réflexion aboutie ne semble poindre sur la mise à disposition des publics des réserves comme certains l’attendent pour démocratiser plus largement l’accès aux collections nationales (visite des réserves, ouverture de nouveaux lieux d’exposition, conciliation des attentes des chercheurs, des restaurateurs et des éventuels visiteurs. La question de la sécurisation semble par contre bien prise en compte, ce qui paraît logique après les vols dans plusieurs institutions françaises et internationales. La commission semble ici prendre parfaitement la mesure des dangers.

Les rapports de forces cachés

Que retenir de cette note au final si ce n’est son contenu ou même ses orientations ? Ce sont les réactions qui ont commencé à poindre dans les médias et de la part des acteurs du milieu (monde muséal et de la culture). Du côté du Ministère, aucune réaction, ou presque. Un silence radio qui témoigne bien de la faiblesse réelle d’Aurélie Filippetti déjà bien occupée avec ses services par la question des intermittents ou encore par les nominations ratées (Musée Picasso pour le dernier de la série). Surtout, les acteurs des institutions concernées reprennent leurs refrains habituels sur deux plans, la non prise en compte de deux questions majeures pour eux : la rectification de la politique de décentralisation menée depuis des décennies, mal accompagnée sur le plan organisationnel ; les limites du principe d’inaliénabilité des œuvres dans les collections nationales. La note préliminaire semble complètement oublier la première question : la création d’un Centre de conservation, de recherche et de restauration des musées de France à Cergy est balayée rapidement. Pour ce qui est de l’inaliénabilité, la question devrait être traitée si l’on en croit la note. Enfin, dernière question et pas des moindres : la question du financement dans un contexte structurel de réduction des dépenses culturelles de l’Etat. Cette question reste le nerf de la guerre, l’Etat invoquant une nécessaire maîtrise – rationalisation et les directeurs d’institutions criant aux coupes budgétaires insoutenables. Et sur ce point, le rapport définitif ne pourra ici jamais donner de solution réelle…

Louvre Museum Wikimedia CommonsCC BY-SA 3.0
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Franck Jacquet
Diplômé de Sciences Po et de l'ESCP - Enseigne en classes préparatoires publiques et privées et en école de commerce - Chercheur en théorie politique et en histoire, esthétique, notamment sur les nationalismes - Publie dans des revues scientifiques ou grand public (On the Field...), rédactions en ligne (Le nouveau cénacle...) - Se demande ce qu'il y après la Recherche (du temps perdu...)

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