Politique culturelle
“Much Loved” : le film de Nabil Ayouch est interdit au Maroc

“Much Loved” : le film de Nabil Ayouch est interdit au Maroc

01 June 2015 | PAR Flora Vandenesch

Dans un communiqué du lundi 25 mai, le Ministère de la Communication marocain a annoncé que Much Loved ne serait pas autorisé au Maroc, car il comporte un “outrage grave aux valeurs morales et à la femme marocaine et une atteinte flagrante à l’image du royaume”. Présenté lors de la Quinzaine des réalisateurs au dernier Festival de Cannes, le long-métrage dévoile le quotidien de trois prostituées dans le monde de la nuit à Marrakech.

“C’est suite aux conclusions d’une équipe du Centre cinématographique marocain qui a regardé le film lors de sa projection dans le cadre d’un festival international” que les autorités marocaines ont “décidé ne pas autoriser sa projection au Maroc”. Le gouvernement, emmené par les islamistes du parti Justice et développement (PJD), justifie sa censure en s’appuyant sur l’ appréciation des membres du Centre du cinéma marocain, présents à Cannes. La film n’est pas encore sorti en salles mais la diffusion d’extraits, ces derniers jours, a entraîné de vives réactions à l’encontre de Nabil Ayouch et de son actrice principale, Loubna Abidar. Des messages de haine ont inondé les réseaux sociaux, provenant, entre autres, des milieux conservateurs marocains.

Comme chaque année, la sélection de la quinzaine des réalisateurs s’est révélée politique et atypique, ainsi que le suggère le pitch de Much Loved par Nabil Ayouch : « le portrait de trois prostituées dans le monde de la nuit à Marrakech”. Véritable plongée dans l’univers de courtisanes qui vivent sous le même toit, le film pénètre dans l’intimité de leur quotidien, des petits matins aux soirées sordides. Le réalisateur marocain a déclaré au quotidien Le Monde : “La prostitution est autour de nous et au lieu de refuser de la voir, il faut essayer de comprendre comment des femmes qui ont eu un parcours difficile ont pu en arriver là”, en précisant que “la majorité des journaux marocains soutiennent le film”.

Nabil Ayouch affirme son engagement : “les opposants se focalisent sur quelques extraits, et occultent la dimension artistique du film. Much Loved, c’est un an et demi de travail, toute une enquête sur le terrain. Je m’attendais à de telles réactions enflammées, aussi violentes. Mais un débat sociétal sur un sujet aussi présent ne peut être que positif.” Le cinéaste a notamment réalisé Les chevaux de Dieu en 2012, retraçant le parcours des douze kamikazes qui ont perpétué les attentats de Casablanca en 16 mai 2003.

Visuel : CC

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Flora Vandenesch

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