Politique culturelle
L’Ecole du Nord: (re)apprendre à jouer

L’Ecole du Nord: (re)apprendre à jouer

12 June 2015 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Depuis son arrivée à la tête du Théâtre du Nord, Christophe Rauck bouge les lignes. Le metteur en scène qui auparavant dirigeait le Théâtre Gérard Philipe est aussi un directeur d’école. La seule au nord de Paris. Rencontre.

 

Se bagarrer

L’actualité résonne quand on parle du Théâtre du Nord pris dans des difficultés relationnelles avec la Municipalité qui souhaite fermer les précieux ateliers de construction de décors qui se trouvent à Tourcoing. Car pour comprendre l’identité de ce théâtre il faut sortir de la Grand Place où il siège et où tout se passe. Le perron du théâtre est le lieu de sociabilité du village aurait écrit Maurice Agulhon. Pour Christophe Rauck « Au Théâtre du Nord, tout ne va pas si bien. On le voit comme une institution posée sur la Grand Place. Quand on compare les premières saisons de Stuart Seide avec les dernières, on voit un appauvrissement où l’international a disparu. Et pour l’école c’était pareil, elle s’était appauvrie. D’où notre demande de dispositif d’insertion. Sans ce dispositif, l’école ferme. On a des petites salles, la billetterie (le tarif moyen est de 12€) ne suffit pas. Tout cela est inconnu du public. Qui sait qu’en France 33 lieux sont des CDN dirigés par des artistes ? C’est un cas unique. Quand Marthaler a dépensé trop d’argent à Zurich il s’est fait viré. Ce que l’on voit n’est pas la réalité de se qu’on croit.”
Ce dispositif d’insertion est la clé de survie de l’école : « On vient de se bagarrer pour avoir le dispositif d’insertion qui va les accompagner sur trois ans avec la région et la DRAC, on essaie de faire rentrer le Conseil Général. Le Théâtre du Nord était le seul qui n’avait pas ce dispositif, cela stigmatisait les élèves. C’est important car les élèves choisissent une école qui a ce dispositif.
La force d’une école ce sont ses élèves. L’école doit être attirante. Elle l’est, notamment grâce à son nouveau projet qui amène une formation pour les auteurs. Et Lille c’est un centre à une heure de Paris, c’est l’ouverture sur la Belgique et l’Angleterre, c’est toute la communication autour des événements culturels. Il y a aussi chez les élèves cette question du dispositif d’insertion. On a doublé comme cela le nombre de candidats au cursus d’acteur et on a reçu plus de 40 demandes pour les auteurs. ».

Former

Pour le metteur en scène, « une école  rattachée à un Centre Dramatique National, cela devrait être la normalité. La saison, le partenariat avec les artistes associés, tout est en lien avec l ‘école. Et le CDN est nourri par l’école. L’école dynamise le CDN, elle amène une autre façon de penser le théâtre. C’est un vrai lieu de ressource pour les élèves ».
Ici, les étudiants sont sérieusement capés, tous sont issus des plus beaux conservatoires de régions et viennent ici « se trouver ». La force du projet de Christophe Rauck pour l’école du Nord est de donner une place aux auteurs. Nous ne sommes pas dans un travail sur le collectif, même si le travail de sortie est Mathias et La Révolution, un texte de Leslie Kaplan mis en scène par le Théâtre des Lucioles. Non, l’idée est de former des comédiens et des auteurs : « Au final on a un groupe de 16, 7 filles et 7 garçons pour les comédiens et deux auteurs. Mais on pourrait ouvrir une nouvelle promotion tous les ans ». En jouant ce spectacle les artistes nouvellement formés se confrontent à la réalité de la politique culturelle : « Ce spectacle est aussi une production, on essaie de le faire tourner. Cela est compliqué en fin de saison . Ce n’est pas lui qui ira à Paris car il est trop lourd à déplacer. On amènera Punk Rock qui a été travaillé avec Cyril Teste pendant six semaines ».

En trois ans, Christophe Rauck a amené Jeanne Bonenfant, Ulysse Bosshard, Clément De Preiter Baise, Baptiste Dezerces, Hugues Duchêne, Suzanne Gellée, Victor Guillemot, Lola Haurillon, Jeanne Lazar, Zoé Poutrel, Lou Valentini, Arnaud Vrech, Haini Wang, Johann Weber à passer du petit ventre qu’est leur école, au grand ventre qui sera du 16 au 20 juin et en guise de spectacle de sortie de la promotion 4 de l’Ecole du Nord, Mathias et la Révolution de Leslie Kaplan, mis en scène par Élise Vigier et Frédérique Loliée, dans la Grande Salle du Théâtre du Nord. Les parisiens retrouveront ces jeunes gens à suivre de prés lors du Festival des écoles du Théâtre Public pour Punk Rock de Cyril Teste du 25 au 28 juin au Théâtre de l’Aquarium ( Cartoucherie)

Visuel : ©Simon Gosselin  Punk Rock et Mathias et la Révolution ( répétition)

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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