Politique culturelle
Le financement des festivals : “une question sensible”

Le financement des festivals : “une question sensible”

16 June 2012 | PAR Ariane Kupferman Sutthavong

Avec l’été, s’ouvre la saison des festivals : de plus en plus nombreux chaque année (on en compte désormais plus de 1500), ils semblent être la part émergée d’une industrie musicale en difficulté financière. Mais comment y parviennent-ils? Car sex, drugs et rock n’roll ne fonctionneraient pas sans un peu de money…

Une question sensible (…) sur laquelle on communique peu”, nous a-t-on dit. Pourtant, derrière cette relative opacité, on s’imagine bien que les formes de financement sont diverses, comme nous l’expliquent les festivals. Du côté du théâtre, Villeneuve en Scène puise ses fonds dans les subventions publiques. “A quatre niveaux différents”: “la ville de Villeneuve-lez-Avignons en premier lieu, puis le département du Gard, la région Languedoc-Roussillon et enfin, les subventions de l’Etat.”. Ce qui paraît être le cas normal rencontre également d’autres formes de financements plus atypiques, comme celui du festival de musique classique, Un Violon Sur Le Sable dont le fondateur, Philippe Tranchet, a accepté de répondre à nos interrogations. “Notre fonctionnement est un peu inhabituel car Un Violon Sur Le Sable est produit par la société privée Production 114, mais 40% du budget est également assuré par les collectivités (la ville et le département) dans le cadre d’un marché public”. Philippe Tranchet ajoute également que ce marché n’est pas sans risques : s’il venait à ne pas être respecté – pour des raisons de mauvaise météo par exemple – les subventions n’iraient pas au festival. Une semaine de manifestation culturelle, c’est donc avant tout un pari.

Et du côté des financements privés? “Ils sont aussi de l’ordre de 40%”, continue le fondateur d’Un Violon Sur Le Sable, “grâce à nos partenaires dont les principaux restent Baume et Mercier, Hennessy-LVMH, Little Marcel ou encore la Caisse d’Epargne.” Il dit également assumer “le reste du financement par le biais de la billetterie ou encore du merchandising”. Il en est de même du côté du festival Jazz Sous Les Pommiers, autofinancé à hauteur de 51% selon son directeur Denis Lebas. Cela est particulièrement utile à savoir, lorsqu’on apprend que certains festivals prennent complètement en charge l’accueil des artistes (restauration, hébergement…) et ne se contentent pas de leur donner une scène.

Concernant la part de la billetterie dans le budget d’un festival, celle-ci représente près de 40% de celui de Villeneuve en Scène, avec 78% de cette somme reversée aux compagnies de théâtre. Un Violon Sur Le Sable, lui, se pose à nouveau en manifestation atypique puisque proposant, à la fois, des concerts gratuits sur la plage – “donnant accès à des partenaires puisqu’exposés au plus grand nombre” – et des tribunes payantes, complètes chaque soir. Philippe Tranchet y voit “une preuve que le public est très prêt à payer pour nos concerts puisqu’ils pourraient s’en dispenser”. Il note également que “les personnes achetant une place paient non pas l’emplacement – les tribunes sont situées loin de la scène – mais le fait d’avoir une place réservée et donc de ne pas être obligé d’arriver plusieurs heures avant le début du concert comme les spectateurs en zone gratuite”.

Un festival, c’est non seulement une scène, des musiciens, des acteurs ou des danseurs, mais aussi tout ce qu’il y a autour, de la restauration au bar… Dans le cas de Villeneuve En Scène, “la buvette est tenue par des associations locales qui en gardent tous les bénéfices”, ceux-ci leur serviront à mettre en place d’autres activités artistiques au sein de la ville. Un Violon Sur Le Sable fonctionne de manière similaire, les recettes “légères” liées à l’hébergement ou la restauration profitant uniquement à la collectivité locale donc à la ville de Royan, exception faire des articles spécifiques au festival : textiles, programmes, etc.

Enfin, l’organisation d’un festival est-elle, au final, rentable? Et si oui, est-ce cela qui compte, ou davantage la création artistique? Dans le cas de Villeneuve en Scèneil s’agit davantage d’argent public sans notion réelle de rentabilité,  au service des missions d’éducation et d’ouverture au plus grand nombre de spectacles à caractère culturel, avec une attention particulière portée sur le soutien aux nouvelles créations” Philippe Tranchet, au contraire, conclut “qu’étant une société privée, Un Violon sur le Sable est condamné à équilibrer son budget ou à disparaître.”…

Les coulisses d’un festival sont moins dansantes qu’elles n’y paraissent, mais avec les programmations pointues de cette année, on peut s’attendre à vivre une belle saison, qu’elle soit musicale, théâtrale voire littéraire…

 

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