Politique culturelle
La Philharmonie de Paris, un projet qui manque de rythme

La Philharmonie de Paris, un projet qui manque de rythme

09 September 2014 | PAR Fanny Bernardon

C’est dans le Parc de la Villette (XIXème arrondissement), que les parisiens ont progressivement vu s’élever les murs de la Philharmonie. Censée devenir une institution incontournable de la musique symphonique, les violons n’y résonnent pourtant pas encore. En effet, la Ville de Paris en la personne de Anne Hidalgo ne veut pas assumer le surcoût annoncé sur le budget initialement prévu. 

Cette histoire commence d’abord et avant tout avec la Cité de la Musique qui est le pôle musical parisien majeur du Parc de la Villette. A la programmation généreuse et variée, avec plus de 250 concerts par an, des rétrospectives inoubliables qui ont rassemblé des visiteurs du monde entier (Bob Dylan, l’explosion ou encore Django Reinhardt) , La Cité de la Musique, sous la tutelle du Ministère de la Culture, active depuis bientôt vingt ans, risque de se faire avaler par l’imposante Philharmonie. En effet, c’est à la “petite” nouvelle que reviendrait la gestion des événements artistiques du Pôle Villette.

Le projet de la Philharmonie est musicalement très ambitieux et promet une programmation hétéroclite ; néanmoins, artistes, musiciens, parisiens et mélomanes de toute confession musicale sont en droit de se demander quelle place occupera désormais la Cité de la Musique dans ce prodigieux bouleversement.

En attendant d’en savoir plus, retour sur ce lieu potentiellement mythique qui devrait ouvrir ses portes en janvier 2015, la Philharmonie.

Jean Nouvel à qui a été confié le dessin de ce futur bijou d’architecture regrette ces délais et ces obstacles, il déclare à Vanity Fair : “Les architectes ont perdu le pouvoir dans ce pays depuis trente ans.”

Pour commencer, il nous faut parler d’argent car, bien entendu, un projet de cette ampleur exige des capitaux. C’est donc l’Etat, la Ville de Paris et la région Ile-de-France qui se partagent ces financements colossaux. L’Etat et la Ville, engagés à parité égale, soutiennent chacun 45% de cette entreprise, là où l’Ile-de-France participe à hauteur de 10%. Jusque là, de quoi satisfaire chacun des signataires.

Au début des années 2000, l’aventure Philharmonie a un coût estimé à environ 120 millions. Rapidement les prix grimpent et en 2013, le budget total est estimé à 380 millions d’euros. Rien ni personne n’échappe à une crise économique ravageuse.

Actuellement, la situation est sclérosée : les différents partenaires refusent de bouger et de rajouter un euro supplémentaire à l’enveloppe votée au départ ; le blocus est total. Anne Hidalgo, qui a succédé à Bertrand Delanoe à la Mairie de Paris en mars 2014, ne veut pas s’engager plus avant dans ce projet ni voir augmenter le budget de la ville au fonctionnement de la future salle de concert. Lorsqu’elle était encore en charge du portefeuille ministériel de la Culture, Aurélie Filippetti a rappelé Madame le Maire à ses obligations. Refusant d’engager Paris dans plus de dépenses, Anne Hidalgo n’en démord pas.

Si les moyens sont jugés insuffisants par Jean Nouvel pour terminer les travaux, la programmation musicale et les commissaires d’expositions eux ne souffrent pas d’un manque d’idées. En effet, pour son ouverture, la Philharmonie accueille l’exposition “David Bowie is …” , déjà marquée d’un succès retentissant, notamment à Londres, au Victoria & Albert Museum où elle étonne et passionne en 2013. Pour en savoir un peu plus sur les rendez-vous philharmoniques, c’est ici.

Jean Nouvel, choisi une nouvelle fois pour marquer l’histoire de Paris, assure que la forme qu’il a imaginé s’intégrera parfaitement au Parc de la Villette. Bien qu’on l’accuse parfois de gourmandise en termes d’honoraires, l’architecte répond que ses demandes sont nécessaires au bien et au beau de son bébé. Craignant notamment une rouille à venir sur les murs du Philharmonie, Nouvel demande un acier inoxydable qui rendra les reflets du ciel éternels.

En somme, la lutte entre les partenaires de ce projet et celui qui lui appose sa signature n’est pas terminée. Quoi qu’il en soit le Parc de la Villette a propension à devenir un centre musical majeur et attractif qui engage désormais de nombreuses promesses qui attendent d’être tenues.

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Fanny Bernardon

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