Politique culturelle
[Interview] L’Association des artistes bruiteurs en grève ce jeudi

[Interview] L’Association des artistes bruiteurs en grève ce jeudi

21 March 2017 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Franck Tassel est bruiteur. Il travaille avec Pascal Chauvin, président de l’ Association des artistes bruiteurs, lui est trésorier. L’ADAB en compagnie de l’ADM (Association des mixeurs, à l’origine du mouvement), AFSI ((Association Française du Son à l’Image) et la LMA (Les monteurs sons associés). Il a accepté de répondre à nos questions concernant un important mouvement de grève qui aura lieu jeudi 23 mars.

Que va-t-il se passer jeudi ?
Jeudi matin nous serons en grève. Nous allons nous rassembler, à 9H30 à la 9H30 au Commission Mixte Paritaire ensuite en fin de matinée nous irons devant le CNC. Nous sommes intermittents du spectacle, le statut est précaire. Faire grève c’est exceptionnel. Un rassemblement de cet ordre-là ne s’est jamais produit

Avant de parler de vos revendications je voudrai comprendre votre métier ?
Nous sommes une trentaine à travailler pour l’ensemble de la production audiovisuelle et cinématographique. Pour les longs métrages nous sommes une dizaine. Le bruitage en cinéma c’est le fait de re-fabriquer tous les sons d’un film. Tout ce qui entoure le comédien. Cela sert la version originale pour renforcer certains sons, pour donner de l’intention selon les désirs du réalisateur. Le bruitage c’est l’avant dernier poste à travailler sur le film. Par exemple si on tourne une scène se passant au Moyen Age et qu’un avion passe, là le son va être totalement refait, avec les comédiens. Et cela sert pour la Version Internationale : quand on vend un film la VI a été faite, comme ça il ne reste plus qu’à faire le doublage
Il ne faut pas confondre le bruitage avec le montage son. Tout ce qui ambiance c’est du montage son, tout ce qui est précis c’est du bruitage. Le bon bruitage c’est celui qui ne s’entend pas. C’est pour ça que nous sommes méconnus. Il faut savoir que nous sommes synchrones au 24e de seconde, on est en live.

Pourquoi vous êtes-vous en grève ?
C’est un métier artistique, considéré comme tel depuis le début. En 2003 on a été basculé comme technicien sans changement dans les faits, mais en 2013 il y a eu une convention du cinéma où nous sommes apparus avec une baisse de salaire de 70 pour cent.
Aujourd’hui nous voulons retrouver notre statut d’artiste. L’Union des Producteurs de Cinéma nous fait traîner. Pour nous bruiteurs, ce changement de statut est une priorité.
Le deuxième sujet et que depuis quelques années il y a de plus en plus de post production son : (montage, mixage et bruitage) qui se passe en Belgique. Ce pays favorise le cinéma, encore plus qu’en France, un producteur trouve financièrement son compte en exilant une partie de son film. La conséquence est directe. Depuis trois ans j’ai une baisse de mon activité de l’ordre de 50 %.
Pour relocaliser nos emplois il faut utiliser le quota du CNC. Nous représentons 0 point. Nous travaillons 10 jours sur un film en moyenne, notre masse salariales est infime comparé aux effets spéciaux. Il faut 75% de la masse salariale française pour avoir 100% des points, et ces points restant c’est nous
On demande au CNC de nous attribuer des points pour que l’on puisse compter. Actuellement, le producteur décide de l’équipe parce que cela coûte moins cher. Jusqu’à présent c’était le réalisateur qui décidait, ce n’est plus le cas.
Le rassemblement de jeudi est donc double. A 9H30 nous à la Commission Mixte Paritaire pour redevenir artistes et à 11H30 nous irons devant le CNC pour récupérer des points.

Visuel : Facebook Association des Artistes Bruiteurs 

[Critique] “Fixeur”, Adrian Sitaru aux confins de la vérité et de la déontologie
PARTICIPEZ À LA RÉNOVATION DE LA MAISON DE VICTOR HUGO À GUERNESEY
Avatar photo
Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration