Politique culturelle
« Golgota Picnic » enfin lavé des accusations de « christianophobie »

« Golgota Picnic » enfin lavé des accusations de « christianophobie »

15 December 2015 | PAR Amelie Blaustein Niddam

« J’ai honte de présenter une œuvre d’art protégée par des mesures de sécurité ». Nous étions en 2011. Des chrétiens radicaux aux accents terroristes ciblaient les lieux culturels. Castellucci en avait fait les frais quelques mois plus tôt. Le Piss Christ de Serano avait été saccagé et, au Théâtre du Rond Point Rodrigo Garcia mettait en scène Golgota Picnic, un spectacle inégal sur le dieu consommation. Quatre ans après, les procès sont arrivés à leurs terme et la bonne nouvelle est tombée : “”ils ( les propos) ne sauraient pour autant être considérés comme incitant au rejet ou à la haine des chrétiens”.

L’Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l’identité française et chrétienne (Agrif), une association d’extrême droite a porté plainte contre le metteur en scène arguant que Golgota Picnic représentait “l’iconographie chrétienne comme une image de la terreur et de la barbarie, qui serait le support pour apprendre aux enfants à faire le mal.”

En octobre, lors du procès, Jean-Michel Ribes, le directeur du Rond Point avait déclaré à l’AFP que cette pièce était “plutôt un hommage à une religion d’amour et de paix”. Il avait raison. Il suffisait d’avoir vu ce Picnic pour le croire. Garcia y faisait parler le Christ sur la croix pour clore son spectacle, dans une fin qui durait près d’une heure. L’image était saisissante, superbe et gommait une première partie qui enfonçait des portes déjà tant de fois ouvertes. Il y avait du génie et de la radicalité. Faire entendre les paroles du Christ sur la croix, dans un théâtre, elle était peut-être là, la vraie subversion.

L’association d’extrême droite a perdu jeudi dernier son procés. La justice a donc considéré que ce spectacle n’appellait pas à la haine. Dans le procès, la maison d’édition Les Solitaires Intempestifs était également visée, c’est donc une belle double relaxe qui a eu lieu.

Visuel : ©David Ruano

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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