Politique culturelle
Finlande : des femmes clowns défendent les migrants

Finlande : des femmes clowns défendent les migrants

17 February 2016 | PAR Marie Boëda

Depuis janvier 2016, une armée de nez rouges et de jouets a envahi les rues de Tampere, deuxième ville du pays en réponse aux rondes d’un groupe d’extrême droite anti-migrants. 

L’afflux de migrants et la crise économique que subissent les pays d’Europe entrainent une montée déconcertante des partis aux idées extrêmes. Alors que la Hongrie se renferme, que la Pologne est médiatisée sur des affaires de privation de liberté et que la Suède s’inquiète du bond de l’extrême droite dans les sondages, en Finlande, (4ème terre d’accueil des réfugiés en Europe) un groupe de citoyens d’extrême droite bat le pavé, ils se font appeler les “Soldats d’Odin”.

Quoi d’autre que l’humour pour rappeler à l’ordre ces “protecteurs” qui ont repris à leur compte le Dieu Odin, un des principaux dieux de la mythologie nordique et qui réclament une chose depuis octobre : empêcher l’arrivée des migrants. Face à eux, à Tamperre, quelques femmes et hommes se sont déguisés en clowns goguenards et sautillent dans la neige encerclant la milice toute de noir vêtue. Les images sont parfois les meilleures messages pour dénoncer et faire comprendre que les derniers événements navrants et répugnants à Cologne n’insinuent pas que tous les migrants soient des prédateurs sexuels… A Kemi, où l’on rencontre ces patrouilles anti-migrants, une thésarde en économie rappelle : «Il y a eu cinq viols à Kemi et deux à Tornio en 2015, contre sept et neuf en 2014.». On essaie de trouver des réponses là où il n’y en a pas.

Car les migrants, selon “les soldats d’Odin”, sont avant tout vecteurs d’une hausse de la délinquance. Ainsi, ils bloquent le passage des réfugiés à la frontière avec la Suède. Non armés, ils se veulent être “les yeux et les oreilles de la police”. Mais la police émet quelques craintes au sujet de liens néonazis.

Depuis janvier, en réponse à ces milices d’autodéfense peu accueillantes, des citoyens tournent en dérision leur ronde. Principalement composé de femmes, ce groupe dénonce avec légèreté les amalgames dont se servent certains groupuscules. Humour comme bouclier à la peur qui pousse à des paroles violentes et étroites. Humour aussi comme remède, car lorsqu’on y est réceptif, il nous rappelle à notre lucidité. Peut-on espérer voir émerger des initiatives pacifistes comme celles-ci dans toute l’Europe ?

(c) capture d’écran clique.tv

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Marie Boëda

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