Politique culturelle
Deuxième tour : résistons à la tentation de l’abstention contre Le Pen ! Tribune illustrée en caricatures et dessins

Deuxième tour : résistons à la tentation de l’abstention contre Le Pen ! Tribune illustrée en caricatures et dessins

03 May 2017 | PAR Gilles Herail

Le 7 mai, les français seront obligés de choisir entre Marine Lepen et Emmanuel Macron au second tour de l’élection présidentielle. Une troisième voie (l’abstention et le vote blanc) a le vent en poupe depuis deux semaines. Toutelaculture se propose de participer à la réflexion de ceux qui hésitent encore dans une tribune illustrée par quelques caricatures de dessinateurs de presse.

rodhoLe premier tour de l’élection présidentielle 2017 a confirmé la refonte profonde du jeu politique française, en éliminant les deux partis habituels et en permettant à Marine le Pen de se qualifier (sur le fil). Les consignes de vote des candidats battus, ni souhaitées, ni respectées, ne sont pas au cœur de l’enjeu du second tour. Mais la tentation de l’abstention n’a jamais été aussi forte, loin de la quasi unanimité de 2002 qui avait permis d’infliger une défaite cinglante au FN (dessin de Rodho). La déception des électeurs de Mélenchon (mais aussi d’Hamon!) est palpable alors qu’une gauche de transformation sociale et écologique n’a jamais été aussi près  d’accéder au pouvoir. Le score de Lepen (que l’on attendait plus haut) apparaît comme une quasi déception, n’effraie plus tant que ça. Et le bulletin Macron pose un vrai cas de conscience, aux opposants de la loi Travail et aux défenseurs d’un contre-modèle plus redistributif.

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Le questionnement est légitime, l’interrogation compréhensible, le doute en rien condamnable. Les électorats d’Hamon et Mélenchon se sont d’ailleurs sentis, à raison, victimes d’une véritable injustice. Se voir attribuer la responsabilité du score du FN, par leur hésitation, alors qu’ils n’ont cessé de faire campagne contre ses thèses xénophobes et qu’ils ont réussi à reprendre du terrain chez les classes populaires. Se sentir acculés, dans une forme de chantage, à précipiter leur choix, qui allait peut-être prendre plus de temps qu’en 2002. Alors que les principales réserves de voix du Front National ne sont bien évidemment pas à gauche mais à droite (les sondages montrent qu’environ 30% des sympathisants de Fillon comptent voter Lepen et une proportion similaire s’abstenir). Et que certains ténors qui appellent la main sur le cœur à “faire barrage” ont passé leur temps à ne parler que d’insécurité, que d’Islam, que d’immigrés assistés.

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L’abstention, qui n’était qu’une hypothèse, est alors devenue pour certains une certitude, en réaction, en opposition à cette stigmatisation contre-productive qui n’a pas permis de réfléchir tranquillement, sereinement, après avoir digéré la défaite. La gauche s’engueule depuis plus d’une semaine (Dubuisson) entre les partisans du vote blanc, de l’abstention, du vote Macron, en se traitant mutuellement de noms d’oiseaux, parfois violents, renforçant chacun dans des postures caricaturales (Vidberg) qui oublient malheureusement le véritable enjeu de cette élection.

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Les “stratégies” électorales farfelues sont alors apparues. Faire diminuer le score de Macron pour éviter de renforcer sa légitimité et permettre à la gauche de remporter les législatives (Pessin). Ne pas soutenir Macron contre le FN car sa politique renforcera le FN à moyen-terme et permettra à Lepen d’être élue plus tard (où est la logique? Gorce et Soulcie). Ou renvoyer dos-à-dos Macron et Lepen, sans hiérarchiser (Nawak) l’opposition à des orientations économiques et sociales de celle liées aux valeurs fondamentales (la xénophobie d’Etat).

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On vous propose une autre option, peut-être moins stimulante intellectuellement, moins “stratège”, moins réfléchie, plus instinctive. Un bon vieux vote anti-FN, pour que Mme Lepen ait le score le plus bas possible, que son parti se divise entre intégristes réacs et souverainistes, que l’on arrête d’en parler, un moment, pour passer à autre chose, quelque temps. C’est ce que nous dit Charlie Hebdo (que l’on aura du mal à taxer de Macronisme et de bien-pensance !), en invitant les électeurs (avec ses mots fleuris) à “une bonne branlée, qu’on en finisse”.

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C’est ce que nous rappelle Nawak qui nous invite à un joyeux recyclage de la Duchesse de Montretout, son parti cerné par les affaires judiciaires, ses contradictions idéologiques, son opportunisme et ses effrayants militants “old-school” qui vénèrent encore Jean-Marie. Remettons à lundi prochain le débat légitime sur la politique à mener pendant les 5 prochaines années. Ça sera l’occasion des législatives, plus ouvertes que jamais, où les oppositions politiques programme contre programme reprendront toute leur place !

Personne n’analysera sérieusement le score de Macron dimanche comme une victoire personnelle. Tout le monde sait également très bien que la gauche n’aura apporté que très peu de voix au FN (contrairement à la droite). Mais le vote de dimanche est une formidable occasion de rappeler à Mme Lepen que son projet reste très largement minoritaire et d’assurer ceux qu’elle cible et harcèle quotidiennement de notre soutien et de notre solidarité. Et tout ça vaut bien un vote Macron.

Gilles Hérail

[INTERVIEW] Luca di Fulvio, un enfant devenu écrivain de talent
“1988 Le débat Mitterrand Chirac” au théâtre de l’atelier, jubilatoire.
Gilles Herail

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