Politique culturelle
De droite à gauche, le parcours atypique du premier Président socialiste de la République

De droite à gauche, le parcours atypique du premier Président socialiste de la République

09 May 2011 | PAR La Rédaction

Bourgeois, fonctionnaire de Vichy puis résistant, ministre et député, François Mitterrand est sans aucun doute un socialiste atypique dans l’histoire de ce mouvement. Pourtant, il fut le premier Président de la République socialiste, le Président dont la longévité reste à nos jours inégalée.

Originaire d’une famille bourgeoise de Charente, militant des jeunesses étudiantes catholiques (JEC), le jeune Mitterrand, diplômé de droit et de l’Ecole Libre des Sciences politiques, gravite dans les cercles de la droite extrême française des années 1930, au sein notamment des Volontaires nationaux du Colonel de la Rocque. Critique littéraire et activiste politique, auteur de quelques articles controversés, il ne suit pas le parcours habituel du militant socialiste, qui commence dans les Jeunesses socialistes pour poursuivre au sein des instances dirigeantes du parti, puis à la députation.

Après de brefs combats sur la ligne Maginot en 1940, qui lui valent une blessure, Mitterrand connaît le sort de nombreux Français de la débâcle : la captivité en Allemagne. Evadé, il rejoint le gouvernement de Vichy en tant que contractuel. Dès 1942-3 cependant, il fait le choix de la résistance, en noyautant l’administration d’aide aux prisonniers de guerre puis en cofondant un réseau de résistance : le Rassemblement national des Prisonniers de Guerre, qui fournit des faux-papiers aux résistants, puis des renseignements à la France libre. Il est néanmoins décoré de la francisque en remerciement de ses services, alors même qu’il transmet des informations à la Résistance. C’est en 1943 qu’il est contraint de passer dans la clandestinité. A partir de février 1944, il dirige le Mouvement National des Prisonniers de Guerre et Déportés, unifiant tous les réseaux de prisonniers de guerre.

En 1946, François Mitterrand adhère à l’Union Démocratique Socialiste de la Résistance (UDSR), qu’il présidera par la suite (1953-1965), un parti politique de centre gauche qui entend préserver l’héritage de la résistance. Parachuté dans la Nièvre, il emporte en 1946 un siège de député sur un programme anticommuniste, et très éloigné des grands thèmes socialistes. Sa carrière politique débute véritablement avec sa nomination, à 31 ans, en 1947, au portefeuille des Anciens Combattants dans le gouvernement Paul Ramadier (SFIO), nomination suivie de plusieurs autres portefeuilles ministériels sous la IVème République. En 1952, il élabore, comme ministre d’Etat, le plan d’autonomie tunisien, mais il s’oppose résolument, en tant que ministre de l’Intérieur en 1954 à l’indépendance algérienne. Il est garde des sceaux de la République pendant même la bataille d’Alger, sanglante bataille où l’armée française use de la torture.

 

Avec Pierre Mendes-France

En juin 1958, il refuse de voter la confiance à Charles de Gaulle de retour au pouvoir, et il est battu aux élections législatives de la même année, siège qu’il ne retrouve qu’en 1962. Résolument opposé à la Cinquième République, il appelle à voter contre au référendum de réforme du mode d’élection du Président de la République et publie le Coup d’Etat permanent (Plon, 1964). Lors de la Première élection présidentielle en 1965, il est le candidat unique de la gauche, mais pour la Convention des Institutions Républicaines, petite formation de gauche issue de clubs politiques, et non pour le parti socialiste. Rassemblant 31% des suffrages, il commence son ascension à la tête de la gauche française. Il prend alors la tête de la Fédération de la Gauche Démocrate et Socialiste (FGDS), qui rassemble divers partis de la gauche non-communiste, dont le parti socialiste SFIO.

En 1971, la Convention des Institutions Républicaines de François Mitterrand se dissout dans le parti socialiste (refondé en 1969). En 1971, lors du Congrès d’Epinay, Mitterrand est élu premier secrétaire du Parti socialiste. Candidat unique de la gauche en 1974, à la mort de Georges Pompidou, il est battu par le centriste Valéry Giscard d’Estaing mais obtient 49% des voix au second tour. A l’issue d’une bataille contre Michel Rocard, il est finalement investi comme candidat du parti socialiste pour les élections de 1981. Au soir du 10 mai 1981, François Mitterrand est élu avec 51,76% des voix, devenant ainsi le premier Président socialiste de la République.

De la droite extrême pendant l’Entre-deux-guerres jusqu’à la tête du parti socialiste emportée en 1971 et la présidence de la République en 1981, de la résistance jusqu’au soutien pour l’Algérie française, le parcours de François Mitterrand continue de susciter controverses et débats.

 

Aude Chamouard

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